© Seydou Keïta/SKPEAC/courtesy Magnin-a
Initié par le photographe bamakois Mountaga Dembélé, il ouvre, en 1948, son propre studio et, en 1962, il entre dans l'administration comme photographe à la Sûreté Nationale jusqu'en 1977.
Jeunes circoncis portant le bonnet phrygien (bamada), accompagnés de leur gardien et éducateur (nsèmèn), 1952-1955.
© Seydou Keïta/SKPEAC/courtesy Magnin-a
À l'instar de Mama Casset, les photographies de Seydou Keïta, exclusivement des portraits issus de son studio, présentent un fond neutre : un tissu simple, uni ou à motifs, tendu contre le mur.
Pour autant, il existe une véritable scénographie dans ses clichés : « Au studio, j'avais trois différents costumes européens, avec cravate, chemise, chaussures, chapeau... tout. Et aussi des accessoires : stylos, fleurs en plastique, poste de radio, téléphone que je mettais à la disposition des clients. »
Deux jeunes élégantes vêtues de la grande camisole dite “grand Dakar” ou dyakaasé. On remarque leurs bijoux en or sanu koloni (“petits fleurons d’or”) et leurs pendentifs dòòla (“bobines”), ainsi que leurs colliers de perles (tyaaka) en cornaline, 1949-1951.
© Seydou Keïta/SKPEAC/courtesy Magnin-a
Fillettes vêtues de grandes camisoles portées habituellement par les femmes adultes, 1949-1951.
© Seydou Keïta/SKPEAC/courtesy Magnin-a
La préface de l'ouvrage intitulée Le photographe, « sorcier mangeur d'homme » a été rédigée par Youssouf Tata Cissé, sociologue, ethnologue, chercheur au CNRS et spécialiste des mythes et légendes du Mali. À la fin de celle-ci, il a listé méticuleusement les coiffures, les différents vêtements (camisoles, marinières, mouchoirs de tête) et accessoires portés par les femmes photographiées.
De plus, il a librement légendé chaque cliché sans titre par l'artiste, mettant alors l'accent sur la manière dont les clients de Seydou Keïta ont souhaité se faire photographier, avec leur plus beaux atours.
« Se faire photographier revenait non seulement à affirmer son propre personnage mais aussi à jouer celui de la star à laquelle on s'identifiait ou que l'on entendait honorer ».
Ainsi, la première photo de l'ouvrage est légendée avec précision : « Jeune femme vêtue de la grande camisole à volants (kamisoli ba walaman) et portant au cou des bijoux en or (sanu koloni), des perles (kèmè konon), et aux poignets des bracelets (nami nooro). 1949-1951. »
Les hommes, quant à eux, sont davantage vêtus à l'européenne. Ils suivent la mode zazou, portent des vestes en prince de galles, ou reprennent le style de leurs idoles.
Tous les modèles fixent l'objectif et laissent transparaître une certaine fierté.
Jeunes Bamakois endimanchés, 1956-1957. © Seydou Keïta/SKPEAC/courtesy Magnin-a
Élégant “jeune homme à la fleur” vêtu à l’européenne : veste blanche, carré de soie à fleurs et stylo à la poche, cravate rayée, lunettes d‘intellectuel. Appartient-il au club La Fleur de Paris dont chaque jeune des années 1950 savait chanter la première strophe : “C’est une fleur de Paris / Du vieux Paris qui sourit / Car c’est la fleur du retour / Du retour des beaux jours”, 1959.
© Seydou Keïta/SKPEAC/courtesy Magnin-a
Les clichés présents au sein de l'ouvrage ont été reproduits en duotone (bichromie) pour faire ressortir les niveaux de gris. Malgré l'usage de ce procédé, les images paraissent très pixelisées et présentent peu de détails. Cet impair dû à l'impression est d'autant plus déplorable que les images de Seydou Keïta se définissent d'ordinaire par une profusion de détails.
L'ouvrage de PhotoPoche constitue tout de même une belle vue d'ensemble de l'oeuvre d'un photographe majeur tel que Seydou Keïta.
Léa Pietton
Seydou Keïta
collection PhotoPoche aux Éditions Actes Sud
Format 12,5 X 19 / 144 pages
13 €