Truck and Sign, 1928-1930 © Walker Evans
Chroniques du 26/04/2017 au 14/08/2017 Terminé
Centre Pompidou Place Georges Pompidou 75004 Paris France
« Enfin Paris, chose incroyable ! » sont les mots que prononce Walker Evans, en 1926, lorsqu'il arrive à Paris.Centre Pompidou Place Georges Pompidou 75004 Paris France
De son voyage à Paris et ses débuts en temps que photographe amateur, le Centre Pompidou nous livre jusqu'au 14 Août une rétrospective à ne pas manquer. L'exposition commence avec une série d'autoportrait de Walker Evans. Des clichés tantôt mystérieux et tantôt amusants qui montrent l'exercice auquel le jeune photographe se livrait avec lui-même dans des photomatons en écho avec des écrits, de Baudelaire ou encore Blaise Cendrars qu'Evans a traduit. Et pourtant, Paris n'a pas le monopole, les Etats-Unis avec les façades de Broadway qui font des couvertures, les jeux de lumière, de perspective et d'angle sont révélateurs des premiers essais d'un pionnier. Le New York City des années 1930, les rues, ses gens et ses immeubles sont un terrain de jeu incontestable pour le photographe. Et alors que la période parisienne est marquée par un certain surréalisme, New-York marque une période de modernisme classique. On parle alors de clichés marqués par la plongée, la contre-plongée, le gros plan, le décadrage, la surimpression ou les jeux graphiques qui font son style et qui correspondent à celui de la Nouvelle Vision.
New york City Corner © Walker Evans
Dans l'évolution du photographe, la rencontre et l'indubitable influence de Lincoln Kirsten et Bérénice Abbott n'est pas passée sous silence. Des photos de ces derniers sont également apportées à l'exposition pour faire écho à cette influence qu'ils ont eue sur Walker Evans.
En parlant d'influence, une autre est imprégné dans le travail du photographe. Celle de la culture publicitaire, métier qui lui reste de son univers familial. Les affiches, les cinémas, les banderoles et les cartes postales agrémentent l'exposition dans des niches qui permettent une mise en perspective concrète des œuvres. Le témoignage d'un proche apporte une anecdote: après avoir photographié ces affiches, banderoles et carte postale, le photographe adorait les arracher pour les ajouter à sa collection d'objets dérobés.
Penny Picture Display © Walker Evans
Houses and Billboard © Walker Evans
Puis, certainement les plus marquants et les plus humains, ses clichés de ceux qu'il appelait les « humbles ». Alors, Evans s’intéresse aux gens, aux anonymes du quotidien avec la série réalisée dans le métro. La série des « Labor Anonymous », des ouvriers dans leurs élans, qui vont travailler ou en sortent. Puis les mineurs, aux visages marqués, aux traits creusés et au teint noirci.
Subway portrait © Walker Evans
Untitled Detroit © Walker Evans
Et vient ensuite l'Alabama et les portraits magnifiques, parmi d'autres, de la famille Burroughs. Allie Maé Burronghs raconte dans un enregistrement audio le passage d'Evans et son ami chez eux, alors que la Grande Dépression s'abat sur les Etats-Unis, elle révèle un aspect inconnu du photographe. Garçon silencieux et qui n'aide pas dans le quotidien de la maison, cela met en lumière celui qui cherche à disparaître derrière son boîtier.
Allie Mae Burroughs © Walker Evans
Alabama tenant farmer © Walker Evans
« Il ne cherche surtout pas à faire de l'art, mais plutôt à documenter la résilience ou la dignité humaine face à l'adversité ». Ca explique la raison pour laquelle Evans semble avoir un certain attrait pour les situations de crises : immeubles en ruines, déchets, Grande crue de 1937 et un intérêt pour les petites choses et objets du quotidien. La projection, en fin d'exposition, d'un témoignage intimiste de Walker Evans conclu la retrospective.
Le mot de la fin revient à Walker Evans qui dit "J'ai échappé au piège des photos de salons dans lequel beaucoup tombent. … Souvent quand on est jeune, on suit son instinct sans savoir que ce qu'on a choisi est le bon choix ... ".