Slava Klavora dans les montagnes de Kamnik Été 1938 Photographie d’archives utilisée dans Newsreel 55, de Nika Autor, Marko Bratina, Ciril Oberstar et Jurij Meden, 2013. Collection du National Libe
Cette année s'inscrit dans la 7e édition de la programmation originale et décalée du Jeu de Paume, celle de la programmation satellite. Les expositions satellites investissent en effet les espaces interstitiels du Jeu de Paume comme la mezzanine ou le foyer, qui deviennent un espace d'échange et de réflexion pour son public. Une exposition est également organisée dans le cadre de cette programmation, à la Maison d'Art Bernard Anthonioz, à Nogent-sur-Marne.
Nataša Petrešin-Bachelez a été invité par le Jeu de Paume en tant que commissaire d'exposition indépendante de cette nouvelle édition satellite. Elle a choisi le thème d' « histoires d'empathie », et invite dans ce cadre quatre artistes femmes, Nika Autor, Natascha Sadr Haghighian, Kapwani Kiwanga et Eszter Salamon.
L'exposition de Nika Autor qui ouvre le bal, est fraîchement présentée au public. Jusqu'au 18 mai prochain en effet, celui-ci découvrira intrigué le traitement de l'empathie de la jeune artiste slovène. Née en 1982 à Maribor, en Slovénie, « Nika Autor s'intéresse à la production des images, ainsi qu'à leur pouvoir direct et indirect qu'elles exercent sur leur temps et l'histoire ».
Étudiants de Maribor, membres du Triglav Academic Club : Slava Klavora est la deuxième en partant de la gauche
Zagreb, 7 décembre 1939
Photographie d’archives utilisée dans Newsreel 55, de Nika Autor, Marko Bratina, Ciril Oberstar et Jurij Meden, 2013.
Collection du National Liberation Museum Maribor
« Nika Autor est une artiste qui vient du même pays que moi, de la Slovénie, et avec laquelle j'ai déjà travaillé, et dont j'admire énormément le travail. C'est une artiste qui appartient à une génération qui a vécu très jeune tous les changements : l'éclatement de la Yougoslavie où elle est née, et ensuite la naissance de nouveaux pays qui s'est tout de suite approprié un capitalisme très sauvage, très expansionniste, c'est en fait cela aussi qu'elle raconte dans ce projet, ces changements qu'elle a vécu, et un peu aussi l'histoire de la ville d'où elle vient, Maribor, au nord de la Slovénie, qui est un lieu où il semble que toutes les vagues de protestation naissent dans cette ville-là. A travers le film d'actualité, qu'elle a pris comme un format de base, comme structure, elle montre trois différents temps qui traversent la ville de Maribor, des années 1940, l'occupation nazi dans la ville et la région, ensuite la fin des années 1980 où commence l'éclatement de la Yougoslavie, la guerre en Bosnie et Croatie, et 2012 de nouveau un moment où on rencontre en Slovénie une sorte de vague de protestations cette fois pas seulement les travailleurs immigrés mais aussi contre la corruption. En effet, en Slovénie, nous avons connu une énorme crise, après la chute économique, qui est toujours présente » explique Nataša Petrešin-Bachelez
Son choix d'artistes pour son commissariat de cette nouvelle édition Satellite commence par une femme, et sera par la suite, exclusivement féminin. « J'ai invité 4 femmes, pas forcément pour souligner que ce sont les femmes qui sont plus empathiques, mais 4 femmes artistes dont le travail, je trouve, traite de l'empathie, soit comme une sorte d'inspiration, soit comme un processus tout à fait naturel à eux. » Mais la commissaire a également voulu mettre en avant le travail de femmes artistes « car je trouve qu'en France et à Paris, on voit très peu de femmes artistes, c'est peut-être aussi une sorte de statement (déclaration ndlr) ».
Newsreel 55
2013
Nika Autor, Marko Bratina, Ciril Oberstar et Jurij Meden
Photogramme de vidéo, 30 min.
Courtesy des artistes
Le sous-sol du Jeu de Paume a donc revêtu le point de vue féminin d'une jeune artiste prometteuse, qui captive un public conquis.
La suite de la programmation aura lieu à Nogent sur Marne, « Le 19 mars s'ouvre une autre exposition à Nogent sur Marne à la maison d'art Bernard Anthonioz de Natascha Sadr Haghighian, qui a une approche complètement différente, mais qui s'inspire beaucoup de la notion d'empathie à travers les écritures de Walter Benjamin, et qui a crée un projet spécifique au lieu où il y aura l'exposition, il y a un très beau parc également. A côté de cette maison, il y a la maison pour les artistes retraités, donc elle va également incorporer cela dans son travail, qui s'intitule « Ressemblance »
A suivre...
Claire Mayer
Nika Autor
Film d'actualités – l'actu est à nous
Satellite 7. Une proposition de Nataša Petrešin-Bachelez
du 11 février au 18 mai 2014
Jeu de Paume
1 place de la Concorde 75008 Paris