Bernard Plossu revient sur ses « années hip » dans un livre en forme de témoignage qui rassemble de nombreuses photographies, mais aussi deux reportages écrits par l'auteur pour Rock & Folk en 1970 et 1971. Tel un récit de voyage, Bernard Plossu nous raconte ses folles aventures à San Francisco, à Big Sur, en Inde et à Goa, les berceaux de la communauté hippie.
Sincèrement « hip », Bernard Plossu vit son époque intensément, avec plaisir et naïveté. Dans ce livre et grâce aux deux reportages publiés par Rock & Folk intégralement repris ici (textes et photos de Bernard Plossu), « il raconte sa quête d'amour et son aspiration à la paix à travers ses voyages et ses rencontres puis ses premières désillusions quand il se rend compte que l'anticonformisme est devenu une mode et que le rêve hippie est en passe d'être recyclé en business lucratif ». Ce livre qui met finalement plus en avant le parcours hippie de Bernard Plossu, expose quelques photos sans les mettre au premier plan. On aurait aimé des clichés plus mis en valeur, mais le format de poche du livre ne s'y prête pas réellement.
© Bernard Plossu
Divisé en 6 chapitres, Bernard Plossu expose dans un premier temps l'époque la plus adulée des jeunes générations. Rêvant de liberté, d'amour et de paix, il explique sa relation avec le mouvement hippie par le biais de photos et d'anecdotes.
Il commence son voyage aux Etats-unis, à San Francisco et à Big Sur « où on célèbre la vie, l'amour » dans un univers cosmique. Puis il y a eut les Indes et Goa, plus précisément « Calangute » qui était le nom de la plage où habitaient tous les hippies, « là où, à Noël, environ deux milles hippies « indolâtres » se sont retrouvés venant de toutes les régions de l'Inde. C'est là un des aspects merveilleux du monde hippie: on a des amis partout et toujours. Et même sans amis, il y a une fraternité qui fait qu'il y a toujours une entraide. »
© Bernard Plossu
Solidarité, liberté, amour et paix rythment la communauté hippie mais il y a aussi la drogue. Bernard Plossu s'explique également à ce sujet en mettant les points sur les « i »: « pour ce qui est du fait que les hippies « indolâtres » fument du haschisch et prennent du LSD, là aussi c'est un choix qu'ils ont fait et qu'ils assument, exactement comme un jeune cadre choisira une Alfa-Roméo et sera lui aussi drogué par sa vitesse et sa position sociale symboliquement représentée. Chez les hippies comme dans toutes société, il y a des gens différents. Chaque société a du bon et du mauvais. Combien de sociétés peuvent prétendre avoir une majorité de bon? N'est-ce pas là le succès de la société hippie? ».
Après Goa, le voilà parti pour l'Inde. Au beau milieu d'un festival religieux, Bernard Plossu raconte: « Je ne quitte plus les milliers de Sâdhus, jour après jour, les photographiant quand ils m'y autorisent (pas question de voler une photo! L'échange des regards est la clé de tout cela). Avec ma barbe et mes cheveux jamais coupés depuis des années, tout en blanc, je passe un peu inaperçu... ça m'aide dans les belles rencontres. Car ce ne sont pas des photos de reportage que je fais d'eux, mais bien des rencontres d'âme: je sais que j'ai TOUT à apprendre d'eux ». Plongé dans les récits du photographe, on aurait aimé avoir la chance de participer à se mouvement qui s'est malheureusement effrité à la fin des années 60. « L'anti-mode est devenu mode. L'anti-conformisme est devenue néo-conformisme. Le type coiffé en brosse est maintenant considéré comme un parafit original. Un malaise domine la fin de ces belles année 60: la « nouvelle société » commence à connaître tous les défauts de l'ancienne. Car maintenant, l'intolérance règne. On juge, on critique, on condamne ».
© Bernard Plossu
Far Out, n'est pas un livre de Bernard Plossu comme les autres. Il comprend des images en couleurs et en noir et blanc au grand angle (En 1975, il renoncera au grand angle pour ne plus travailler qu'avec un objectif de 50 mm). Bernard Plossu dans ce livre voulait rendre hommage à ses amis de l'époque, des pacifistes qui lui ont ouvert l'esprit et qui étaient des écologistes avant l'heure. Un livre original qui ravive la flamme des hippies et qui nous emporte dans une atmosphère « peace and love ».
Alexandra Lambrechts, le 15 novembre 2011.
Médiapopéditions
Format: 12 x 18 cm
Pages: 164
Prix: 15 euros