
Le livre Polaroid & I reprend les photographies de l’exposition collective organisée par Les Petits Polas. Celle-ci a lieu à la boutique « En Face » à Paris du 18 avril au 8 mai 2014. Chaque photographe, par une approche et technique différentes, offre à voir son autoportrait. Le médium reste unique : le polaroid. Vingt photographes présentent leurs images : comment définir l’autoportrait ? Sous forme d’objet, de paysage ou de son propre miroir, l’artiste se met en scène ou immortalise un moment. Accompagnée d’un texte bref, chaque image polaroid raconte une histoire, retranscrit une émotion, ou retrace un moment précis, immuable. Cet ouvrage permet au lecteur de découvrir un univers rétro : un mélange d’instantanéité et de hasard.
Les photographes dévoilent leur monde, leur intimité, et essayent de faire partager leur vision au public. Un par un, grâce à la variété de films et d’appareils polaroids, chacun crée son univers autour de l’autoportrait. Amoureux du film instantané, les exposants trouvent leur bonheur avec le polaroid, et souhaitent faire partager l'authenticité de ce format historique. « Le polaroid est bien-sûr le résultat d'une combinaison chimique, mais relève surtout de la magie à mes yeux », explique Thibaut Gonzalez, un des vingt artistes. Internationaux, les photographes viennent des quatre coins du monde : Thomas Zamolo, danseur et chorégraphe vit en Suède, Agafia Polynchuk et Rudolf Rechenmacher sont originaires d’Allemagne, Angela Kleis vit aux Etats-Unis, Raul Diaz vient du Chili et bien d’autres vivent dans différentes régions de France. Le lecteur voyage aussi à travers diverses cultures artistiques. Haud Plaquette-Meline, Thibault Tourmente, Zohair Bijaoui, Bertrand de Gouttes, Valérie Evrard, Cécile Neyrat, Jean-Pierre Guenec, Marion Lanciaux, Claire Hallé, Laetitia Kitegi ou encore Clément Grosjean ont un intérêt commun : le polaroid.
Par le biais du polaroid, l’image permet de figer un instant pour le découvrir immédiatement : cette authenticité attire chaque photographe. « Avec la photo polaroid, il n’y a pas de travail de post-production, pas de frais en plus pour les tirages, et on peut créer une histoire tout de suite », exprime Raul Diaz.
Les images du livre, parfois mises en scène, donnent à rêver. Cécile Neyrat opte pour le bricolage de polaroids. Pour sa photo « Big Brother », elle utilise un polaroid 600 classique et une face transparente de « Fade to Black » : son autoportrait donne un aspect irréel où elle surplombe les toits de Paris. Cette manipulation offre des couleurs chaudes et froides sur la même photographie. Quant à Madeleine Avantin, elle préfère se focaliser sur un élément de son visage : sa bouche mise en valeur avec un rouge intense.
Big Brother © Cécile Neyrat
Marin(e) © Madeleine Avantin
Outre les paysages parfois nuageux, brumeux ou tout au contraire printaniers, le décor procure au lecteur un sentiment de sérénité et de quiétude, grâce aux ambiances de rêve. Le paysage enneigé de Californie pris par Julie Wolsztynski suscite liberté et voyage. En photographiant cet instant, elle se souvient de la naissance de son fils né sur ce sol américain. Ainsi, elle partage un moment de sa vie.
Smokes 14 © Julie Wolsztynski
La retranscription d’un instant de vie peut se définir comme un autoportrait, à travers un paysage mais aussi par le biais d’un objet. Chacun peut trouver une signification précise d’un objet racontant une histoire : « cette image représente la partie de moi qui ne veut pas grandir (…) elle combine deux de mes grandes passions, le polaroid et le street art », décrit Kuong Fmr en parlant de son « playmobil » à la façon street art. Cet objet immortalise donc une période, tout comme l’image des « converses » de Thibaut Gonzalez. Cette photo illustre un moment précis dans la vie du photographe : son adolescence. L’image reste parfois simple quant à la construction du portrait.
Smells like... © Thibaut Gonzalez
Le spectateur peut avoir du mal à entrer dans l’univers du photographe car les clichés présentent diverses approches de l’autoportrait, avec un mélange de poésie. En effet, le regard et la perception de chaque artiste sont différents. Que ce soit en créant un personnage, en évoquant un souvenir, ou en transcrivant une émotion particulière, le polaroid reste un appareil authentique qui ne cesse de faire partager l’expérience de l'instantané.
Un long dimanche de solitude © Jean-Pierre Guenec
Un mouton, deux moutons… © Thomas Zamolo
http://www.lespetitspolas.fr/"
Exposition collective à la boutique En Face jusqu’au 8 mai 2014
Livre disponible à la boutique En Face
Polaroid & I, Les petits polas
Edition Les petits polas
Préface d'Antoine Le Grand
14,8 x 21cm
52 pages
20 euros
Nathalie Keosouvanh