© Nights Photographs N-063, Inamuragasaki, Kamakura City, Kanagawa Prefecture (Telephone Booth) 1982
Cet automne, la galerie Polka met à l’honneur le continent asiatique en invitant deux artistes orientaux. Respectivement Japonais et Français d'origine thaïlandaise, tous deux mettent en lumière des thématiques qui leur sont chères : l'urbanisme de nuit pour Toshio Shibata et la communauté transsexuelle pour Tiane Doan na Champassak. Night Photographs est la seconde exposition de Shibata à la galerie, faisant suite à The Abstraction of Space en 2013. En revanche, Sunless est une première pour Champassak chez Polka.
Night Photographs : une plongée au cœur du Japon des années 80.
© Night Photographs N-130, Chigasaki City, Kanagawa Prefecture (Stuffed Birds) 1984
Né en 1949, Toshio Shibata a découvert le milieu artistique avec la peinture à l’Université des arts de Tokyo. Elève brillant, il a continué son cursus en Europe pour le terminer diplômé des Beaux-Arts de Gend (Belgique). Dès le début de sa carrière, il s'est passionné pour la photo de paysage. Au fil de ses projets, il s’est attaché tout particulièrement à capturer les espaces urbains ainsi que le génie civil.
© Night Photographs N-067, Hanamizu, Hiratsuka City, Kanagawa prefecture (Restaurant Cedre) 1982
Avec Night Photographs, clichés issus des archives de l’artiste, Shibata donne vie à des lieux urbains, déserts, capturés toujours de nuit. Le photographe explique qu'à son retour au pays du soleil levant, en 1977, le Japon sort tout juste d'une longue période d'agitation. Après les catastrophes nucléaires qui ont laissé le pays traumatisé, les Nippons se sont transformés en pions sur l'immense échiquier de la Guerre Froide – étant évidemment du côté américain. Le photographe, en choisissant de se concentrer sur ces lieux, essaye de retrouver l'ordre et la rigueur de son pays natal.
Son sujet favori, les autoroutes, est un moyen pour lui de se reconnecter à cette Europe qu’il aime tant. Il confie que photographier ces immenses étendues de goudron lui confère un sentiment d’universalité. En choisissant le noir et blanc pour la majorité de ses photos, l’artiste fait ressortir les formes en détachant les silhouettes du paysage par ce jeu de contraste. Après avoir fait le tour de l’exposition, une impression immédiate frappe : la star de ses photos est l’image, sans protagoniste, elle se suffit à elle-même.
Les beautés transsgenres de Thaïlande.
© Sunless 09, 2012-2013
© Sunless 17, 2012-2013
Cette intimité est éclairée par de puissants flashs qui font ressortir les corps sur fonds blanc, bleu et rouge, couleurs qui ne sont autres que celles du drapeau thaïlandais. Le pays compte environ 67 millions d'habitants, dont 1,2 millions de « http://www.franceculture.fr/emission-sur-les-docks-thailande-23-un-paradis-pour-le-3eme-sexe-2012-01-03">Kathoeys », », ce qui signifie «transsexuels» en thaïlandais. Ces Lady-boys représentent plus de 2% d'une population qui les intègre de mieux en mieux. Tandis que les familles acceptent dans la majorité des cas que leurs enfants choisissent leurs sexes, le gouvernement, lui, refuse de les reconnaître et les force à garder leur identité masculine sur le papier.
Seul regret, malgré la douceur de l'univers dans lequel l'artiste nous amène, il n'y a que très peu de clichés affichés et on en redemande.
© Sunless 01, 2012-2013