Trois livres et une exposition. Diane Arbus est partout.
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Exposition au Jeu de Paume du 18 octobre 2011 au 05 février 2012.
(lien de l'exposition : http://actuphoto.com/19408-diane-arbus-r-trospective-au-jeu-de-paume.html">http://actuphoto.com/19408-diane-arbus-r-trospective-au-jeu-de-paume.html )
Avec plus de deux cents clichés, cette première rétrospective en France permet au public de découvrir un grand nombre de photographies qui n'ont à ce jour jamais été exposées en France et de redécouvrir les clichés emblématiques de la photographe.
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Diane Arbus Sans Titre aux Editions de la Martinière. Livre réédité.
Sans Titre est le troisième volume de l'oeuvre de Diane Arbus, et le seul consacré exclusivement à un projet spécifique : les photographies qui le composent ont été prises dans les centres pour handicapés mentaux entre 1969 et 1971, et la plupart sont restés inédites jusqu'à aujourd'hui. Diane Arbus voulait en faire un livre de son vivant. « Sans Titre est probablement sa vision la plus transcendante et la plus romantique. Il célèbre le caractère à la fois unique et lié de chacun d'entre nous ; il exige de nous ce qu'il exigeait d'elle : avoir le courage de voir les choses telles qu'elles sont et la grâce de les laisser ainsi. Pour Diane Arbus, être photographe comprenait tout cela. »
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Diane Arbus. Edition du quarantième anniversaire aux Editions de la Martinière. Livre réédité.
La publication de cette monographie de quatre-vingts photos a été dirigée et conçue par un ami et collègue de Diane Arbus, le peintre Marvin Israel, et par sa fille, Doon Arbus. En créant ce livre, leur objectif était d'être aussi fidèle que possible aux critères utilisés par Diane Arbus pour juger sa propre œuvre et à la manière dont elle espérait qu'on la verrait.
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Diane Arbus Une chronologie aux Editions la Martinière.
Publié à l'occasion de la rétrospective organisée en 2011 par le Jeu de Paume, à Paris, cette chronologie retrace étapes par étapes, années par années la vie de Diane Arbus. Tel un journal intime, la vie professionnelle, sentimentale et amicale de la photographe y est décrit sous forme de correspondances, d'explications, de réflexions personnelles et de commentaires.
Déjà 40 ans que Diane Arbus nous a quitté en nous laissant une œuvre incontestablement riche. Cette New-Yorkaise a littéralement révolutionné l'art de la photographie grâce à son audace, son originalité et sa sensibilité.
Diane Arbus est avant tout une photographe humaniste, elle est une « anthropologue contemporaine » qui explore avec génie les relations ambigües entre apparence et identité, illusion et croyance, théâtre et réalité. Fascinée par les personnes hors-normes, Diane Arbus focalise sont travail sur les handicapés mentaux, les jumeaux, les travestis, les lilliputiens, les nudistes, les forains, les géants ou encore les actrices de burlesque. En mélangeant le familier avec le bizarre, Diane Arbus dresse un portrait troublant de l'Amérique des années 60.
Une obsession de la réalité
Obsédée par la réalité des choses, elle veut avant tout photographier le vrai. « Si vous observez la réalité d'assez près, si d'une façon ou d'une autre vous la découvrez vraiment, la réalité devient fantastique. C'est réellement fantastique que nous ressemblions à ce quoi nous ressemblons, et c'est cela qui ressort parfois très clairement dans une photographie. Il y a quelque chose d'ironique dans la vie et cela vient du fait que l'effet que vous voulez créer ne ressort jamais comme vous l'auriez désiré (…) Ce que j'essaie de décrire, c'est l'impossibilité de sortir de sa peau pour entrer dans celle d'un autre. Et c'est ce que tout cela tend à dire. Que la tragédie des autres n'est pas la même que la vôtre ».
Des sujets hors-normes
Les personnages hors-normes que photographie Diane Arbus sont des sujets délicats. Elle nous met face à une réalité que nous ne voulons pas voir. Or, l'indifférence est la pire des choses, feindre la réalité pour mieux continuer sa route. Le « malheur », les traumatismes des uns effrayent les autres. « J'ai beaucoup photographié les phénomènes de foire. Ce furent même les premiers sujets que j'ai photographié et cela m'a toujours formidablement exaltée. Je les adorais. Ils me font éprouver un sentiment de honte et de terreur. Il y a une qualité légendaire chez les monstres. Comme un personnage de conte de fées qui vous arrête pour vous demander la réponse à une énigme. La plupart des gens vivent dans la crainte d'être soumis à une expérience traumatisante. Les monstres sont déjà nés avec leur propre traumatisme. Ils ont déjà passé leur épreuve pour la vie. Ce sont des aristocrates ».
A la recherche du beau et rejet de la composition
Autre caractéristique de Diane Arbus sa volonté souveraine de faire une belle photographie grâce au sujet. « Une photographie doit être une photographie de quelque chose, et ce quelque chose est toujours plus remarquable que la photographie. Et plus compliqué ». Diane Arbus n'attache pas d'importance à la composition d'une photographie. « J'ai horreur de l'idée de composition. Je ne sais pas ce qu'est une bonne composition. Je suppose que je dois savoir un peu de quoi il s'agit, car j'ai beaucoup tâtonné pour découvrir ce que j'aimais et ce que je n'aimais pas. Parfois, pour moi, la composition est liée à une certaine luminosité ou à une certaine tranquillité. Parfois, elle est le résultat d'erreurs idiotes. Il y a une certaine façon de bien faire et une certaine façon de mal faire et tantôt je préfère le bien fait et ta,tôt le mal fait. C'est cela la composition ».
Diane Arbus Chronologie: un livre intime
Diane Arbus est une photographe à la fois simple et complexe comme on peut le découvrir dans le le livre Diane Arbus Chronologie. Sa vie professionnelle, sentimentale et amicale y est décrite. A travers des correspondances, des demandes de lettres de recommandations, l'organisation de reportages et d'expositions, le lecteur est véritablement plongé dans le planning de toute une vie, celui de la photographie. Désillusions, moments intenses, magiques, échecs, réussites, tous les moments importants de la vie de Diane Arbus sont minutieusement répertoriés dans cette chronologie. Le suicide de la photographe y est expliquée avec beaucoup de détails. Le rapport du médecin légiste qui a effectué l'autopsie y est soigneusement recopiée.
Bien plus q'un planning, ce livre est un journal intime. On apprend que Diane était dépressive : « j'ai littéralement peur de sombrer dans la dépression (…) Et c'est chimique, bon sang, j'en suis convaincue. L'énergie, une forme particulière d'énergie, fuit de partout et je perds toutes confiance en moi, même pour traverser la rue ».
Animés par la seul volonté de rendre hommage à la photographe, le Jeu de paume et les éditions de la Martinière mettent en lumière l'immense oeuvre de Diane Arbus. Dotée d'une sensibilité particulière et d'un oeil remarquable, elle photographie avec génie les émotions, les malaises et les affres de notre société mais aussi des instants magiques et rares. Ses photographies : « sont la preuve que quelque chose était là et n'est plus. Comme une tâche. Et leur immobilité est déroutante. On peut leur tourner le dos mais quand on revient, elles sont toujours là, en train de vous regarder ». (Diane Arbus)
Alexandra Lambrechts, le 18 novembre 2011.