Les éditions du Chêne et Yann Arthus Bertrand proposent une nouvelle réédition de « Chevaux », l'un des ouvrages les plus célèbres du photographe

Chevaux © Yann Arthus Bertrand tous droits réservés

Autrefois animateur télé sur France 2 (Vue du Ciel entre 2006 et 2011), reporter pour National Geographic, Paris Match ou encore le Figaro Magazine, militant écologiste et parfois même réalisateur, il va sans dire que Yann Arthus Bertrand est un homme aux multiples facettes.
L'une de ses facettes le poursuit d'ailleurs depuis toujours : son affection pour la faune et la flore.
Avec Des bêtes & des hommes en 2002, diverses publications sur les lions, les chats et les chiens, Yann Arthus Bertrand continue de photographier des sujets déjà mille fois visités, et pour cause...

Le monde du cheval est souvent l'occasion d'un rêve d'enfant : l'animal est mythique, légendaire, et historiquement omniprésent. Nombreux sont les passionnés, les spécialistes et les éleveurs qui en ont fait leur profession. Parfois devenu terrain cliché et surexploité, le microcosme équin n'a pourtant pas fini d'être abordé.

Au-delà d'une vision esthétique particulière, la qualité majeure de Chevaux tient au patrimoine qu'elle implique et sollicite : plus qu'une histoire de l'évolution du cheval à travers les âges, plus que les différences de races et de croisements impliqués, le photographe, à travers la diversité équine, offre au lecteur un véritable bagage artistique et culturel, une partie de l'Histoire et des relations internationales depuis l'Antiquité Jusqu'à notre ère.
Des récits et anecdotes de Jean-Louis Gouraud (écrivain et éditeur), illustrent tout autant cette dimension didactique.

Chevaux © Yann Arthus Bertrand tous droits réservés

Chevaux est semblable à une large frise chronologique illustrée, depuis l'avant-propos dans lequel Jean-Louis Gouraud énonce les enjeux et les tenants de l'ouvrage, jusqu'à la dernière photographie d'une mule poitevine et de son propriétaire, Jean-Richard. La dernière partie du livre est en effet consacrée aux mules, si il fallait citer l'appellation scientifique quelque peu contrariante, il conviendrait de parler de « production mulassière» (par définition le fruit de l'accouplement d'une jument et d'un baudet.)
Un tel croisement résulte de la production humaine, de son besoin de maîtriser et de rentabiliser la plupart de ses possessions. C'est ce même besoin qui légitime ce que Yann Arthus Betrand a cherché à documenter ici.
Bien sûr, il y a la passion pour l'animal, sa beauté et sa grâce légendaires, les différentes pratiques et styles équestres, mais il semblerait que le cheval soit aussi le produit d'une culture et d'un style de vie propres à chaque pays. Comme exemple flagrant, il convient de citer les caractéristiques du Pur Sang Arabe : fin, endurant, agile, tenace, digne et fier, ou encore du petit cheval tacheté des indiens : l'Apaloosa résistant, doux et endurant.
Evidemment, la généalogie de chaque race est complexe, elle appartient rarement à un seul pays (il aura par exemple fallu au Pur sang anglais un peu de sang Arabe pour être répertorié en tant que tel).

Chaque région possède ainsi 'son' cheval, et par la même occasion, ses traditions.
Les selles française et américaine n'ont pas grand chose en commun, les rênes colorées des Africains sont loin du minimalisme allemand... L'élevage lui-même, la façon de monter, l'utilisation du cheval, tous diffèrent selon les coutumes et les mœurs.
A travers les chevaux et leurs maîtres, les deux auteurs suggèrent un véritable panel, un diaporama des cultures, des différences et des ressemblances selon les pays ou les continents.

Chevaux © Yann Arthus Bertrand tous droits réservés

« De l'autre coté de la bâche »

Tout en investissant plus de quinze pays, Yann Arthus Betrand a du s'inquiéter d'un élément clé de son matériel : une large toile beige de plus de quarante kilos, devant laquelle posaient généralement hommes et/ou chevaux, l'une des difficultés majeure quant à la prise de vue. Pour ne pas s’arrêter en si bon chemin, il faut citer d'autres détails qui découlent logiquement de ces mêmes problématiques, et représentent des acteurs logistiques impossible à négliger : contacter les bonnes personnes, demander la permission, obtenir un délai, choisir le bon endroit, faire attention à la lumière, donc à l'horaire... La patience aura certainement été le maître mot alors qu'il fallait coordonner hommes et chevaux, les faire attendre ensemble et calmement.
Heureusement, hommes, femmes, enfants et chevaux se sont montrés bien disposés, la coopération fut efficace, et la liste des remerciements est longue.

Chevaux © Yann Arthus Bertrand tous droits réservés

Le format long du livre est adapté au corps de l'animal, et les photographies, aussi vives que leur sujet, suivent un ordre géographique et chronologique : Chaque continent et pays présentent à la fois son peuple, son patrimoine et ses animaux.

Quoique parfois redondant de par sa nature même, Chevaux présente une richesse indéniable, une solidarité et une douceur évidente. Il est un livre aux couleurs chaudes et animées, plein de noblesse et de dignité.

Faire le choix de rassembler animaux et propriétaires était tout à fait judicieux : cela prouve l'importance, la grandeur et l'omniprésence du cheval, compagnon de l'humain, depuis la nuit des temps et très probablement pour toujours.

Charlotte Courtois

Chevaux, Yann Arthus Bertrand

 232 pages

Editions du Chêne (15 janvier 2014)

Français

29,2 x 20 x 2,6 cm