Couverture, Neaw-York, 1931 © Walker Evans
Nombreux sont les livres qui se sont attardés sur le travail de Walker Evans. Grand nom de la photographie, il a marqué et capturé l’Amérique des années 1950.
Né en 1903 à Saint-Louis dans le Missouri, Walker Evans passe sa jeunesse dans la banlieue de Chicago. À l'aube de l'âge adulte, il étudie la littérature à l'université. Après un séjour à Paris, à la Sorbonne, le jeune homme se lance dans la photographie, sa nouvelle passion.
En 1929, il fait la rencontre de Lincoln Kirtein, figure culturelle influente des années 30. Cet homme va bousculer la vie de Walker Evans. Il est le premier à croire en son travail photographique et organise, dès 1932, une exposition au musée d'Art moderne de New-York.
Deux ans plus tard, la vie du photographe s'accélère, et son travail prend de l'ampleur. Il débute une collaboration avec le magazine Fortune. Celle-ci l'amène, en 1945, au statut de « photographe officiel » de la revue. Jusqu'en 1965, Fortune lui laisse une grande liberté d'expression. Walker Evans se libère et privilégie la pertinence artistique au détriment de l'information pure. Il ne laisse rien au hasard, jusqu'aux légendes de ses clichés qu'il rédige lui-même. Amoureux de la littérature depuis toujours, l'artiste met un point d'honneur à mélanger ses passions.
La Havane, Cuba, 1933 © Walker Evans
« Flaubert m'a fourni une méthode, Baudelaire un esprit. Ils m'ont influencé pour tout » (Interview par Leslie Katz pour Camera Viewed).
En parallèle, le photographe collabore avec le Times. Ses plus beaux projets ont été publiés durant cette période, dans ces fameux magazines, mais aussi grâce à d'autres supports.
Walker Evans a multiplié les projets et exploré l'Amérique dans ses moindres recoins. Sa série la plus marquante reste celle de « La Grande Dépression », réalisée dans le cadre de son travail au sein de la « Farm Security Administration », administration mise en place par Roosevelt pour faire face à une vague de pauvreté. Entre 1935 et 1938, l'Amérique connaît en effet une grave crise économique suite au krach boursier de 1929, qui n'a pas tardé à contaminer le monde entier. Les classes populaires et les riverains ont été le plus touché. Walker Evans a capturé, de la Nouvelle-Orléans à l'Alabama, ces visages détruits par la catastrophe.
Femme de fermier, Alabama, 1936 © Walker Evans
Fermier, Hale County, Alabama, 1936 © Walker Evans
« La nature m'ennuie à mourir..., je m'intéresse avant tout à la main de l'homme » (Interview par / J.W.Limerick)
Walker Evans est un photographe aux multiples facettes qui se penche sur l'homme, son environnement, et observe le monde qui l'entoure afin de capturer les émotions. Son travail sur « La Grande Dépression » en témoigne : les visages des hommes et des femmes transmettent beaucoup d'émotions. Ses autres projets baignent également de sincérité.
« Ce dont je ne cesse de parler dégage une pureté, une rigueur, une simplicité, une immédiateté, une clarté qui s'obtiennent par absence de prétention à l'art, dans une conscience aiguë du monde » (Harper&Row, NY, 1982).
Dans les rues de New-York, Walker Evans a immortalité les passants. Face à l'objectif, beaucoup jouent du regard et affrontent son appareil. Ses portraits, pris dans le métropolitain, expriment la même vivacité, même si cette fois, tous n'osent pas fixer l'objectif. Ces deux séries donnent lieu à des images pleines de sincérité.
Au-delà du monde vivant, Walker Evans a capturé l'espace et l’architecture qui l'entourait. Immeubles, boutiques, panneaux, voitures, portes... Autant d'inspirations diverses qui donnent à son travail un aspect si particulier. Un style unique qui, aujourd'hui encore, en fait un artiste à part entière.
Garage à Atlanta, Géorgie, 1936 © Walker Evans
Noëmie Beillon
Walker Evans, Édition Actes Sud – Collection Photo Poche N°45
Introduction de Gilles Mora
12,5 x 19 cm / 144 pages
63 photos en noir & blanc
13€