© Matt Wilson
Chroniques du 30/10/2014 au 30/11/2014 Terminé
Galerie Les filles du calvaire 17, rue des Filles-du-Calvaire 75003 Paris France
Dans le cadre du Mois de la photo, la galerie des Filles du Calvaire invite deux artistes un peu roots : Mike Brodie et Matt Wilson. Le premier avec des clichés de la série A Period of Juvenil Prosperity et le deuxième qui présente This Place called Home. Les deux photographes, de la section des « Anonymes et amateurs célèbres », se partagent la petite galerie autour du thème du voyage. Chacun propose des photographies intimes, le produit d'une expérience personnelle marquante, récit d'une errance sur un territoire...Galerie Les filles du calvaire 17, rue des Filles-du-Calvaire 75003 Paris France
Le « Polaroïd Kidd » raconte A Period of Juvenil Prosperity
Aujourd'hui, Mike Brodie ne touche plus à la photographie. Fraîchement diplômé de l'Auto Diesel College de Nashville, il travaille comme mécanicien et ne veut avoir aucun contact avec le marché de l'art.
Né en Arizona en 1985, Mike Brodie a commencé son voyage à 17 ans. Il quitte son foyer et s'engage dans une errance qui a duré quatre ans. En 2004, il se lance dans la photographie avec un Polaroïd, d'où il tire son surnom : « Polaroïd Kidd » en postant ses premiers clichés sur Internet. Mike Brodie accumule des milliers d'images constituant une archive rare et précieuse dans le domaine de la photographie de voyage américaine. Il reçoit en 2008 le Baum Award for American Emerging Artist, puis un livre est publié : « A Period of Juvenil Prosperity », une sélection de clichés de la série éponyme, aux éditions Twin Palms.
© Mike Brodie
Extraites de l'unique série de l'artiste, les images de l'exposition « A period of Juvenil Prosperity » retracent le parcours de Mike Brodie autour des Etats-Unis entre 2002 et 2006. Un voyage qu'il a mené seul, comme un « hobbo », explorant le territoire américain au rythme et au gré des trains.
La galerie des Filles de Calvaire lui consacre son rez-de-chaussée. L'exposition ne concerne pas ses premiers clichés Polaroïd, car dès 2006 Brodie s'est converti au 35mm. On y retrouve certaines de ses rencontres, les compagnons qui ont pu croiser sa route, mais aussi la solitude de l'errance. Les décors ressemblent à un désert humain : les grands espaces américains qui bordent les chemins de fer. La quinzaine de photographies laissent un peu le visiteur sur sa faim. Mais heureusement, il y a un autre étage...
© Mike Brodie
© Mike Brodie
© Mike Brodie
Matt Wilson nous parle de This Place called Home
Une myriade de clichés compose l'exposition This Place called Home. À l'instar du format du carnet de voyage, Matt Wilson écrit sur le papier photo les mémoires de son road trip à travers le globe. L'artiste commence par son propre pays puis s'éloigne : d'abord le Royaume-Uni, puis la France, puis l'Europe de l'Est, les Etats-Unis, Cuba et enfin le Cambodge.
© Matt Wilson
Matt Wilson était présent ce jour là au vernissage, et bien qu'il ait « un petit peu chaud » (en français, avec l'accent british), l'oeil brillant et l'envie d'une bière, il raconte ses anecdotes à ceux qui lui demandent... Il explique sa démarche : « Je ne partais pas avec l'idée de faire des photos pour les ramener, je voulais juste enregistrer mes souvenirs ». Le photographe propose un projet personnel avant tout. Il ne s'agit pas d'un travail, mais de notes intimes qu'il accepte de partager.
L'oeuvre se conçoit dans sa globalité, la chronologie et les lieux géographiques ne comptent pas tant que ça. Dans sa mémoire, les images se sont mélangées, organisées par sentiment, par émotion... Les photographies n'ont pas besoin de nom. Dans la pièce, elles sont classées en séries correspondant aux différents continents, mais c'est juste parce qu'il faut organiser les murs de la galerie. Pour Wilson certains souvenirs se rassemblent et se répondent indépendamment du temps et de l'espace.
© Matt Wilson
« Ceci est le voyage de ma vie, c'est quelque chose que j'ai entamé pour trente ou quarante ans. C'est un voyage qui n'est pas terminé ».
Les photos de Matt Wilson sont tirées dans un petit format. Le grain, très marqué vient du goût du photographe pour les pellicules périmées. La lumière est toujours superbe : au déclin, elle semble vouloir exprimer la douceur du passé. L'image est prise dans l'instant et l'acte de photographier paraît peu réfléchi.
Les photographies fixent une rencontre, l'expression d'un visage, la pensée d'un homme loin de chez lui. Matt Wilson fait partager le sentiment des moments uniques qu'il a pu croiser lors de son voyage, cette sensation de liberté qu'il a pu éprouver. Comme un Englishman aux Etats-Unis, l'artiste s'étonne des grands espaces, des paysages stéréotypés, situations irréelles qui rappellent les films des années 60. À Cuba, il expérimente l'errance par de chaudes nuits dans les rues de la Havane. L'exposition propose de voyager dans la pensée et de comprendre le ressenti d'un globe-trotter.
© Matt Wilson
Son oeuvre est très imprégnée de nostalgie : « Ma famille et ma maison en Grande-Bretagne me manquent depuis que j'ai déménagé aux Etats-Unis, il y a dix ans ». Même si on fait du monde entier notre maison, on est bien né quelque part. A la recherche d'un nouvel exotisme, Matt Wilson nous confie qu'il envisage un prochain voyage au Japon. Nous avons hâte qu'il nous raconte, en photo bien sûr...
© Matt Wilson
Gwendolina Duval