C'est après avoir reçu le livre Trésors Cachés de la Côte d'Azur, de Benoit Grimalt (http://actuphoto.com/19805-benoit-grimalt-tresors-caches-de-la-cote-d-azur-en-signature-a-la-librairie-photographique.html), que avons voulu en savoir plus sur son éditeur, les éditions Poursuite. Petit livre délicat imprimé en risographie (procédé qui s'apparente à plusieurs photocopie successives, ajoutant une couche de couleur à chaque fois), il évoque le territoire d'enfance de l'auteur en confrontant des clichés sur la côte d'Azur («un paradis que le monde entier nous envie», etc...) aux images actuelles des à-côtés de la région, bétonnés et moroses. Pourtant, le recit personnel auquel les images se rattachent (le livre ouvre sur un email du père à l'auteur, expliquant comment, attiré par une publicité dans un journal local, il est venu avec sa femme installer sa famille) donne au tout un registre intime attachant ; un état d'esprit qui parcourt la plupart des parutions des éditions Poursuite, animées par une équipe réduite et attentive aux finitions de parutions à petit tirage. Nous avons donc rencontré Benjamin Diguerher, co-éditeur aux éditions Poursuite.
Quand est-ce que cela a commencé, qui est derrière les éditions Poursuite ?
En 2005. Nous sommes 3, en statut associatif de maison d'édition. On a du faire 17 ou 18 parutions depuis. A la base, nous étions trois photographes, avec chacun des travaux, de retour de voyage. On voulait faire des livres avec ces contenus, on a commencé par auto-éditer, cela a marché et on a donc continué, avec d'autres photographes.
A côté des éditions Poursuite, vous travaillez dans le domaine ?
On est bénévoles dans l’association, et effectivement on a tous des jobs à côtés. Je suis maquettiste-graphiste, Laurent Chardon est photographe et Damien Froidevaux travaille dans une boîte de production de films.
Avez-vous des références en terme d'éditeurs ?
Pas clairement. Roma Publication (http://www.romapublications.org/), des Neerlandais qui font des tas de choses différentes en matière de format, de sujets... En France, Filigranes (http://www.filigranes.com/main.php) ont été les premiers à faire de petits formats à des prix attractifs. Ce sont ceux qui me viennent en tête, mais nous avons des tas de références à gauche et à droite.
Je feuillette Dans la Neige.
Grégory Valton, Dans la neige
On a sorti ce livre il y a trois ans. La mère de l'auteur a disparu il y a dix ans, et il retourne dans l'ancienne maison de son enfance, dans laquelle il n'était pas retourné depuis très longtemps. Un sujet autour de la disparition, qu'il a pensé en 3 parties ; on vient de sortir la deuxième partie, et il est actuellement en résidence dans les Pyrénées pour finir de traiter le sujet sous forme d'auto-portrait.
En ce qui concerne l'impression, travaillez-vous toujours avec les mêmes partenaires ?
On a longtemps travaillé avec les mêmes, jusqu'à changer il y a peu de temps pour aujourd'hui travailler avec un imprimeur de Nantes, le Govic, pour notre partie Offset, qui est la principale. On a aussi essayé des choses en risographie – Trésor Caché de la Côte d'Azur de Benoit Grimalt – ou en sérigraphie.
En ce qui concerne le contenu, avez-vous des thèmes de prédilection ? On sent émerger la thématique du territoire, du terroir et du paysage...
C'est vrai que la thématique du territoire est présente. Nos goûts évoluent, mais on est avant tout dans un registre documentaire, autour du territoire, des voyages, sans que des thèmes particuliers soient définis.
Je connaissais le sujet Do you know Syd Barrett de Benoit Grimalt pour l'avoir vu dans un magazine de musique, Voxpop.
Oui, ce sujet a bien tourné, il a aussi eu des expositions. Avec le plus récent, Trésor Caché de la Côte d'Azur, c'est notre troisième parution avec Benoit Grimalt. Il a aussi fait un jeu de cartes postales avec nous.
Comment rencontrez-vous les auteurs, sont-ils des proches au départ ?
Philippe Loparelli, Autre Eden
Ce sont des rencontres. Certains étaient proches dès le départ, d'autres non, des relations se sont nouées. Philippe Lopparelli (Tendance Floue) est par exemple venu vers nous à la recherche de petite éditions, petit format, il voulait nous présenter des projets, 2 ou 3, on a flashé sur celui-là. Il n'avait jamais été publié, on a décidé de le faire ensemble.
L'édition d'ouvrages à petit tirages, l'auto-édition, est très active. Vous étiez vous-même à un événement à la librairie du Bal récemment. Quel regard portez-vous sur cette nouvelle scène, y êtes vous intégré ?
C'est vrai que le Bal cristallise cette scène, qui s'est développé depuis l'ouverture du lieu il y a un an. Nous étions également présents à Offprint Paris, nous y serons cette année également.
Quels sont vos projets d'édition actuels ?
Nous travaillons sur un livre de Nicolas Frémiot, à paraître le 15 octobre. Le photographe a fait une marche de 15 jours autour de Béthunes. A notre échelle, c'est un changement d'ampleur ; une centaine de pages. On travaille également sur un projet avec François Deladerrière, un photographe du Sud, et un autre avec Miquel Llonch , un espagnol. Ce sera notre premier projet en co-édition, avec une maison d'édition espagnole, Veinticuatro. Le livre sera publié en catalan, français et espagnol.
Avez-vous une préférence personnelle parmi tous les livres que vous avez sorti ?
A mes yeux, ils sont tous très différents, mais je les ai tous soutenu de la même façon !
Propos recueillis le 23 septembre 2011 par Antoine Soubrier.
Le site des éditions Poursuite : http://www.poursuite-editions.org