Il a souvent été dit qu'une belle photographie était celle d'un lieu que le spectateur aimerait habiter en la découvrant : la série d'images de Myriam Tirler remplit cette condition, et son livre, Once upon a time parcourt les Etats Unis d'une façon nonchalante et superbe.
Diplomée en Suisse de l'Ecole de Vevey en 2002, Miryam Tirler a depuis travaillé pour des magazines. Elle continue aujourd'hui de couvrir divers évènements, tout en poursuivant un travail d'ordre plastique.
Once upon time contient peu de texte, une page d'introduction seulement.
Si le titre qu'il convient de citer en entier est long (Once upon a time, wicked sisters stroy fragment on the road before the very last day), il renseigne, et contient surtout des mots clés en lien avec le travail de l'artiste. Le format carré de l'ouvrage, lui, rend service à l’esthétique du trajet, au thème qui est celui du voyage.
© Myriam Tirler
© Myriam Tirler
En compagnie de sa sœur Olivia, Myriam Tirler a exploré, construit et déconstruit l'espace ainsi que les terres Américaines. La photogénie du continent est évidente, même si déjà visité et revisité.
C'est d'ailleurs cette familiarité qui nourrit le cliché du paysage et des sujets Américains, celle-ci même qui rend les images de Myriam Tirler, chaleureuses, familières.
Entre références cinématographiques, littéraires et photographiques, les Etats-Unis seront probablement à jamais un des topos majeurs et récurrents de la création artistique. Heureusement, les possibilités d’expériences et de regards sont infinies, et chacun peut trouver dans sa mémoire une façon de se sentir proche, désireux de l'espace que capture la photographe.
Structures, formes et corps s'ébattent à travers des couleurs vives, lancinantes.
Les tableaux sur les murs de bois semblent familiers, et il faudrait pouvoir toucher le béton, l'herbe sèche et les grillages sur les images. Autant d'éléments qui sont des symboles, des lieux bénis de la représentation, et de son pouvoir sensible redoutable.
© Myriam Tirler
© Myriam Tirler
Un peu d'humour aussi vient ponctuer l'image fixe, une pointe d'ironie peut être ?
Comme cette photographie d'un chien noir tacheté, allongé la gueule ouverte sur un ensemble de canapés aux motifs panthères criards, ou encore ce groupe de sexagénaires qui entoure Olivia, la sœur de Myriam, près d'une église protestante. Il est également possible de rencontrer tristesse, nostalgie surtout : à travers des figures d'enfants sages, comme résignés dans un trop grand espace. Il y a également cette photographe de nature morte, un papier noirci par l' annonce d'un sans-abri qui cherche du travail.
© Myriam Tirler
© Myriam Tirler
Un état des lieux finalement contrasté, rieur mais quelque peu désillusionné, dans lequel paysages et visages se croisent et établissent un dialogue, celui qui prend forme entre la terre, ambivalente et digne, et les individus qui la peuplent ou la sillonnent. Ils sont, au travers des pages de Once upon a time, des êtres libres, paisibles, et reconnaissants, existants tranquillement avec le Monde.
Charlotte Courtois
Once upon time de Miryam Tirler
Editions Filigranes
Format : 245 x 210 / 120 pages
Relié couverture cartonnée et toilée
107 photographies en couleur
25 €