Qu'a t-il bien pu se passer en 1961 ? Un mur de fer et d'acier s'est érigé à Berlin et a divisé l'Allemagne en deux, la politique agricole commune (PAC) est adopté par la CEE, les Beatles enregistrent leurs premier album, non ça n'est rien de tout ça. Oleg Kulik nait, à Kiev.
L'artiste contemporain russe qui se définis comme « artiste, écrivain, chien, géologue et pitre » possède un parcours atypique. Fils d'un haut placé du Parti Communiste, il comprend très vite que ce monde n'est pas fait pour le comprendre. "Je voyais que la société dans laquelle je vivais était profondément contradictoire. Elle était à tel point perfide, vindicatif, impitoyable et stupide qu’elle tuait la vie elle-même”. Le déclic artistique vient après avoir découvert les oeuvres de Soljenityn qui l'ont “provoqué”. Son parcours dans l'art est parsemé de grands et de petits echecs, de “créations et de déstructions de l'ego”.
Le provocateur
On le connait surtout pour ses expériences artistiques qui visent à interpeller l'attention de l'audience. En novembre 1994, Oleg Kulik fait le chien. Pourquoi faire le chien ? Voilà la réponse : “ L’animal est un être qui manifeste du respect universel vers le tout autour. Je voulais l’apprendre, je voulais atteindre la dissolution complète et la compréhension de ce monde où je me suis retrouvé. C'était l’animalité sensé. Je suis devenu l'animal en principe. L'animal comme tel. L’homme-chien est une métaphore de recherche du sens dans le monde que je ne comprends pas. Quand on ne comprends rien dans le monde, rien ne sauve – ni la littérature, ni la musique, même pas l’internet. Le vingtième siècle était un grand siècle du développement de la civilisation, de la perfection technique et culturelle. Par contre, dans l'histoire de l'humanité il a été marqué par la suppression la plus grave des gens et par le dédain total des valeurs culturelles, tout est écrasé.... La foi a été interdit à la moitié de l'humanité, la deuxième moitié l’a refuse elle-même. Il s’est trouvé qu’on ne pouvait plus compter sur l’homme de la Renaissance dont le nom sonnait fièrement,! Comment peut-on se nommer l’homme, si on ne peut expliquer rien de ce qui s'était passé durant les derniers cent ans dans la communauté humaine. Mais je comprends parfaitement ce que le chien sent et pense. Ici il ne s’agit pas du chien, mais du fait qu’on se met à quatre pattes, qu’on regarde le monde plus lucidement : je crois - je ne crois pas!”
Oleg. Kulik. Mad Dog, or Last Taboo Guarded by Alone Cerberus (together with Alexander Brener). Moscow, Yakimanka street in front of the M. Guelman Gallery. November 23, 1994
Les scandales, bonne publicité.
Et c'est justement ces photos de chien, très controversées qui vont être l'objet du scandale en 2008 à la FIAC. Mais ces personnes n'ont permis qu'une seule chose, lui donné une promotion gratuite. Quelques mois après il “priais très longtemps pour que ma mise-en-scène de Vespro della Beate Vergine, 1610 de Monteverdi à Paris se passe bien. Trois mois avant, un tel scandale terrible éclate. La personne accusé de toutes les deviations possibles sexuelles met en scène Les Vepres De La Vierge. Cela a réchauffé le public à tel point que les billets ont été vendus en trois mois.” Un autre scandale a éclaté en Suisse chez le galeriste Ruethmueller, pour sa série de photos en noir et blanc “Le nouveau paradis”. Ce sont des montages de photos, des ombres translucides de personnes nues s'embrassants. Pour les critiques voilà ce qu'il répond : “Quand on regarde une publicité, on voit une jeune fille à jambes écartés assise avec un sac “Gucci” sur la tête, cela ne les trouble pas malgré le fait que les enfants regardent. Par contre, des ombres translucides s'embrassants provoquent l'arrestation, la police”
La France, terre de solutions ?
Celui qui a connu le communisme, la chute du communisme et le post-communisme a vu évolué sa Russie. A la chute du communisme il attendait comme tous ses compatriotes “la modernisation”, résultat vingt années ont passé et c'est “de nouveau la stagnation, la crise économique”. Il se rappelle avoir lu un livre “L'avant-garde volée” dans lequel était expliquer la fuite de l'avant-garde de l'Europe vers les Etats-Unis dans les années 20 et il pense que ce phénomène va se reproduire dans l'autre sens. “Il me semble que le temps est venu et toutes les circonstances favorables me semblent présentes pour que l'avant-garde revienne de nouveau en Europe, mais en Europe unie où il se répanderait et s’affermirait dans plusieurs centres. Je vois la France en tant que le premier et le principal point du retour, avec ses racines solides, notamment spirituelles (pas égale religieuses) qui est capable de les cumuler avec les souffles du nouveau temps.”
Oleg Kulik, l'homme au multiples facettes prépare actuellement la mise en scène du Messie Haendel au Théâtre du Châtelet.
Magot Julien
Copyright photos : Oleg Kulik