Dans l'oeuvre de José Cendón, le photojournaliste partage ses images et dévoile la réalité en Afrique. Entre l’Ethiopie, le Soudan, l’Afrique du Sud, les Îles Comores ou la Somalie, un point commun : le désarroi et la souffrance des villageois en perpétuel combat. Le journaliste entre en immersion dans les pays les plus pauvres d’Afrique. Malgré les affrontements, la vie suit son cours et le photographe souligne la bipolarité existante dans certains pays : une extrême misère face aux habitants qui rêvent de prospérité capitaliste.
José Cendón est un photographe espagnol né au Venezuela. Après des études en cinéma, il travaille comme photojournaliste indépendant de 2002 à 2004. Il parcourt alors le monde : la Colombie, le Vénézuela, Israël. Il se concentre sur l’Afrique entre 2004 et 2010. Il prend des risques jusqu’à se faire kidnapper en Somalie avec le journaliste anglais Colin Freeman en novembre 2008, tous deux se font libérer en janvier 2009. Il sort alors son livre Billete de Ida traduit en anglais One Way Ticket. Dans cet ouvrage, il fait part de son expérience en Somalie : une nation anarchique dont la politique semble impuissante. Les clichés de José Cendón lui permettent de multiples publications dans Time Magazine, Newsweek, The New York Times, Stern. Il reçoit le premier prix du World Press Photo Awards en 2007 pour son travail sur les hôpitaux psychiatriques du Burundi. Il remporte une mention d'honneur dans le concours de photojournalisme américain Best of Photojourmalism, et une mention à l'International Press Photo Contest Chine en 2009. Ses images sont exposées dans le monde : à l'IVAM de Valence, à la Fondation Madrid Mutua Madrilena en Pologne et au Musée d'Art Moderne en Ethiopie.
Buymbura, Burundi, 2006. © José Cendón
Mogadiscio, Somalia, 2007. © José Cendón
En Somalie, José Cendón photographie les dégâts de la guerre. Le pays est plongé dans la guerre civile depuis le renversement du régime de Siyad Barre en 1991 par des mouvements d’opposition. Le territoire le plus corrompu d’Afrique connaît alors combats et famines. José Cendón présente des clichés de corps amputés, des blessés dus aux affrontements à Mogadiscio qui opposent les fondamentalistes islamistes aux membres de l'Alliance pour la restauration de la paix et contre le terrorisme. Ce conflit provoque la mort de dizaines de civils à Mogadiscio.
José Cendón se rend dans plusieurs régions d'Éthiopie, de Somalie et de Djibouti, où la population est au stade d'urgence qui précède celui de la famine. Le journaliste montre alors un autre aspect de l’Ethiopie, influencé par le rêve américain. Alors que la majorité des Ethiopiens vivent dans l’extrême pauvreté, une partie de ses habitants déjeunent sur des terrasses en surplombant l’horizon urbanisé d’Addis Abeba. Cette capitale abrite des palais impériaux et des hôtels internationaux. Sur les images du photojournaliste, le lecteur peut alors observer ces deux modes de vie contrastés.
Moheli, Islas Comoras, 2008. © José Cendón
Anjouan, Islas Comoras, 2008. © José Cendón
Les photographies montrent à quel point la tension est forte dans ces pays d’Afrique. Entre les regards effrayés et souffrants, les corps attachés et abîmés, José Cendón capture aussi une réalité.
Lorsque qu’il se rend en Afrique du Sud en 2010, José Cendón photographie les gangs nés après l’Apartheid. Le pays est alors miné par la violence urbaine. L’Afrique du Sud, qui détient le triste record de criminalité, continue de vivre entre inégalités et injustice omniprésente. Le photographe met en images ce pays encore hanté par les fantômes de l’Apartheid, avec ses trafiquants de drogues des townships.
Darfur, Sudán, 2005. © José Cendón
Adís Abeba, Etiopía, 2010. © José Cendón
Dans un format poche 18 x 13 cm, le lecteur découvre des images poignantes du journaliste. En effet, il ne passe pas à côté de l’histoire et des affrontements vécus. Ces pays d’Afrique ne parviennent pas à trouver le chemin de la démocratie comme aux îles de l’Union des Comores par exemple. José Cendón montre alors cette instabilité politique jusqu’au débarquement d'une force internationale en mars 2008. L’arrivée de militaires à Anjouan se met en place pour renverser le président Mohamed Bacare et mettre fin à ses desseins sécessionnistes. L'Union des Comores illustre bien les obstacles de cohésion nationale dans un Etat multi-insulaire.
Ciudad del Cabo, Sudáfrica, 2010. © José Cendón
Tren Etiopía-Yibuti, 2007. © José Cendón
L’Afrique connaît tout de même un développement économique et José Cendón suit des personnes empruntant le chemin de fer qui lie l’Ethiopie à Djibouti. 756 km de voies ferrées permettant une ouverture économique et commerciale. Ce corridor sert à l'exportation des nouvelles ressources minières trouvées au nord de l'Ethiopie. Le photographe rapporte alors des images de ces centaines de travailleurs.
Si la majorité des habitants d'Afrique sont heurtés aux conflits et à la pauvreté, les investissements intra-africains et étrangers tendent à progresser.
Shashamane, Etiopía, 2008. © José Cendón
José Cendón
Edition La Fabrica
72 pages
18 x 13 cm
12, 50 euros
Nathalie Keosouvanh