Un tribunal du nord ouest de la Tanzanie a inculpé trois hommes à la peine de mort par pendaison, pour le meurtre d'un jeune albinos de 14 ans. Les coupables auraient attaqué, en Décembre dernier, à Bukombe, dans un quartier de la province de Shinyanga, Matatizo Dunia, et auraient sectionné ses jambes. Les trois accusés peuvent faire appel à leur sentence, jugée inattendue par leurs avocats.
Déjà deux ans auparavant la Tanzanie avait enregistré une recrudescence de meurtres envers les albinos. Certains sorciers africains utiliseraient leur corps dans des potions qu'ils revendiquent apporter richesse. Une douzaine de personnes avaient alors été arrêtés. Mais le système judiciaire est notoirement lent.
Un travail approfondie a été réalisé par le photographe Franck Vogel, sur la condition de vie des albinos en Tanzanie. Ils atteignent rarement la trentaine « entier », nous explique-t-il. Le gouvernement essaie d'y remédier mais « cela n'est pas suffisant » ajoute le photographe. Car le président seul ne peut pas stopper le développement d'une croyance criminelle partagé par tous les hommes politiques, y compris les ministres et chef de la police. Pourtant le gouvernement de Tanzanie a ouvertement montré qu'il veut mettre un terme à ces crimes. Le président Jakaya Kikwete a appelé les tanzaniens à se tenir informer des nouvelles "règles".
Les albinos, à peu prés 17 000 en Tanzanie, sont tués parce que des potions préparées à partir de certains de leurs membres apporteraient chance et fortune. Certains sorciers tanzaniens, et d'autres parties d'Afrique de l'est, mais spécialement à Burundi, récoltent des milliers de dollars. Tout cela en vendant des potions et autres "produits" préparés à base d'ossement, de cheveux, de peau et d'organes d'albinos morts. Ils paient très cher pour se procurer leurs organes.
En Juillet également, un tribunal voisin de la ville de Burundi, a jugé et condamné neuf personnes toutes inculpées pour avoir commis des meurtres sur des gens atteints d'albinisme. Les neuf accusés ont eu de lourdes peines dont un, la prison à vie.
Mais dans un pays aussi pauvre que la Tanzanie, ces meurtres qui rapportent gros sont malheureusement une des dernières sources de revenues pour les habitants. Amputés vivant, les membres des albinos s'échangent pour des fortunes. Là où l'emploi se fait rare … le crime paie.
Gayané Akkus / Actuphoto.com