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Histoire de la photo Tchèque

Vendredi 03 Août 2012 15:13:22 par actuphoto dans Chroniques

PRAGUE
La République tchèque n'est pas un grand pays, mais sa situation géographique au coeur du continent en fait un carrefour naturel de tous les chemins traversant l'Europe. Il n'est donc pas étonnant que Prague, sa capitale, depuis toujours à l'intersection des influences culturelles venant de l'Ouest et de l'Est, soit aussi un des berceaux de la photographie.
Ferdinand Hessler, professeur à l'Université de Prague, n'a-t-il pas développé ses daguerréotypes aussitôt après qu'on eut inauguré en grande pompe, à Paris en 1839, cette toute première forme de la photographie? Très vite, on assiste à la création de premiers ateliers, suivie de celle des magazines photographiques; les fédérations des clubs d'amateurs connaissent un succès grandissant.
Mais la période la plus brillante de la photographie tchèque est sans aucun doute celle qui sépare les deux guerres. A ses débuts on trouve la personnalité marquante de Frantisek Drtikol, créateur Art nouveau puis expressionniste convaincu. Son nom ne manque à aucune exposition internationale irnportante et son atelier est le point de rendez-vous des gens qui comptent. La revue parisienne Les Artistes d'aujourdhui écrivait en février 1926 :"Il est l'un des plus grands artistes de notre temps." Néanmoins, à cette époque, d'autres grands noms de la photographie tchèque occupent le devant de la scène, porteurs d'une qualité particulière, car dans ce petit pays au coeur de l'Europe, toute aspiration artistique ou spirituelle née en dehors de ses frontières est rapidement assimilée et refondue pour réapparaître sous une forme spécifiquement tchèque. Non seulement la photographie, mais l'art tchèque en général véhiculent un curieux mélange d'humour, de grotesque et d'absurde - ce mélange du lyrisme et de l'ironie, qui a donné naissance à l'immortel Brave Soldat Chvéik de Hasek et aux protagonistes des oeuvres de Franz Kafka. Rassemblant les élans modernistes de toute l'Europe avant-gardiste, la photographie tchèque des années 20 et 30 donne au monde toute une pléiade de créateurs majeurs tels que Josef Sudek, Jaromir Funke, Jaroslav Rossler, Jindrich Styrsky, Frantisek Vobecky, Eugen Wiskovsky, Miroslav Hak ou Jiri Sever, En ce temps, les cinéastes et les architectes proposent leurs images dans les expositions, des publications font oeuvre de pionniers. La photographie ne veut pas être uniquement le reflet de la vie, mais aspire à la transformation de celle-ci, La manifestation la plus importante de l'époque est sans doute "l'Exposition internationale de la photographie" organisée à Prague en 1936. Auprès des photographes Tchèques figuraient Man Ray, Laszlo Moholy-Nagy, Alexander Rodchenko, Boris Ignatovitch, Hans Bellmer et John Heartfield, alors réfugié à Prague après sa fuite de l'Allemagne nazie. En 1933, on inaugure au palais Metro la première Exposition internationale de la photographie sociale, qui se veut le manifeste d'une création politiquement et socialement engagée; on note la participation des "photographes ouvriers" français, slovaques, allemands et soviétiques.
L'année suivante, le fondateur du groupe Film-foto de la Coalition de gauche Lubomir Linhart publie son livre révolutionnaire Socialni fotografie, En 1934 apparaît à Prague le Groupe des surréalistes, qui compte parmi ses membres les photographes et auteurs de photomontages comme Karel Teige, J. Styrsky ou Jindrich Heisler. En 1939, déjà après l'occupation allemande, s'ouvre une vaste exposition, "Cent ans de photographie tchèque':
où, illustrant les idéaux avant-gardistes de la période de l'entre-deux-guerres, s'articulent à dessein la photographie d'art et la photographie documentaire, publicitaire et scientifique, Cette période d'avant-garde de la photo tchèque adurablement influencé les générations ultérieures. Autant les surréalistes de l'après-guerre (Emila Medkova, Vilém Reichmann) que les commentateurs de la vie (Vaciav Chochola, Zdenek Tmej), les photographes humanistes (Milon Novotny, Pavel Dias, Dagmar Hochova) ou les documentaristes.
L'arrivée du communisme en 1948 ou le retour de la démocratie en 1989 - avec ses avantages et ses effets pervers - n'y changèrent rien. Le lyrisme, le côté ludique, la présence de multiples sens, l'absurdité et l'ironie caractérisent autant les photographestémoins rendant compte d'une réalité dans laquelle ils n'interviennent pas, que ceux qui arrangent cette réalité ou la recréent de mille manières. Parmi les premiers on trouve Josef Koudelka (aujourd'hui vivant alternativement à Prague et à Paris), Markéta Luskacova (qui se partage entre Prague et Londres), Jindrich Streit et Viktor Kolar (tous les deux enseignent au département de photographie de l'Académie cinématographique FAMU de Prague, mais vivent ailleurs), Pavel Stecha, Jaroslav Kucera et Karel Cudlin (documentaristes tchèques typiques,dont les photos témoignent essentiellement de ce qu'elles ne montrent pas), Jan Reich et Karel Kuklik (chercheurs de mystère dans les choses ordinaires, dans le style de Josef Sudek) et bien d'autres.
Parmi les seconds on peut citer par exemple Jan Saudek (metteur en scène entêté, dans son atelier, du "théâtre de la vie"), Pavel Mara, Michal Macku, Stepan Grygar, Ivan Pinkava, et une multitude d'auteurs venus de Slovaquie au tournant des années 70 et 80, pour étudier à la FAMU de Prague. Ils se sont imprégnés de son atmosphère, de son esprit, et ont fini par rester, tout en apportant au mystère de la poétique tchèque, relevée d'un zeste d'absurdité, une sorte de nouvelle joyeuseté. Tono Stano, Peter Zupnik, Miro Svolik, Vasil Stanko, Rudo Prekop, Kamil Varga sont de véritables choréographes des scènes comportant des éléments de collage et de montage, la touche finale au pinceau et d'autres effets spéciaux. Une sorte de "réalité irréelle" est, bien entendu, le trait marquant qui les définit tous. Le Chvéïlk de Hasek et monsieur "K" de Kafka n'en finissent pas de se tendre la main.
C'est à Prague que se trouve le centre de gravité de l'activité photographique de tout le pays.
Au Musée des Arts et des Métiers sont réunis les tirages originaux les plus importants des auteurs classiques et contemporains. Les meilleures acquisitions datent des années 70, époque où la conservatrice de la collection était Anna Farova. (Umeleckoprumyslové museum, Praha 1, place de Jan Palach 2) L'Académie cinématographique FAMU est devenue une véritable pépinière de talents tant nationaux qu'étrangers, depuis que Jan Smok y a créé en 1975 une filière photographique indépendante. (Praha 1, Smetanovo nabr. 2).
C'est de 1958 que date une initiative éditoriale unique dans le monde à cette époque, à savoir la publication, dans la collection Umelecka fotografie, d'une série de monographies consacrée aux plus importants photographes tchèques et étrangers. Depuis le premier volume, rédigé par Anna Farova et consacré à Cartier-Bresson, 43 autres ont été publiés jusqu'à 1989. Les éditions Fototorst de Viktor Stoilov (Praha 1, Opatovicka 24) ont pris la relève après cette date.
La revue Fotografie-Magazin est, depuis plus d'un siècle, le mensuel professionnel consacré à l'activité photographique nationale et internationale. (Praha 7, Dobrovského 25).
De 1957 à 1990 paraissait, en tchèque et en russe, le magazine trimestriel international Revue Fotografie qui, dans les années 60 et 70, constituait une passerelle importante entre les artistes de l'Est et de l'Ouest.
En 1989, à l'occasion du 150e anniversaire de la naissance de la photographie, fut présentée au public une exposition unique en son genre. Sous son titre "Qu'est-ce que la photographie", on a pu découvrir 1.200 tirages originaux provenant des collections de 100 musées, galeries et institutions de vingt pays. En montrant, en vis-à-vis, l'évolution de la photographie des deux côtés du rideau de fer, à la veille de la chute de celui-ci cette manifestation témoignait d'une aspiration à l'abolition des clivages politiques de par le monde. La commissaire de l'exposition était Daniela Mrazkova.
Depuis 1995 a lieu, tous les ans, le concours Czech Press Photo. Prolongé par une exposition itinérante, c'est le plus important concours tchèque ouvert aux professionnels.
Le jury en est prestigieux: cette année-ci en faisaient partie, entre autres, Anne Cartier- Bresson (France), Michael Conway (Allemagne), Vladimir Viatkine (Russie) ou Antonin Kratochvil (USA). L'exposition, qui se veut un reflet de l'année écoulée, s'ouvrira le 17 novembre à l'Hôtel de ville puis sillonnera le monde.
Daniela MRAZKOVA
Paris Photo, n°11, novembre-décembre 2000


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