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« Architectures...nature et lumière » : Francis Martinal aux éditions Poiesis

Mercredi 18 Juin 2014 22:40:47 par actuphoto dans Livres Chroniques

© Francis Martinal

Architectures...nature et lumière de Francis Martinal est l'addition féconde de deux domaines artistiques.
La photographie capture la matière, mais elle peut aussi la transformer en définissant un cadre (champ, hors-champ), un contenu, un espace, une couleur ... L'architecture, quant à elle, est une manière directe de vaincre l'espace et le temps, de chercher la sensation du beau à travers une figure grandeur nature et souvent habitable. L'une comme l'autre appartiennent au vaste corps de ce qu'il convient d’appeler « Art », elles écrivent toutes deux avec la lumière. De cette manière, il est possible de souligner leurs différences, ou, au contraire, de les rapprocher.
Entre rythme, vibrations, matière invisible et lumière sensible, il semblerait que la Caverne de Platon ait plus que jamais valeur de vérité : si le rapport au réel est imaginaire et tout à fait arbitraire, alors la maxime de Goethe a définitivement valeur de vérité: « Pas de plus sûr moyen que l'Art pour échapper au monde, et pas de plus sûr moyen non plus pour y être rattaché. »

 

© Francis Martinal

 

Anciennement revue (de 1994 à 2004), et depuis cette date maison d'édition, Poiesis est désormais dirigée par Stéphane Gruet.
Il est l'auteur de la préface du livre. Il est lui-même architecte, docteur en philosophie, acteur dynamique dans le domaine de l'architecture à Toulouse, et professeur à l'école nationale supérieure d'architecture dans la même ville.
De nombreux atouts qui permettent de voir clair sur la façon dont est présenté l'ouvrage, et sur les raisons qui ont poussé l'éditeur à jeter son dévolu sur Francis Martinal.

A priori peu connues, les photographies de Francis Martinal ont toujours eu l'architecture pour référent, et comme de nombreux photographes (Alexander Gronsky et sa série Pastoral récemment), Martinal tente d'interroger les rapports entre architecture, humains, villes et paysages, la façon dont chacun des domaines s'influencent.

 

© Francis Martinal

 


D'une façon plus abstraite, plus métaphysique peut-être, ces images sont aussi l'occasion de s'interroger sur le photo-graphein au sens premier du terme, à savoir l'écriture par la lumière. Car tout paysage est susceptible de devenir architecture, selon la façon dont cette lumière agit sur lui, selon ce qu'elle décide d'écrire...

Bien sûr, ces rapports sont complexes, arbitraires, car inter-dépendants et s'influençant les uns les autres : une structure peut cacher la lumière, de la même façon que la lumière peut imposer l'ombre à la structure.

De façon tout à fait logique, les cent soixante dix photographies d'Architecture… nature et lumière sont présentées au format paysage. La plupart du temps, une image pour une page. Parfois, l'une de ces pages blanche précède le lieu capturé par Francis Martinal, certainement pour donner tout son relief au vide, et plus d'intensité encore aux structures présentées.

 

© Francis Martinal

 

Il est judicieux de parler de « rythme » en ce qui concerne la mise en page de l'éditeur et le travail de Francis Martinal. Souvent, le choix de l'emplacement des images, la façon de les disposer en série, conduit le lecteur à établir une comparaison entre les formes et les couleurs. Le travail en série conduit à densifier la valeur sémantique des photographies. De plus, il semblerait que le rythme décroisse au fil des pages, afin de conclure sur des images plus épurées, plus seules.

La toute première photographie de l'ouvrage est une route, bordée par deux rangées d'arbres à chaque extrémité. Déjà, le lecteur peut absorber les différentes lumières, la façon dont la nature influence l’architecture. D'ailleurs, ces arbres ne sont pas disposés en ligne au hasard, ils ont été plantés par la main de l'Homme.

 

© Francis Martinal

 

Ruines, grattes-ciel, barbelés, terrains ruraux, urbains, futuristes ou à l'apparence préhistorique, de nombreuses structures qui semblent parfois même être des dessins japonais, tant la délicatesse et la finesse des traits sont saisissants.
Beaucoup de comparaisons et d'affiliations sont possibles : voici que le lecteur croit reconnaître le grain terreux de Daido Moriyama, les errances dans l'Ouest Américain de Robert Adams, ou le gigantisme, fixe et muet, dans le court-métrage de Chris Marker (La Jetée), celui d'un futur perdu, qui n'aspire qu'à son passé.

Au fil des pages, l'éclairage varie, et avec lui, les dégradés de gris. C'est comme si certains éléments de l'image avaient été collés. Ils sont plus clairs, trop foncés, tangents, incohérents. Pourtant, ils sont bien réels. C'est la nature qui se dérobe sous la main de l'Homme, et qui essaye de reprendre ses droits, d'un pas hésitant.
Si une ou deux photographies montrent des visages, les rares êtres humains sont minuscules, infimes, tels des pions placés là au hasard et livrés à l'hybris architecturale. Hasard des lignes et des courbes donc, harmonie de certaines constructions, de l'espace habitable.

 

© Francis Martinal

 

L'oeuvre de Francis Martinal aura le pouvoir d'amener son lecteur à des endroits déjà arpentés. Ces cent soixante-dix photographies sont autant de lieux de mémoire liés à l’expérience de chacun, car l'interprétation individuelle est permise grâce aux dégradés de gris, à l'intensité du noir et blanc, du sépia ou de la couleur, au flou, au grain de chaque sujet qui paraît double, protéiforme.
Parce que mille regards signifient milles monades, plusieurs types de lectures sont possibles.

Comme le notifie Stéphane Gruet, le beau existe mieux lorsqu'il n'est pas recherché: « C'est lorsque les Hommes se soucient au contraire de la beauté de leurs maisons que le temps impitoyable vient alors souligner la désuétude des images et la vanité de toute visée esthétique en Art ».

 

© Francis Martinal

 

 

 


Charlotte Courtois

 

Architecture… nature et lumière

Photographies de Francis Martinal

Format 30 x 24 cm,

136 pages, couleurs

39 €


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