© Eric Canto
Fini, les guitares saturées, les chants énervés. Eric Canto a fait le tour de sa musique, de son « métal virulent ». Il a de plus en plus le sentiment que ce qu’il faisait ne « plaisait pas plus que ça ». Ne voulant pas quitter le monde la musique, il se tourne alors vers la photographie qui semble être le bon compromis. Le domaine de la musique l’intéresse sous toutes ses facettes et plus particulièrement l’aspect live. Il a arrêté la musique car il pensait qu’il y avait « d’autres choses à aller voir ».
Ses méthodes de travail, sont simples. Chaque photographe s’exprime avec son propre point de vue. « Un bon photographe doit aller chercher le moment représentatif d’un live. » Un concert, c’est un événement, c’est la projection de plein de choses, et chaque photographe va y « puiser sa sensibilité ».
Un des tournants dans sa carrière restera sa rencontre avec le groupe de neo-métal français Mass Hysteria. Fan aguerri du groupe, il a acheté leurs CDs avant de réaliser la couverture de leur dernier album. Ce qu’il y a de plus sympathique quand on regarde le parcourt de Eric Canto, c’est que l’on voit avant tout qu’il a été passionné par les groupes qu’il suit désormais. Pour Mass Hysteria la rencontre s’est faite par l’intermédiaire de leur guitariste, lui-même passionné de photographie. « Mon travail lui plaisait et je lui ai dit que travailler avec eux seraient très intéressant. Je suis tombé sur des gens très ouverts, qui n’ont pas du tout la grosse tête, l’échange a donc été rapide. »
Le relationnel dans son métier c’est pour lui l’essence même d’un bon travail. « Il y a des personnes avec qui on commence à travailler et on se rend compte qu’elles ne sont vraiment pas intéressantes. Ce qu’on a pu croire par rapport à la musique ou au visuel s’est révélé trompeur, alors que pour d’autres on avait des apriori et on se rend compte que c’est des gens adorables. »
Outre l’aspect humain qu’il donne à son travail, c’est une véritable ouverture d’esprit que lui a confessée sa passion. « Quand je faisais de la musique j’étais toujours dans des catégories, quand on fait de la pop on s’auto-persuade qu’il n’y a que ça, quand on fait du métal on s’auto-persuade qu’il n’y a que ça et la photo m’a vraiment apporté une ouverture complète qui est d’aller et photographier un petit groupe dans une petite salle où il y a 100 personnes et d’aller photographier dans un stade un groupe énormissme ». Son métier l’a rendu moins obtus et ouvert à tout.
Malheureusement, le monde de la musique est en crise et elle touche tous les échelons de cette industrie, y compris les photographes.
« La difficulté que rencontre tous les gens qui travaillent dans la musique, c’est l’aspect financier, le téléchargement a coupé trois quart des sources de revenus des labels et des groupes, il n’y a plus de budget du tout ». A terme il ne voit pas de solutions, « les gens aujourd’hui ne peuvent plus vivre de la musique »
La musique et la photographie ont apporté beaucoup de choses dans la vie d’Eric Canto et il a décidé de le montrer. Il n’avait pas l’idée de réaliser des expos photos et c’est pourtant désormais son ambition « Je vais commencer les expos, en novembre à Paris avec l’agence HK art. J’ai été pris au jeu et je suis en train de développer une expo sur des photos live avec un concept de photos en très grand tirage et ça je trouve ça assez passionnant. » Début 2011, entre sortis CD et live, il réalisera une exposition sur Londres.
Eric Canto a compris comment faire de deux passions un métier qu’il aime. Il l’affectionne tellement que ça se ressent à travers ses clichés et au son de sa voix.
Pour consulter le site d'Eric Canto : http://www.canto-photographer.com/">http://www.canto-photographer.com/
Magot Julien