
© Editions de la Martinière / ONP
Les Éditions de La Martinière éditent un livre somptueux sur l'Opéra Garnier et rendent ainsi hommage à un des lieux les plus visités en France.
Du détail à la vue d'ensemble, le monument n'a plus de secret pour le lecteur grâce aux 290 images de Jean-Pierre Delagarde, photographe spécialisé en architecture et jardins parisiens. Quelques clichés en noir et blanc, regroupés en cahiers, offrent un regard plus intime et révèlent les lieux inédits, tenus à l'écart du public : les ruches de la façade nord, le local des accessoires, la loge des artistes, le réservoir d'eau des sous-sols de l'Opéra, les escaliers intérieurs.
Toutes ces photographies ont été prises entre 2000 et aujourd'hui, après les restaurations lancées en 1994 de la façade principale, du Grand Foyer et de la façade ouest, ainsi que de la Ceinture de lumières.
Malgré une impasse regrettable sur le devenir de l'Opéra de Paris pendant la Seconde Guerre mondiale, les textes, clairs et concis, d'Aurélien Poidevin, spécialiste de l'histoire administrative et sociale de l'Opéra Garnier, apportent une vision historique condensée du monument et restituent le parcours du visiteur.
L'ouvrage se décompose en quatre chapitres : Le Nouvel Opéra de Paris, Le temple de l'art lyrique, Le rituel de la sortie au spectacle, Le Palais Garnier de 1875 à nos jours.
Cabine de peinture © Jean-Pierre DELAGARDE / ONP
Le local des accessoires, sous les toits © Jean-Pierre DELAGARDE / ONP
Construit sur ordre de l'Empereur Napoléon III, l'Opéra Garnier est inauguré en 1875 par le maréchal Mac-Mahon, alors président de la République. Il s'intègre à l'architecture haussmannienne des alentours et fait perdurer la puissance impériale, à l'heure où la IIIème République est déjà proclamée depuis 1870. Pour autant, le maître-ouvrage de Charges Garnier reflète le style du Second Empire, caractérisé par l'éclectisme, la luxuriance et la polychromie de son décor.
Concernant la salle de spectacle, Aurélien Poidevin écrit : « Ce théâtre à l'italienne a la particularité d'être aménagé « à la française » : les décorations sont variées, les loges différentes selon l'étage et chaque catégorie de places a un aspect et une disposition qui lui sont propres ». L'Opéra, dont l'emblème omniprésent est la lyre, se doit d'être un lieu de représentation : scène lyrique et représentation de soi d'où le titre « Le rituel de la sortie au spectacle ».
La salle de spectacle © Jean-Pierre DELAGARDE / ONP
Les portes-fenêtres du grand foyer menant à la loggia de la façade principale © Jean-Pierre DELAGARDE / ONP
Derrière tant de faste qui n'échappe pas à l'oeil du lecteur, l'Opéra de Paris se définit également par son extrême fonctionnalisme. Dans sa préface, Paul Andreu, architecte de l'Opéra de Pékin, écrit : « Quel théâtre affiche plus clairement dans ses volumes les fonctions qui le composent ? De l'extérieur, dès l'abord, on voit où sont la salle et la scène, les entrées, le foyer, les services qui les entourent. C'est clair comme un schéma, étonnamment clair ! ».
Les photographies sont prises à partir d'une multiplicité de points de vue : depuis les toits des galeries Lafayette, depuis le sommet de la cage de scène etc...
L'ouvrage permet au lecteur de redécouvrir la prouesse architecturale, technologique et la richesse décorative de l'édifice. Chacun des groupes sculptés sur les toitures et l'attique sont ici parfaitement décrits alors même qu'ils sont difficilement visibles à l'oeil nu depuis la rue.
Surplombant le dôme de la salle, au second plan, Apollon, élevant sa lyre, d’Aimé Millet ; au premier plan, L’Harmonie, de Charles Gumery © Jean-Pierre DELAGARDE / ONP
L'ouvrage, essentiellement illustratif, traduit le raffinement du monument par son format carré et volumineux et son soin apporté d'une part à la mise en page et d'autre part à la qualité d'impression.
Léa Pietton
Jean-Pierre Delagarde et Aurélien Poidevin Opéra Garnier
Éditions de La Martinière
21 X 21 cm
448 pages dont 290 photographies
39 euros