© Roxanne Gauthier et Edouard Barra
Du 16 au 24 juin, s'est déroulé le « Greek Tour », un évènement organisé par l’association UVD, United Vapeur of Dijon, en vue d'établir des échanges culturels franco-grecs . Une tournée musicale avec plusieurs groupes dijonnais a alors eu lieu dans différentes villes grecques. Une occasion pour les photographes Roxanne Gauthier et Edouard Barra de réaliser une exposition dédiée à ces mélanges culturels entre la Grèce et la France et plus particulièrement la Bourgogne. Rencontre avec les auteurs de l'exposition Fêta-Cassis...
Edouard Barra et Roxanne Gauthier, vous êtes tous les deux photographes connus de la région dijonnaise, vous êtes venus exposer en Grèce, précisément à Patras. C'est une exposition qui montre des images de Grèce et de Bourgogne d'où son nom « Fêta-cassis », d'où vous est venue l'idée de ce projet ?
Edouard Barra : L'idée vient d'une demande de Samuel Offredi, (responsable des studios de La Vapeur, salle de concert à Dijon) qui a mené le projet du Greek Tour et qui m'a proposé de réaliser une exposition. J'aurai pu suggérer une exposition personnelle pour la Grèce, mais j'avais plutôt envie de retranscrire en image l'échange culturel qu'il pouvait y avoir entre nos deux pays. Comme je n'étais encore jamais venu en Grèce, j'ai contacté Roxanne Gauthier, qui y était allée à plusieurs reprises, et je lui ai demandé de me fournir une sélection d'images de ses voyages. J'ai ensuite créé des assemblages entre mes photographies de la Bourgogne et les siennes de Grèce, afin de les mettre sous forme de question réponses. Le but était de jouer sur le rythme, les couleurs et la symbolique des images pour que les grecs puissent retrouver une part de leur pays et qu'ils puissent comprendre une fraction du nôtre au travers de cette exposition.
Comment avez-vous procédé pour l'élaboration de cette exposition et pourquoi avoir décidé de travailler ensemble sur ce projet ?
Roxanne Gauthier : Nous nous connaissons bien avec Edouard, on fait partie de la même galerie Room 38 à Dijon. Le projet s'est réalisé assez simplement, Edouard cherchait des images de Grèce et moi j'en avais tout un stock, puisque j'y suis allée pour la quatrième fois cette année. J'ai fais une sélection des images les plus représentatives, parfois un peu « cliché », voire « carte postale », et puis Edouard a réalisé le graphisme des diptyques.
© Roxanne Gauthier et Edouard Barra
Vous êtes connus dans la région bourguignonne, où vous avez déjà exposé, aviez-vous déjà présenté votre travail ailleurs? Et qu'attendez-vous de cette exposition ici à Patras en Grèce ?
E.B : Personnellement j'avais déjà exposé en dehors de Dijon, mais jamais avec une portée européenne. Avec Roxanne, cela fait longtemps que nous souhaitions travailler en collaboration, il se trouve que cette exposition est une première étape et j’espère qu'il y en aura d'autres. Si l'aventure devait se représenter, j'aimerai également travailler avec un artiste grec, un photographe ou un peintre ou encore un dessinateur de manière à avoir un véritable échange culturel et de point de vue, car c'est vraiment cela qui m’intéresse. Si je viens ici, c'est essentiellement pour essayer de présenter ce que je peux amener de la France et puiser ce que les autres peuvent m'apporter.
R.G : Pour ma part j'ai aussi exposé à l'extérieur de Dijon et c'est toujours un plaisir de travailler avec d'autres artistes, pour moi c'est un vrai moteur !
Vos images reprennent des paysages et des scènes de vie de la Bourgogne et de la Grèce, en jouant sur les ressemblances entre ces deux lieux, elles sont disposées côte à côte, pourquoi avoir choisi le diptyque dans la mise en scène des images ?
E.B : Le Diptyque s'est vite imposé à nous du fait que nous étions deux à travailler. Pour moi, lorsque l'on fait un échange, il y a cette idée d'amener et de recevoir quelque chose, qui peut parfois être similaire et parfois complètement opposée et donc par la photographie nous pouvions tendre vers cette idée en mettant les deux images côte à côte. Ce qui m’intéresse dans le diptyque c'est vraiment le sens qui se crée entre deux images et qui transcende l'image en elle-même. Le fait de pouvoir créer un sens au travers de deux clichés qui se rencontrent, c'est quelque chose qui m'interpelle et qui me donne envie de m'investir.
© Roxanne Gauthier et Edouard Barra
Où puisez-vous votre inspiration photographique, quelles sont vos références en matière de photographes ?
R.G : Mes influences sont diverses, j’apprécie l'image et j'apprend à la regarder à travers chaque œuvre. Sarah Moon m'inspire beaucoup dans le domaine du rêve et de l'onirique, mais comme je travaille aussi pour la presse, j'apprécie tout autant le travail des photo-reporter, celui de Depardon notamment.
E.B : J'aime beaucoup de choses assez différentes, je peux apprécier le côté « trash punk » de Terry Richardson, mais j'aime aussi des choses plus fines, menées par des femmes comme Nan Goldin ou Diane Airbus qui ont une grande sensibilité. Mes influences viennent de partout, j'apprécie le travail des grands reporters tout en aimant des images kitch et très modernes comme celles de David La Chapelle. Ce sont des photographies que je ne ferai jamais, mais que je trouve géniales parce qu'elles répondent à une époque, à une esthétique. Pour moi, l'inspiration peut venir aussi par la peinture, la musique, les livres qui vont me donner envie de retranscrire en image, une émotion particulière. J'ai notamment l'idée d'un projet d'exposition, qui se regarderai avec un casque sur les oreilles afin de jouer sur une vibration entre l'image et le son.
Est-ce que la situation de crise que vit la Grèce actuellement a été une motivation pour vous d'exposer dans ce pays ?
E.B : Clairement non, mais, à regret. En effet, nous nous placions au départ dans un échange purement culturel et principalement musical avec le Greek Tour, je n'avais pas ressenti le besoin d'avoir une ligne politique en toile de fond. Toutefois, je ne peux pas dire que je le regrette car c'est une première rencontre avec le pays, c'est la première fois que je viens, et je préfère découvrir doucement ce qui s'y passe. Pour moi c'était important de faire connaissance en traitant de choses un peu plus légères avant de m'attaquer aux problèmes politiques ou de vies personnelles. Je pense que si l'occasion se représente, j'essaierai d'aller un peu plus loin dans le propos, je m'engagerai beaucoup plus politiquement.
© Roxanne Gauthier et Edouard Barra
Texte et propos recueillis par Julie Garnier
Biographies des photographes
Roxanne Gauthier
Photographe dijonnaise, Roxanne Gauthier oriente son travail photographique personnel autour de l’esthétisme. De nature instinctive, elle aime articuler ses réalisations autour de la mise en situation de personnages, invariablement féminins, afin de capter les émotions, de saisir l’être et l’intime. Contrastes, couleurs saturées, lumières et décors naturels, espaces abandonnés, Roxanne crée son propre univers. L’artiste soumet ses réalisations au public et se nourrit de son imaginaire pour donner une nouvelle interprétation à ses photographies. Depuis 2005, elle a travaillé aux côtés de nombreux acteurs de la vie culturelle dijonnaise, tels que des associations, la Direction de l'animation des quartiers de la ville de Dijon, les festivals Nuits d'Orient... mais aussi pour les pages d’actualités dijonnaises, ou la Direction de la culture de la ville de Dijon.
Inuk, alias Edouard Barra
Edouard Barra, est photographe, animateur et formateur lors d’ateliers consacrés à la photographie. Autodidacte il s’est formé à la photographie en alternant rencontres et stages. Son travail s’articule autour de son observation du monde, cherchant à comprendre le sens de nos relations et d’en rendre compte avec une pointe d’humour et de provocation. Dernièrement il co-fonde le collectif de photographes Altervision.
Vignette : © Roxanne Gauthier et Edouard Barra