© Josef Koudelka / Magnum Photos © Centre Pompidou / Dist. RMN-GP
Août 1968, http://fr.actuphoto.com/37115-exposition-la-fabrique-d-exils-de-josef-koudelka.html". Les chars de l'Armée rouge sont entrés dans la ville. Des rumeurs colportent qu'une manifestation de protestation se tiendra le lendemain dans l'après-midi. En réalité, il s'agit d'un coup monté par des agents de Moscou pour provoquer un incident qui justifierait l'invasion. Les citadins sont prévenus à temps et à l'heure du rendez-vous la place est déserte, comme en témoigne la photo de Joseph Koudelka. L'avant-bras du photographe s'avance sur l'image pour nous montrer l'heure, derrière, les rues sont vides.
C'est avec ce cliché historique que s'ouvre l'exposition « La fabrique d'Exils » de Joseph Koudelka au Centre Pompidou. Tirée dans un format plus grand que les autres photos et accompagnée d'une longue explication et d'une remise en contexte, cette image est la seule pièce qui sera aussi référencée. Le photographe de l'agence Magnum, fait le choix délibéré de délaisser les légendes. En refusant que son travail soit la simple illustration d'une histoire ou d'un reportage, il s'affranchit de l'utilitarisme de la photographie.
C'est à partir du don de Joseph Koudelka au Centre Pompidou l'année dernière que cette exposition a vu le jour. Elle s'inspire des « katalog » du photographe, ces planches cartonnées sur lesquelles Koudelka a préparé la composition de son ouvrage Exils. L'enchaînement des clichés n'est donc pas le fruit du hasard : il crée des associations thématiques ou formelles. En résulte une impression uncanny, d' « inquiétante étrangeté » comme le qualifie le fascicule de l'exposition. C'est au visiteur d'imaginer le lien entre les photos, ou alors de simplement se laisser porter par leur étrange poésie. Coupé de toute explication, on expérimente la défamiliarisation, chère aux surréalistes. Une main sur un arroseur automatique, un enfant déguisé en ange qui fait du vélo ou des ombres d'un cortège sur le pavé. Autant d'instants où le temps semble suspendu.
© Josef Koudelka / Magnum Photos
© Centre Pompidou / Dist. RMN-GP
Depuis ses premières séries, sur http://fr.actuphoto.com/37115-exposition-la-fabrique-d-exils-de-josef-koudelka.html"http://fr.actuphoto.com/37115-exposition-la-fabrique-d-exils-de-josef-koudelka.html", Joseph Koudleka a fait de l'exil sa méthode de travail. Sa décision en 1970 d'être apatride signe irrévocablement ce mode de vie. « C'est en quittant la Tchécoslovaquie que j'ai découvert le monde. […] et si je ne trouvais rien à photographier, il était temps de partir ailleurs », explique le photographe à travers des citations inscrites sur les murs. Cette vie de bohème, l'artiste l'embrasse avec joie et philosophie. « Jusqu'à présent tu as toujours dormi quelque part et tu dormiras à nouveau ce soir », se dit le photographe. Et ces endroits incongrus, le photographe nous les montre. Il se met lui-même en scène, en se photographiant lui et son fidèle sac de couchage, le soir avant de dormir ou le matin au réveil.
Joseph Koudelka érige sa liberté en ascèse de vie : il refuse toute commande, il n'a pas de domicile fixe, ni de bien. La vie de http://fr.actuphoto.com/37115-exposition-la-fabrique-d-exils-de-josef-koudelka.html" lui va finalement comme un gant. Le photographe considère sa position comme un privilège. « Etre un exilé exige de repartir à zéro. C'est une chance qui m'était donné. »
© Josef Koudelka / Magnum Photos
© Josef Koudelka / Magnum Photos