Flottenbesuch in Hamburg 1966 © Photo, schwarz-weiß ©Courtesy Herbert Hoffmann and Galerie Gebr. Lehmann Dresden/Berlin
Le 6 mai dernier s'est ouvert l'exposition Tatoueurs, Tatoués au Musée du Quai Branly, qui ne manquera pas de marquer les esprits. A l'heure où le tatouage est devenu, au-delà d'un phénomène de mode sans précédent, une véritable expression artistique, il possède un poids social que nul ne peut ignorer. Stéphane Martin, président du Quai Branly, souligne avec justesse qu'« en 2010, une étude de l'Ifop révélait qu'un Français sur dix – dont 20% chez les 25-34 ans – était tatoué. Aux Etats-Unis, cette proportion ne cesse de croître pour atteindre aujourd'hui près d'un quart de la population, selon un sondage mené par l'institut Harris en 2012. En augmentation constante, la pratique du tatouage connaît un véritable engouement depuis les années 1990-2000. ».
Women wearing tattoos and costumes © CORBIS pour Bettmann - http://www.corbisimages.com
Mais le tatouage n'est bien évidemment pas le sceau du XXI è siècle, bien au contraire. Il apparaît au 18e siècle, comme le décrit l'exposition du Quai Branly : « C'est au tatau polynésien observé au 18e siècle par l'équipage du capitaine Cook que le tatouage doit son nom. » Ainsi, l'exposition débute de la sorte, en plongeant in medias res le public dans le vif du sujet. Dès lors, le parcours de l'exposition, à la fois ludique et passionnant, fera découvrir à son visiteur toute l'histoire du tatouage, de ses origines anthropologiques et sociales, à celui bien connu d'aujourd'hui.
L'exposition s'organise en plusieurs grands chapitres, qui couvrent l'ensemble de l'histoire du tatouage. « Du global au Marginal » ouvre le bal, en explicitant les débuts du tatouage et sa mise au monde. Puis, bien sûr, le visiteur découvre le mythe du tatouage marginalisé : « Depuis le marquage des esclaves de la Rome Antique et la stigmatisation des criminels en chine impériale, jusqu'au Code noir de Colbert en France qui marque les criminels et les prostituées, le tatouage, outil du contrôle des corps, signale de manière définitive et immédiatement lisible l'individu dangereux ».
Musée du quai Branly. Exposition anthropologique : "Tatoueurs, tatoués". Du 6 mai 2014 au 18 octobre 2015.
Vue de l'exposition.
© musée du quai Branly, photo Gautier Deblonde
Musée du quai Branly. Exposition anthropologique : "Tatoueurs, tatoués". Du 6 mai 2014 au 18 octobre 2015.
Vue de l'exposition.
© musée du quai Branly, photo Gautier Deblonde
Puis la déambulation continue avec la forme artistique que prend le tatouage au milieu du 19e siècle, et Tatoueurs, Tatoués entraîne son visiteur dans un voyage au Japon, en Amérique du Nord, en Europe, Nouvelle-Zélande, Samoa, Polynésie, Indonésie Philippines, Thaïlande, Chine, ou encore en Amérique du sud, territoires marquants du tatouage.
Plus encore, l'exposition présente des moulages en silicones de corps humains, sur lesquels d'imminents artistes tatoueurs se sont risqués au jeu du dessin : Tin-Tin (France), Filip Leu (Suisse) et Xed LeHead (Royaume-Unis), et six projets de tatouages peints par des tatoueurs artistes comme Alex Binnie (Royaume-Uni) ou encore Luke Atkinson (Allemagne).
Tatoueurs, Tatoués est indéniablement une exposition incontournable pour les amateurs, passionnés, comme réfractaires au monde du tatouage. Car cette exposition est avant tout une source s'information passionnante pour l'histoire d'un rite qui a traversé les siècles, et continue d'avoir sa place dans la société aujourd'hui.
Marine Corps, Bull Dog, Etats-Unis © coll. Sailor Jerry T
Claire Mayer
Tatoueurs, Tatoués au Musée du Quai Branly
37 Quai Branly – Paris 7e
Jusqu'au 18 octobre 2015