©couvFailles ordinaires
«Je photographie les passants comme s’ils étaient les acteurs d’une scène, les lieux comme s’ils étaient des décors de cinéma. Les passants semblent jouer une pièce indéterminée, comme si chacun se mettait à vivre un songe fugitif. Ces visages croisés s’effacent derrière le rôle que mon regard leur assigne : la rue devient le lieu d’une comédie.» C'est ainsi que Géraldine Lay résume elle-même sa démarche photographique.
Il y a effectivement quelque chose de dramatique dans ses clichés. Pas toujours à leur avantage, les personnages livrent l'expression d'un malaise urbain avec une amplitude presque théâtrale. A l'image des rives irrégulières des toits de Beauvais, Failles ordinaires fait l'inventaire du monde comme d'un ensemble déstructuré ou mal composé. De cette façon, on y trouve des bouts de corps, des objets, des constructions parcellaires, des esquisses d'expression : autant d'éléments qui sont les « signes » de la vie civile.
©Géraldine Lay : Tromsø , Norvège, 2009
Les photos de Géraldine Lay sont d'autant plus étonnantes que ses sujets paraissent comme isolés. Souvent dans une foule, sinon parmi quelques semblables et parfois décentrés, ils captent avec force le regard du lecteur. Relégué de temps en temps au second plan, certains d'entre eux s'en trouvent d'autant plus reclus et semblent de cette façon exposer avec davantage de force leur mélancolie.
Malheureusement, les deux bons tiers des clichés sont présentés sur une double page, ce qui sape nettement le parcours de l'ouvrage. Peut-être les clichés de Géraldine Lay auraient-ils mérité un format plus conséquent, du moins en proportion de leur ampleur ? La lecture demeure cependant agréable et flatte un sens de l'observation que l'on souhaite davantage mis à l'épreuve en fermant le livre.
©Géraldine Nay : Paris, France, 2010