© Fernando Moleres
Le travail photographique de Fernando Moleres ne relève pas uniquement du reportage.
Né en 1963 à Bilbao, ce photographe et infirmier commence à raconter des moments de l'histoire lorsqu'il se rend en tant que brigadier au Nicaragua. Il combine alors son métier d'infirmier à celui de photographe, et publie en 1990 ses premiers travaux sur l'Afrique du Sud.
Il y a quelques années, Fernando Moleres découvre lors du Festival Visa pour l'image à Perpignan le travail de Lizzie Sadin sur les jeunes en démêlés avec la justice : « Elle m'a raconté qu'il y avait presque un million de jeunes détenus dans le monde. Elle dénonçait la situation dans les prisons des Etats-Unis, de Russie, ou encore d'Israël... Mais la situation la plus terrible restait dans les prisons de Madagascar. Son travail germa en moi et quelques mois plus tard j'ai commencé des recherches sur la situation des jeunes dans les prisons africaines. »
C'est là qu'est le point de départ du reportage poignant de Fernando Moleres sur les mineurs incarcérés dans les prisons sierra-léonaise. En 2010, il se rend à trois reprises dans ces pénitenciers pour aller à la rencontre des jeunes, dans des conditions très difficiles : « Mon arrivée dans la prison centrale de Freetown a été difficile. Imaginez, un blanc avec un appareil photo, parmi 1300 prisonniers, emprisonnés dans des conditions terribles. Au début, le fait d'être en prison me faisait peur, il y avait des gardiens, désarmés, et moi, déambulant seul... Peu à peu, j'ai commencé à obtenir la confiance des prisonniers, en tant qu'ancien infirmier : quelques-uns me faisaient part de leurs maux, et j'essayais de les aider en faisant entrer des médicaments. Je photographiais les maladies et me présentais dans les pharmacies pour connaître les diagnostiques et voir comment on pouvait les soigner ».
© Fernando Moleres
© Fernando Moleres
© Fernando Moleres
© Fernando Moleres
Lors de Visa pour l'image 2011, le photographe expose ses clichés déroutants et troublants. Le témoignage est juste et sans artifice, et la beauté de ses clichés donne une dimension d'urgence à la situation inquiétante dans laquelle sont ces jeunes détenus.
Le meilleur souvenir de Fernando Moleres est lorsqu'il a pu apporter son soutien, de par son témoignage, et grâce à l'aide médicale qu'il a fourni. « Mon pire souvenir, c'est que je n'ai pas pu les aider davantage, mais maintenant avec la création de l'ONG Free Minor Africa, nous allons davantage dans cette direction. »
© Fernando Moleres
A la suite de son reportage en effet, le photographe a crée cette ONG, destinée à aider les jeunes détenus dans les prisons en Afrique. Avec l'aide de Nathalie Dubois, bénévole, qui a rejoint l’équipe en 2011, et s’occupe de l’aspect administratif et logistique du projet, et Mohamed Alpha Jalloh, leur contact à Freetown- Sierra Leone, (il est en relation avec les tribunaux, les prisons et les institutions locales. Il a fait 2 ans de recherches à l’Université d’Oxford, sur la justice et le système pénal en Sierra Leone), ils tentent du mieux qu'ils peuvent d'apporter leur aide, tant matérielle que morale. « Nous leur apportons un soutien légal, et lors de délits mineurs, la prison pouvant être évitée en payant une caution (généralement inférieure à 50 euros), nous essayons d'intervenir. En toute logique, nous souhaitons également aider ces jeunes après leur sortie de prison pour leur éviter de récidiver. S'ils n'ont plus de famille, nous travaillerons avec les structures locales existantes pour aider à leur réinsertion ».
© Fernando Moleres
Pour soutenir l'ONG Free Minor Africa, rendez-vous sur ce lien : http://www.fernandomoleres.com/ngo/ngo_fr.html
Claire Mayer
Photos et vignette © Fernando Moleres