© Siegfried
Siegfried est un artiste aux multiples facettes. Il est aussi bien musicien, réalisateur que photographe. En 1998, son premier long-métrage Louise (Take 2) est présenté en sélection officielle au festival de Cannes. En tant que musicien, Siegfried fait régulièrement des concerts et a sorti plusieurs albums, tels que « Traffic jam in the jungle ». L'artiste est aussi un homme de voyages. Cet ouvrage de photographies retrace celui qu'il a effectué d'Europe vers l'Asie, au cours duquel il s'est nourri de rencontres et de découvertes.
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Homme de mouvement, Siegfried laisse ce trait de caractère transparaître dans ses clichés. Le point de vue ne semble jamais fixe, et les scènes se déroulent quasiment sous nos yeux. Comme pour faire voyager le spectateur avec lui, Siegfried accorde de l'importance à tous éléments qui symbolisent ce mouvement. C'est ainsi qu'il photographie les trains, les gares, ou encore qu'il réalise des clichés à travers les vitres des wagons. Cet effet est accentué par un goût prononcé pour le flou qui néanmoins, vient parfois gêner l'oeil curieux du spectateur.
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Une grande spontanéité transparaît dans ce livre. En effet, certaines photos semblent avoir été réalisées très rapidement afin de saisir une action, un événement, un instant. Cela permet au spectateur de partager ces moments avec le photographe et de le suivre dans ses expériences de l'inconnu. Même lorsque les sujets semblent poser, Siegfried n'invente pas de mise en scène artificielle, mais les capture dans leur état naturel, et spontané.
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Accordant peu d'importance aux paysages qu'il découvre, le photographe se focalise sur les gens qui viennent à sa rencontre. Le choix du noir et blanc permanent indique d'ailleurs une volonté de faire des portraits ou d'immortaliser un visage. Malheureusement, cela devient presque frustrant dans la mesure où Siegfried visite des régions magnifiques, et l'on regrette qu'il ne s'y intéresse pas davantage. De plus, les rares fois où le paysage est présent sur les clichés, le noir et blanc empêche d'en percevoir toute la beauté.
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Néanmoins, nombreux sont les portraits qui interpellent et saisissent par leur authenticité. Qu'ils posent ou non, les sujets finissent souvent par porter un regard, aussi furtif soit-il, vers l'objectif du photographe. C'est alors que Siegfried leur donne l'occasion éternelle de communiquer un sentiment ou une émotion. Les attitudes des enfants face à son appareil, sont bien souvent les plus évocatrices. Peu impressionnés, ils donnent l'impression de renverser la situation, et de devenir bien plus acteur que sujet.
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En complément des nombreux portraits individuels, Siegfried produit des photos de groupe et s'empare de scènes de vie. Là encore, ce sont souvent l'intensité des regards et la véracité des situations qui saisissent le spectateur. A chaque photo, c'est une sorte de dialogue entre le photographe et ses sujets qui transparaît. Le naturel des différentes personnes face à l'objectif de Siegfried est également remarquable. Aucun d'entre eux ne semble intimidé, et beaucoup soutiennent même le regard de l'objectif.
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Siegfried nous invite dans ce riche ouvrage, à partager son voyage d'Europe vers l'Asie, ses rencontres, ses découvertes, ses impressions. L'humain est au cœur de ce travail. Rien ne semble être plus important que les personnes, les visages, les regards qu'il rencontre. La qualité et l'intérêt des photos ne sont pas toujours homogènes, mais le livre permet au spectateur de voyager au gré des nombreux mouvements de Siegfried.
Si vous êtes adeptes des paysages russes ou asiatiques, far East vous décevra. Néanmoins, si votre intérêt se porte davantage sur les découvertes de culture et de populations étrangères, Siegfried deviendra sans aucun doute un photographe que vous aurez envie de découvrir.
© Siegfried
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Far East, Siegfried
276 pages - 28,5 X 26
Editions de la Martinière
45 euros
Adèle Latour