Après avoir sillonné le monde et en avoir rapporté des photographies fortes et humaines sur les différents peuples autochtones, Pierre de Vallombreuse s'est arrêté quelques temps en France à Choisy-le Roi dans le Val de Marne. Située dans la banlieue sud de Paris, cette ville d'environ 35 000 habitants réunit plusieurs quartiers dont celui de « La Dalle ». Pendant presque 2 ans, Pierre de Vallombreuse a photographié ce territoire urbain au moment même où s’opéraient de nombreuses transformations afin de pouvoir redonner vie à ce centre-ville.
© Pierre de Vallombreuse
« Ces voyages à Choisy-le Roi ont commencé grâce à « Peuples », une exposition de mes photographies sur une quinzaine de peuples autochtones répartis dans le monde entier et présentée au musée de l'Homme à Paris. Didier Mouturat apprécia mon travail et l'accueillit au théâtre Paul Eluard. Un jour, il me proposa d'aller marcher avec lui dans un coin de la ville, la Dalle, ou plus exactement ses galeries souterraines qui allaient être détruites et transformées. Un monde allait donc disparaître.... Cet univers me toucha immédiatement car s'y côtoyaient, en un seul lieu, des personnes venues du monde entier. Didier Mouturat précisa alors ses attentes : « Choisy-le Roi, ville de la banlieue parisienne, est en pleine mutation et, dans ce passage d'hier à demain, on fait la ville, mais la ville nous fait. Quelle ville construire pour vivre ensemble ? Quelles conditions font d'un groupe d'humains une véritable communauté ou une addition de solitudes ? Comment le territoire marque-t-il jusqu'à leur existence intime celles et ceux qui y vivent, mais aussi, comment les habitants le modifient-ils ? Demander à l'artiste d'être le témoin de la vie telle qu'elle est aujourd'hui avant la mutation et donner à ,la population qui l'anime l'occasion de s'y voir elle-même et de garder une trace de cette mémoire, voilà notre intention. » Ce défi, je l'ai accepté non sans crainte, n'ayant presque jamais photographié mon pays, sinon de manière fugitive pour des magazines. Habitué à vivre au sein de tribus dans la nature aux quatre coins du globe, j'ai entrevu le formidable potentiel de cette demande : passer plus d'un an à photographier ce territoire urbain était une expérience, une chance à ne pas laisser passer. De plus, j'ai souvent été déçu, voire révolté par les clichés réducteurs et déformés, stigmatisant les banlieues et leurs habitants. »
© Pierre de Vallombreuse
A travers 56 photographies en couleur, floues, sombres, presque mystiques, ce livre témoigne de la solitude, de l'abandon et de la vétusté qui règnent à la Dalle, mais évoque également la vie et l'espoir d'un quartier en pleine réhabilitation. Pierre de Vallombreuse est allé à la rencontre des habitants du quartier, à travers ses photographies il évoque la vie dans les banlieues ainsi que l'aspect universel de ces zones de mixité sociale et l’importance du patrimoine humain. Les photographies sont déroutantes, impressionnantes, et instables. Pierre Vallombreuse joue sur les reflet, les effets de miroir et les flous. Le résultat est convaincant, on prend du plaisir à feuilleter ce livre et on découvre sous un angle différent et original le quartier de La Dalle.
© Pierre de Vallombreuse
Alexandra Lambrechts, le 2 janvier 2012