Coralie Fournier-Moris est une photographe-plasticienne. Diplômée et enseignante en arts plastiques, elle expose pour la première fois en 2008 dans sa région, la Loire-Atlantique. Elle se fait repérer en 2010 pour sa série « La Danse Macabre », qui lui vaut d'être élue coup de cœur par la rédaction SFR Jeunes Talents. Discrète, elle a auto-produit sa propre monographie appelée Autodafé, la première de sa jeune carrière, disponible à la galerie Confluence à Nantes depuis septembre 2012.
L'autodafé, c'est historiquement la cérémonie de pénitence publique célébrée lors de l'Inquisition espagnole et portugaise. Aujourd'hui, le terme n'est pas beaucoup plus joyeux puisqu'il désigne l’exécution par le feu d'hérétiques, ou d'ouvrages réalisés par ces derniers. Espérons que ce petit ouvrage de Coralie Fournier-Moris ne subira pas un tel sort.
Caprice 3 © Coralie Fournier-Moris.
Une des caractéristiques remarquables du livre, c'est le choix de Coralie Fournier-Moris du noir et blanc. La couverture elle-même est grise, aucune couleur ne ressort d'Autodafé. Cela corrobore la visée de l'ouvrage, qui est une sorte de « bal des fantômes », où la photographe veut estomper les frontières entre vie et mort, entre espoir et désenchantement.
Chimères 1 © Coralie Fournier-Moris.
Ce but tente d'être atteint par Coralie Fournier-Moris grâce à une mise en scène d'elle même. Elle souhaite sublimer les corps de manière poétique, et trouve que passer par la mise en avant de son propre corps est le meilleur moyen pour cela. Pourtant, « l'artiste va plus loin et puise dans les échanges, les rencontres, les discussions comme un véritable hymne à l'autre » : elle espère que chacun pourra se reconnaître dans son corps ainsi mis en lumière.
Caprice 7 © Coralie Fournier-Moris.
Cependant, le spectateur a du mal à entrer dans son univers.
Tout d'abord, parce que le découpage de l'ouvrage n'est pas des plus précis : deux grandes parties dans Autodafé, « Chimères » puis « Caprices », mais sans que le public ne puisse réellement percevoir la différence entre les deux, ni même la cohérence de l'ouvrage.
De plus, Coralier Fournier-Moris a recours à des poèmes ou des courtes citations pour expliciter ses photographies. Malheureusement, ses textes sont tout aussi opaques que ses clichés pour le lecteur.
Caprice 1 © Coralie Fournier-Moris.
Là est sans doute un des effets pervers de la visée de la photographe, qui semble vouloir rester dans le suggéré, et non dans l'explicite. Pour preuve, les personnages sont floutés, les contours sont estompés, comme s'il s'agissait d'un ange, d'un être plus tout à fait en vie, mais pas encore mort.
Feuilleter en tournant rapidement les pages met les photographies en mouvement, comme si elles tentaient de s'échapper de l'espace trop confiné de l'ouvrage. Il faut signaler que le format d'Autodafé est de 15 x 15 cm, ce qui est petit pour un livre photographique.
Caprice 6 © Coralie Fournier-Moris.
« Coralie Fournier-Moris nous suggère, nous entraîne, nous laisse croire et nous abandonne dans cette petite boîte à secret, son livre » : si tel est le but de cette jeune photographe, la réalisation est encore trop minimaliste et sombre pour emmener le spectateur dans son univers.
Autodafé, par Coralie Fournier-Moris
72 pages – 15 x 15
Autoproduit
6 euros
Claire Barbuti
Peau 3 © Coralie Fournier-Moris.
