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La Fnac lance sa 4ème édition des FNAC STUDIO - « Portraits de Famille » les 5, 6 et 7 octobre prochain dans six Fnac parisiennes. A l'occasion, six photographes de l'Agence VU recevront le public souhaitant se faire photographier.
Les inscriptions sont ouvertes à tous dans la limite des places disponibles. Le public est invité à s’inscrire directement sur le site de la Fnac (www.fnac.com/fnacstudio) dès le 18 septembre.
Rencontre avec Françoise Huguier, photographe de l'Agence VU qui sera présente à la Fnac Saint Lazare le 5 et 6 Octobre et Marion Hislen, responsable du pôle image de la Fnac.
Pouvez-vous me raconter votre parcours ?
Françoise Huguier : J'ai grandi dans une famille où la photographie n'était pas très présente et qui n'était pas considérée comme un métier.J'ai commencé à la pratiquer très tardivement parce que j'avais un groupe d'amis des arts décoratifs qui en faisait beaucoup. On partait en week end et on faisait des photos.
Initialement, je souhaitais m'orienter vers le cinéma, et d'un coup, j'ai eu envie de continuer la photographie. Et à l'époque, c'était difficile de trouver un travail d'assistante payée, j'ai donc, commencé comme ouvrière dans un laboratoire photo, je développais des films, et le week end je faisais des photos. Puis, j'ai commencé à partir en voyages et j'ai ramené des reportages que je vendais.
Marion Hislen : J'ai un parcours associatif dans la photographie. J'ai monté, en 2005, l'association « Fêt'art » qui s'occupe de jeunes photographes européens et dont l’un des événement majeur est le festival, Circulation, au parc de Bagatelle. C’est ainsi que j'ai commencé en photographie.
Dans ce cadre, j’ai eu l’occasion de rencontrer l’équipe de l’Action Culturelle de la Fnac que j’ai rejoins il y a maintenant presque 2 ans. Cette nouvelle experience m’a ouvert à d’autres univers et j’en suis ravie !
Comment est né le projet « Portraits de Famille » ?
MH: Le projet est né d’une première expérience en 2010 à la Fnac de Lyon, où l’enseigne avait invité le grand photographe Malick Sidibé à réaliser des portraits. Le succès de cet évènement m’a fait réaliser que la tradition du portrait de famille, qu'on faisait chez le photographe du quartier, où l'on s'habillait n'existait plus. En définitif, nous avons très peu de belles photos de famille.
C'est ainsi que l'idée est venue : monter des studios photos pour que les familles puissent se faire photographier.
© Denis Darzacq
Comment faites-vous la sélection des photographes ?
MH : En octobre dernier nous avons fait appel au photographe Baudoin Mouanda, l’esthétique de son travail sur la sappe nous a paru vraiment intéressant à transposer sur le portrait de famille. Pour les éditions suivantes, nous avons contacté l’Agence Vu pour leur faire part de notre projet. Ils ont trouvé l’aventure très intéressante et nous avons construit une édition à l’occasion de la fête des mères. La séléction des photographes et faite conjointement, nous essayons d'avoir un choix le plus éclectique possible.
Ce qui est tout de même exceptionnel, c'est obtenir six photographes d'une même agence qui ont des univers complètement différents. C'est cela même qui est intéressant : le regard de l'auteur par rapport au portrait de famille ; on monte ainsi les décors, ce qui fait réellement la différence. Le photographe choisit ainsi ce qu'il souhaite : un fond, des accessoires... Les portraits sont donc très différents les uns des autres.
Avez-vous eu des refus ?
MH : Si refus il y a, c'est surtout pour des raisons de planning. Peut-être les succès des précèdentes éditions ont aussi aidé à nous ouvrir des portes.
© Stanislas Guigui
Comment en êtes-vous venu à travailler sur le projet de la FNAC ?
FH : C'est l'agence VU qui m'a contacté et j'ai accepté avec plaisir, je trouve ça rigolo. Il y a des gens qui sont en demande et on rencontre des personnes que l'on ne rencontrerait pas forcément.
Et puis, je fais beaucoup de portraits de gens chez eux, j'en ai beaucoup fait pour Libération. C'est quelque chose d'assez difficile à faire et j'ai beaucoup travaillé dans les intérieurs. Le dernier en date est d'ailleurs une série sur les classes moyennes dans trois villes d'Asie du Sud Est ; comment fonctionne la ville, comment ils vivent, je suis beaucoup plus attirée par l'extérieur que l'intérieur. Et photographier les gens me plait assez.
On a un pouvoir énorme sur eux, je ne m'en suis pas rendue compte tout de suite, mais il est très rare de trouver quelqu'un qui s'y connaisse bien en photographie : si j'utilise un grand angle ou non, un zoom, les gens n'ont aucune idée.
Et avec le numérique, les gens demandent à regarder, cependant, je n'en ai pas beaucoup fait. A Kuala Lumpur, j'ai utilisé un appareil de studio et là, c'est différent : ils ne demandent pas à regarder ; ils n'osent pas. Et quand ils demandent, je leur refuse et leur répond que « c'est secret ». C'est à moi de choisir la photo. Pas comme avant, on faisait un portrait avec un fond, on leur proposait plusieurs photographie.
A la FNAC, ça va être différent, parce que c'est eux qui vont choisir.
Qu'est – ce qui vous motive alors à travailler pour la FNAC ?
FH : D'abord, ce sera sur un fond que j'ai choisi avec des peluches : Angry Birds et Bob l'Eponge. Les étudiants de 25 ans à Singapour adorent ça, j'ai découvert ça là-bas.
J'ai choisi un thème de peluches car elles nous envahissent ; personnages qui sont généralement pour les enfants, mais que l'on retrouve chez les adultes.
Selon moi, on tire vers une société de peluches, en France, ce sont chez les enfants et dans leurs chambres qu'on les retrouves, mais ce n'est pas le cas en Asie. Ce sont les adultes qui en sont fascinées, on les retrouves partout jusque dans les voitures. Ils sont lobotomisés par les jeux et Facebook ; ce qui est idéal pour le pouvoir politique puisqu'ainsi on ne pense pas.
Pouvez-vous nous en dire plus sur les décors que vous avez choisi ?
FH : On va voir ce qu'ils vont faire avec Angry Birds et Bob l'Eponge. J'ai trouvé un décors à Kuala Lumpur où il y a un espèce de Disneyland absolument improbable et il y avait la tête de la statue de la liberté, je suis tombée dessus un peu par hasard.
J'ai choisi d'en faire un fond très très kitsch: on se retrouve donc, avec une interprétation de la tête de la statue de la liberté de New York avec des néons ; c'est un espèce de mélange, d'espèce de cultures de pop actuel.
© Françoise Huguier
Selon vous, pourquoi les Fnac Studio ont autant de succès ?
FH :Je suis étonnée parce que le phénomène d'aller chez un photographe où l'on mettait des fonds avec un décors avait disparu. Dans tous nos albums de familles, on retrouve ces photos là. Je pense que c'est un peu une nostalgie du vrai portrait. A l'époque, les gens ne se faisaient pas photographier par n'importe qui : il y avait la grande agence Harcour sur les champs Elysées par exemple. Les photographies étaient signées : avoir un portrait d'un grand photographe était assez prisé.
Et puis la FNAC a une tradition photo formidable, j'ai créée la biennale de Bamako en 1994, et la FNAC l'a repris par la suite. Il y a une collection de photos complètement remarquable.
MH : Je pense que c'est rare de consacrer un moment où l'on se dit : « Préparons-nous, faisons-nous beau, donnons-nous rendez-vous et faisons quelque chose entre nous et pour nous. ».
Moment privilégié, il est difficile de réunir les familles. Cela demande du temps et une préparation, ce qui fait que les gens prennent un véritable plaisir à venir. De plus, ils se font photographier gratuitement et dans un lieu gratuit, ce qui est tout de même exceptionnel. Le succès était, à mon avis, assez facile.
Est-ce pour cette raison que les FNAC STUDIO sont reconduits aussi fréquemment ?
MH : L'un des grands axes stratégiques de la FNAC est de travailler autour de la famille : c'est une opération qui répond parfaitement à cet effet.
Deux sessions ont déjà eu lieu cette année, comptez-vous en reconduire plus l'an prochain ? De plus, la session d'octobre n'est qu'à Paris, est-ce un choix définitif ?
MH : L'idée est de faire quelque chose de différent. La dernière édition s’est déroulé dans 5 villes différentes. Nous allons ainsi alterner : des villes de provinces, Paris...
L'idée, pour cette édition, est d'en faire un grand événement, un peu plus important que celle de la fête des mères (dernière session en date). On a décidé d'en faire un parcours : en un week end, nous avons six photographes dans six Fnac parisiennes. Le public pourra choisir avec quel photographe il souhaite se faire photographier, c'est une démarche différente que de le faire dans plusieurs villes.
Les gens connaissent-ils les photographes ?
MH : Sur cette édition, certains viendront pour les photographes, ils sont plus connus. De plus, je crois qu'avec la notoriété du projet, les vrais amateurs de photographie vont en entendre parler et vont être attirés. Je pense que nous aurons deux publics : celui qui ne connait pas forcément le photographe, mais qui adhère au projet et celui qui a réellement envi d'avoir un cliché d’un des six photographes.
© Juan Manuel Castro Prieto
Quels en sont les enjeux ?
MH : L’histoire de la Fnac et celle de la photographie sont extrêmement liées; que ce soit au niveau de l'art contemporain ou du matériel.
S’il y avait un enjeu, ce serait de continuer à parler de la photographie, dans toutes ses composantes, à nos adhérents, clients et plus largement au grand public.
Souhaiteriez-vous, personnellement, travailler avec certains photographes ?
MH : Ce serait intéressant de travailler avec les maîtres de la photographie africaine. De plus, je souhaiterais travailler avec des journalistes portraitistes de presse ; ils ont la capacité de faire des portraits sur le vif.
Quels sont vos futurs projets ?
FH : Je viens de terminer celui d'Asie du Sud-Est. Mantenant, je prépare un documentaire filmé et puis j'écris, c'est une proposition que j'ai eu il y a 10 ans, une espèce de biographie un peu Rock'n'roll et un peu impertinente, sur ma vie et sur le milieu.
Propos recueillis par Lara Aim