Ethan Levitas est un photographe américain. Son exercice est ancré dans l'observation à travers la contextualisation des moments quand le concret et le métaphorique se rejoignent. Il s'est rendu au Japon où il a crée et dirigé un programme dans un lycée pour adultes. Entre 2004 et 2008 il a réalisé une série sur le métro de New York qui a mené à l'exposition « Untitled/This is just to say ». Désormais il expose à Paris, à la galerie Polka « In Advance Of A Broken Arm », une série sur la fameuse police new-yorkaise, la NYPD.
Comment l'idée de cette exposition vous est-elle venue ?
Mon précédent travail, « Untitled/This is just to say », présentait des rams de métro comme métaphore pour montrer l'idée de regarder « dedans », regarder pour rendre palpable une identité collective. C'était un thème qui se réalise sur le long terme. Je n'ai pas seulement cherché à trouver des endroits, mais utiliser la photographie et la relation du photographe individuel avec le lieu et les gens pour savoir qui nous sommes et n'ont pas qui ils sont. C'est ce que j'ai fait avec l'exposition sur le métro.
J'ai suggéré que l'on peut dire beaucoup sur la société juste en regardant le métro, ce qui est vrai.
J'ai passé beaucoup de temps lorsque je faisais ces photographies à attendre la police car j'aurais pu être suspect et je ne voulais pas avoir de problèmes mais je voulais faire ces photos qui sont, bien évidemment légales. Nous avons une société prisée et ouverte, nous avons des garanties consitutionnelles et des documents politiques fondateurs comme le « Bill of Right ». Ce sont des dispositions importantes de la culture américaine qui sont de plus en plus attaquées. J'ai passé la plupart de ces cinq dernières années à faire ces photographies de train et à me cacher de la police.
J'ai été arrêté plusieurs fois mais d'autres ont été arrêtés abusivement. Plus je voyais cela plus cela me frustrait. J'ai vu beaucoup de personnes se faire arrêter à Londres. Alors au lieu d'éviter la police je me suis mis à la chercher.
Pour un photographe, est-ce que la peur est spécialement présente à New-York ?
Je ne sais pas si c'est spécialement à New York. Je pense que c'est un peu plus grave à Londres qui ironiquement possède le plus grand nombre de CCTV que n'importe où dans le monde. C'est une assertion assez folle. L'Etat photographie les personnes, tout le temps, partout, implacablement et les personnes se photographient elles-mêmes. C'est absurbe et c'est une des choses que j'essaye de montrer. Mon travail sur le métro, n'était pas sur le métro. C'était un moyen. Ici ce travail n'est pas sur la police, même si la police est l'un des sujets sur les photos. L'autre sujet, c'est moi. Ce que le travail représente est plus abstrait, à propos du pouvoir, de la descence, et plus fondamentalement et cela c'est toujours produit pour moi, à propos de la nature même du photographe. Le travail est réflecteur sur le média lui-même.
C'est difficile d'ignorer le fait que depuis 2001, à New york et dans la plupart des villes majeures cette idée de photographe public est devenu de plus en plus soumis à une pression. Le photographe a toujours été regardé avec méfiance car un appareil photo est un média puissant. Il y a donc toujours cette appréhension de qui est cette personne, qu'est-elle en train de faire et pourquoi il est en train de regarder.
Vous avez dit « New-York est Ground Zero ». New York se souviendra pour toujours de ces évènements tragiques. New-York est-elle une ville où l'on se sent en sécurité ?
Mon avis sur la question est que New-York n'est pas une ville de terrorisme, et heureusement. Lorsque je dis que c'est réflecteur sur le média, « Ground Zero » pour les personnes qui appellent cela de la « street photography » ou photographie de rue mais ça ne l'ai pas exactement. Il s'agit en réalité de photographie documentaire, avec une pratique plus subjective et c'est l'ambition du monde de tresser ces choses ensemble. New york a toujours été « Ground Zero ». C'est une sorte de lieu de naissance, un point de départ pour cet engagement presque pure du photographe de trouver un lieu et des moments privilégiés. Ces instants remplis d'énergie qui utilisent les qualités robustes de ces photographies.
Le 4 novembre 2008, Barack Obama était élu. Comme New-Yorkais mais avant tout comme Américain, qu'avez vous ressenti ?
Je pense qu'il était fantastique pour un grand nombre de raisons, je ne peux pas toutes les lister. Les discussions politiques sont un peu difficiles et frustrantes aux Etats-Unis, et très rarement sur ce qu'elles devraient réellement être. Une des choses que j'espère pour mon travail, c'est qu'une société moderne et démocratique dépende d'un peuple engagé et informé. Beaucoup de ces discours sont la désinformation qui est une idée moderne de la politique. Mes photographies sont faites pour clarifier et nous regarder nous-même et créer des discussions et des dialogues pour mener les citoyens de qui ils sont, qui ils veulent être.
«La photographie est une sorte de lecture symbolique ». Comment expliquer que certains photographes ne respectent pas cela ?
La première étape de ma pratique comme je l'ai dit est basé sur l'observation ce qui veut dire que je ne romance pas, que je ne met pas en scène. En premier lieu je suis quelqu'un qui regarde. Je regarde pour trouver des canaux de significations basé sur des expériences qui arrivent et que j'expérimente. La première partie de mon travail est basé sur la réalité et la manière dont je regarde est une peu littérale. J'obtient le mieux, en lisant les photographies par l'utilisation de métaphores euphémiques. C'est assez unique le pouvoir de la photo. Nous visualisons si il y a de la romance, nous voyons une certaine représentation de la réalité et en même temps avec la réalité nous pouvons aussi la lire poétiquement. La rencontre du concret et du métaphorique est au coeur de ce qui rend la photographie un puissant média.
Magot Julien