Répertoire des photographes français d'outremer est une encyclopédie de la photographie ancienne qui recense 1120 photographes français ou étrangers ayant travaillés sur les territoires d’outre-mer. Une recherche minutieuse et patiente est à la base de cette œuvre immense. François Boisjoly y a travaillé depuis plus de trente ans, et aujourd'hui, grâce à la collaboration de Jean-Christophe Badot, passionné d'histoire coloniale et ethnologie, celle-ci a débouché sur ce livre.
L'intérêt de François Boisjoly pour la photographie ancienne l’a poussé à créer un musée de la photographie et un site Internet de recensement, précurseurs de cet ouvrage. Photographe professionnel, il a terminé un doctorat sur l’évolution de la photographie dans la France du XIXe siècle. Il est l’auteur de deux ouvrages animés par le même désir de réunir les premiers témoignages photographiques dans une archive accessible à tous.
Jaussen et Lawrence D'Arabie
En effet, la manière dont ce livre a été conçu empêche une déception de son lecteur, qu'elle que ce soit son approche ou la raison de son intérêt. Le choix de construire ce gigantesque fichier pour raconter l’évolution de la photographie ancienne fait suite au renoncement d’une démarche précise et catégorique qu’aurait pu limiter la polysémie de tel récit. « Il m’est paru que ce fichier serait le plus efficace et répondrait à de nombreux besoins […] L’intérêt de ce fichier est multiple : il parle de la multitude des hommes, propose un classement et répond à la majorité des interrogations. […] L’intérêt est donc historique, artistique et sociologique ».
Organisé selon un critère géographique, le livre présente les photographes établis sur les territoires sous administration française entre 1839 et 1920 ou l'ayant été auparavant. La particularité de cet ouvrage est qu'il montre « la rencontre entre l'orientalisme et la photographie » à travers un témoin singulier : la photo-carte de visite. François Boisjoly, collectionneur de ces premiers exemplaires de photographies, a utilisé sa collection comme source principale de cette recherche, ainsi que les annuaires Didot-Bottin, les journaux d'époque et diverses œuvres de recensement. La période dont traite le livre, qui va de 1839 à 1920, correspond, en effet, à l'age d'or de la carte de visite.
Roger Lambelin Alexandrej
Mauresque
Ce choix a conduit l'auteur à prendre en considération non seulement les photographes professionnels, mais aussi tous les amateurs qui proposent « une mémoire des pays par leur production personnelle ».
L’intérêt de cet album naît du regard inédit qu'il offre au lecteur à travers ces photographies. C'est un regard intérieur, subjectif, pourtant révélateur de la période d'expansion coloniale française et des rêves orientalistes de l'Occident. Un temps chronologiquement lointain, mais dont l'héritage culturel et imaginaire a été transmis jusqu'à aujourd'hui.
Extrême Orient Anam
Dans la préface du livre, l'éditeur Paul Henri Guermonprez illustre sa passion pour l'histoire de la photographie et présente avec enthousiasme l'oeuvre de Francois Boisjoly: « Toute mon enfance, entouré de ces photographies sépia ou en noir et blanc, au format et à l'éclat d'un autre temps, d'un temps qui nous semble aujourd'hui si lointain, j'ai côtoyé les reflets d'un monde aujourd'hui disparu, celui des grandes découvertes et de l'expansion coloniale, celui de la France d'outre-mer où se pressaient missionnaires, explorateurs, diplomates et militaires, affairistes, négociants ou pionniers soutenus par des Sociétés géographiques. ».
Cette entente donnera lieu à la publications d'autres répertoires sur la France, qui s'inscrivent dans ce projet de recensement.
Mandarin de l'Empereur d'Annam
Le mérite du livre est de faire revivre un matériau oublié qui offre un regard oblique et intime sur le monde colonial. Toutefois, la quantité considérable d'entrées et le manque d'un critère historique ou sociologique de recensement, rendent la consultation difficile et dispersive. De même, la disposition des visuels par rapport au texte et aux respectifs auteurs, est peu claire, et le repérage n'est donc pas immédiat.
Cela n’empêche pas d'évoquer, finalement, une image et un sentiment sur la photographie dans la période coloniale française, qui restent, pourtant, ébauchés.
Le but de ce fichier est de répertorier une source qui offre beaucoup d'informations intéressantes, mais qui en raison de son coût devient au fur et à mesure plus difficile à rejoindre. Au fil de l'ouvrage de François Boisjoly émergent une iconographie photographique négligée et un univers à la fois fascinant et équivoque, dont l’intérêt demeure même à l'heure actuelle.
Indien Omah - Prince Roland Bonaparte
Anna Biazzi
Répertoire des photographies français d'outre-mer, textes de Francois Boisjoly et de Jean-Christophe Badot
Editions Heritage Architectural
312 pages
21 cm x 27 cm
plus de 1000 illustrations
80 €