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Rencontre avec Davide Monteleone pour la sortie de son ouvrage et son exposition « Charbon Rouge »

Mercredi 28 Novembre 2012 10:39:12 par actuphoto dans Interviews

© Davide Monteleone, Abkazie 2008.
Interviews du 15/09/2012 au 3/11/2012 Terminé

Né en 1974 en Italie, Davide Monteleone est amené très tôt à voyager au gré des déplacements professionnels de ses parents.

Après avoir été aux Etats-Unis et dans divers pays d'Europe, il revient en Italie riche d'une passion pour la photographie et le journalisme : « Je faisais des études d'ingénieur quand j'ai décidé de tenter ma chance dans le milieu photographique et journalistique. Cela me paraissait être une meilleure voie pour explorer ce qui m'intéressait particulièrement : les histoires de vie et les paysages du monde. J'étais convaincu, notamment au début, que la photographie était un outil très utile pour ce projet. Par la suite, c'est devenu une vraie passion. » Il devient ainsi photoreporter à partir de 1998, mais marque rapidement son originalité vis-à-vis du milieu du photoreportage. 

 
Dans son ouvrage Chardon Rouge, qui a reçu le 18e prix de l'édition européenne de photographie, Davide Monteleone refuse toute image choc. Le titre du livre est une référence directe à l'écrivain russe Tolstoï, connu notamment pour ses analyses psychologiques et ses réflexions sur la violence des conflits. Pourtant, l'humble Davide Monteleone confie se sentir « tout petit par rapport à l'oeuvre de cette légende de la littérature ». La fleur du charbon symbolise la ténacité, mot qui qualifie parfaitement le sentiment qui émane de la population du Nord du Caucase au vu des très belles photographies de Davide Monteleone. 
 
 
 
 
© Davide Monteleone, Abkhazie 2008.
 
 
 
Le photographe a passé plusieurs années à sillonner le Nord du Caucase, région si composite au niveau linguistique, culturel, ethnique ou encore religieux que cela a causé de multiples conflits. C'est d'ailleurs ce mélange qui a intéressé l'artiste : « C'est une région autonome, mais qui pourtant fait partie de la Russie, ou en tout cas qui est influencée ou étroitement liée à elle. Malgré tout, elle est si différente, cela m'a fasciné ». 
 
Bien que traitant du sujet délicat de la situation caucasienne, Davide Monteleone refuse de tomber dans un pathos gratuit. Il choisit le format carré, qui lui permet de centrer ses images sur la population et de les mettre en avant. Le carré est synonyme de stabilité, ce que cette population a besoin après tant de violence passée. 
 
 
 
 
© Davide Monteleone, Daguestan 2009.
 
 
 
 
Les textes de Lucia Sgueglia, qui accompagnent les photographies de Davide Monteleone, complètent parfaitement la démarche du photographe. Ce dernier s'épanche sur leur rencontre :  « nous nous sommes tout de suite rendus compte que nous partagions exactement les mêmes centres d'intérêt, nous avons alors commencé à travailler ensemble en Russie. Lorsque nous avons été invité pour la première fois pour le festival international de Grosny en 2007, le Caucase nous est apparu énigmatique et attirant à la fois. Nous avons décidé d'y aller, et nous avons tous les deux eu immédiatement un vrai coup de coeur ».
 
Les apports de Lucia Sguglia sont de brèves histoires qui mettent en scène diverses personnes ou familles dans leur quotidien. Le lecteur plonge in media res dans chacune de ses scénettes de vie, où se mêlent le meilleur (un mariage par exemple), comme le pire (décès). Peu de noms sont présents, façon de ne pas individualiser pour montrer que ce quotidien pourrait être celui de n'importe qui. De même, on fait face à une alternance de points de vue (homme père de famille, homme célibataire, femme, …) pour élargir la palette : chacun doit continuer à vivre malgré ce passé douloureux.
 
 
 
 
© Davide Monteleone, Ossétie du Sud.
 
 
 
Une des forces de cet ouvrage est de savoir mêler différents genres. A des portraits de civils caucasiens se mêlent des images de soldats, de violence pour que le spectateur n'oublie pas cette tragédie sous-jacente. Des photographies de paysage viennent se glisser au fil de l'ouvrage, mais loin de dérouter le spectateur, elles servent de contrepoint : la nature meurtrie par le passé, se reconstruit au fil des saisons, tel le caucasien qui réapprend à exister. 
 
La nature sert également de point de jonction entre la réalité et un côté plus onirique. Car si le photographe s'efforce de construire une certaine stabilité, un équilibre dans son ouvrage, il n'en demeure pas moins qu'il est saisi par instant de doute. Renata Ferri conclut dans sa postface : Davide Monteleone « restitue ainsi à la photographie son pouvoir magique, non celui d'affirmer, mais de proposer sans cesse de nouvelles questions ». 
 
Pour Davide Monteleone, le but de l'ouvrage « n'est pas vraiment d'apporter une réponse, d'expliquer aux lecteurs ce qui se passe dans le monde, car cette mission a perdu de son sens de nos jours, à partir du moment où toute sorte d'information est trouvable sur le net  » : « Le vrai problème aujourd'hui, c'est d'être vraiment attiré par certains sujets ». Ce sera selon lui déjà une victoire de « rendre les gens curieux à propos de certains sujets et de les voir s'intéresser à la situations du Caucase grâce à mon travail ».
 
 
 
 
 
© Davide Monteleone, Daguestan 2009.
 
 
 
 
« Lorsque le Caucase du Nord émerge de l'ombre de l'histoire, c'est toujours sous la couleur de la tragédie » assène David Monteleone. Dans Chardon Rouge, il cherche non seulement à mettre en avant toutes ces tragédies passées, mais souhaite également montrer comment la région tente de reprendre des couleurs en continuant de vivre. Des touches de rouge, et surtout de vert, sont perceptibles dans l'ensemble de l'ouvrage pour souligner cette espérance. 
 
 
 
 
 
Charbon Rouge, Davide Monteleone
 
136 pages - 18 x 24
 
Editions Actes Sud
 
33 euros
 
 
 
Chronique et propos recueillis par Claire BARBUTI

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