Stephen Shore, bonjour et merci à vous d'avoir accepté cet entretien pour Actuphoto.com. Photographe depuis votre plus jeune âge, votre parcours est remarquable. Vous avez rencontré Edward Steichen, travaillé avec Andy Warhol, exposé au MOMA à 23 ans, vous avez entrepris par la suite plusieurs voyages à travers les USA dont deux séries ont fait suite : « Uncommon Places » et « American Surfaces ». Vous êtes présent à la librairie Artazart ce vendredi 28 Mai 2010 à l'occasion d'une rencontre-signature dans le cadre du Corner Phaidon. Cet événement est l'occasion de découvrir la collection de livres des éditions Phaidon jusqu'au 17 Juin 2010.
Aujourd'hui vous êtes un des pionniers de la photographie couleur, quel a été l'élément déclencheur qui vous a permis de faire la transition du noir et blanc à la couleur.
Je suis venu à la couleur avec 3 projets que je réalisais alors en 1971 : « All the meat you can eat », la série « Postcards », une collection de cartes postales du Texas et les photos « Mick-o-Matic » prises avec un appareil instantané. Je me souviens aussi d'un type, pendant une soirée. Je lui ai montré quelques une de mes photos et il a été choqué. Il s'attendait en fait à voir des photographies en couleur. Sa réaction m'a marqué. En parallèle, Paul Strand, galeriste, a essayé de me dissuader de travailler en couleur, il pensait que les émotions ne pouvaient s'y exprimer.
A travers vos images, on sent que vous êtes un grand technicien de l'image par vos compositions. Qui vous a enseigné ou inspiré la composition ?
Walkers Evans surtout, quand nous étions dans son atelier. Mais j'ai aussi trouvé cette inspiration dans les peintures, les images et les livres que je regardais. La musique de Bach m'a aussi profondément inspiré.
Vous avez voyagé à travers les Etats-Unis dans les années 1970, ce qui a donné lieu à 2 séries : American Surfaces and Uncommon Places, quelle région avez-vous préféré ?
Le Sud Ouest des États-Unis.
En regardant la photo "Beverly and La Brea", j'ai eu un sentiment de vide. Pouvez-vous nous parler un peu plus de cet endroit ? A quel moment de la journée avez-vous pris la photo ?
Cette photo a été prise à Los Angeles. Je ne me rappelle pas exactement du moment. Vous pouvez seulement voir des voitures, personne à LA ne se promène à pieds. Je connais quelqu'un une fois qui se baladait dans LA, il a été interpellé par les policiers, qui se demandaient ce qu'il faisait à pieds !
Sur certaines de vos images, on comprend que vous êtes un photographe intimiste. Pouvez-vous nous expliquer votre manière d'appréhender ces scènes ? Vous a-t-on reproché le fait de photographier leur intimité ?
(…)
Comme cette photo, où un homme est étendu sur un canapé, avec une fille allongée sur lui.
C'était mes deux meilleurs amis alors ça a été.
Vous enseignez au Bard College, est-ce que votre enseignement affecte votre propre travail ?
Ça fait 20 ans que j'enseigne. J'ai en tout 16 étudiants. Je dois donc penser comme 16 personnes. Je les guide sur leur propre voie, je vois à travers leurs yeux. Forcément, ça modifie mes idées, ça me donne des inspirations différentes.
Pour finir, travaillez-vous sur un projet en ce moment ?
Oui, je travaille sur un projet à long terme avec 9 autres photographes, sur la photographie dans son réel.
Claire Pesqueux