© Alexandre Bonnefoy
Le livre Nekoland, une vie de chat au Japon est un hommage au chat, précisément à la vie de chat au Japon.
Les éditions Issekinicho publient ce reportage photo en alternant photographies et Illustrations. Le photographe et graphiste Alexandre Bonnefoy fait voyager le lecteur à Tokyo et s'amuse à lui montrer chaque recoin envahi par les chats. Il a vécu durant deux ans au Japon avec Delphine Vaufrey, illustratrice. A son arrivée au Japon, il fait partager à son lecteur son enthousiasme pour ce pays à travers le livre photographique Tokyo ohanami qui relate la coutume traditionnelle japonaise d'apprécier la beauté des fleurs.
Avant son périple au Japon, Alexandre Bonnefoy a travaillé comme graphiste et dessinateur en studio d’animation. Il collabore notamment avec de nombreux éditeurs jeunesse. C’est au japon qu’il approfondit sa technique photographique. Pour animer Nekoland, Delphine Vaufrey complète cette oeuvre en ajoutant de nombreuses illustrations aux traits fins. Ces dessins au crayon noir remplis d'humour donnent au lecteur un sens aux photographies. Avec un parcours presque similaire à Alexandre Bonnefoy, elle étudie le graphisme et l’illustration à l’école des arts décoratifs de Strasbourg. Elle travaille principalement pour des livres de contes, documentaires et romans jeunesse.
Durant leur périple au Japon, ils partagent dans un premier temps leur aventure, en publiant quotidiennement des photographies édité sur le blog « Issekinicho », une pierre deux coups en Japonais. C’est grâce au succès du blog que prendra naissance le livre Nekoland.
© Alexandre Bonnefoy
© Alexandre Bonnefoy
Ce livre de 248 pages est édité au format paysage 19x24 cm. Il est composé de cinq chapitres qui éveillent la curiosité du lecteur à travers une visite de la ville guidée par les chats.
L'auteur explique que l'idée d'un roman sur les chats ne fut pas réfléchie. C'est en arrivant dans cette ville qu'il fut inspiré : « Le chat est indissociable du Japon, il m'était impossible de ne pas les voir ».
La couverture de cet ouvrage présente la devanture d'un restaurant où un chat se présente à l'homme de maison. L'échange entre ces individus suggère invitation et partage. Chaque titre de chapitre est suivi d'une introduction qui annonce au lecteur un thème précis.
La première partie dite « Nora Neko », « chat errant » est une vision négative du chat perdu qui se hisse dans les rues sombres. Le photographe dénonce à travers ses clichés l'abandon et le manque de soin de ces animaux.
La vie de chat dit « Pacha » n'est pas d'actualité dans la ville. Le photographe dénonce une pauvreté et l’instinct de survie de l'animal. A travers de nombreuses photographies, il recherche chaleur humaine et nourriture. Le chat essaie de trouver son territoire. Dans les photographies, le lecteur découvre le chat aussi bien seul ou accompagné par l'homme, les chats subsistent à une certaine pauvreté. En toute discrétion, certains habitants les nourrissent et jettent un regard sur leur état de santé. Le lecteur est plongé dans cette relation affective entre l'animal et l'homme. D'autre part, il se heurte à la misère et la solitude des images de chats malades et souffrants.
© Alexandre Bonnefoy
© Alexandre Bonnefoy
Dans un chapitre nocturne, la curiosité éveillée prouve que de jour comme de nuit, le chat réside dans toute la ville. Le chat si sacré au Japon devient également un sujet banalisé.
Le lecteur ne peux passer à travers le traditionnel « Maneki Neko », le chat qui invite. Cette légende Japonaise raconte l’histoire d’un samouraï qui rencontra un chat qui semblait lui faire un signe, en levant la patte, l’homme s'approcha du chat. Il fut alors détourné de son chemin et se rendit compte qu’il avait évité un piège qu’on lui tendait un peu plus loin. Depuis, une figurine de chat levant la patte orne boutiques et restaurants pour présager bonne fortune. La patte gauche est censée attirer le client et la patte droite l’argent.
Ce chapitre photographique représente le chat dans son côté culturel et commercial. Il est présenté dans le livre sous différentes formes de produits dérivés. Le temple « Imado » y est même dédié.
Face au lecteur, ce qui paraitra drôle et ironique, ce sont les « Neko Café ». Comment des habitants peuvent se déplacer dans des cafés spécialisés pour passer du temps avec les chats alors que la ville en est envahie ? Le Japon est bel et bien le pays des contradictions. C’est à la lecture de certaines photographies qu'Alexandre Bonnefoy démontre qu’il est mal vu de s’occuper des chats des rues.
© Alexandre Bonnefoy
Dans les photographies des « Neko Café », les chats sont heureux et deviennent roi. A l'inverse des rues, l'homme se soumet aux désirs des matous.
Les chapitres « Un chat à la campagne » et « Tashirojima, l'ile au chat » sont un constat du nombre important de ces animaux . Les petits villages montrés par le photographe sont désertés. La seule présence des lieux : le chat. Parmi les bâtiments en ruines, ils restent les seuls témoins d'un signe de vie et règnent en nombre.
Qu'il soit Nora Neko, Yoru neko, Maneki Neko, Inaka Neko, Neko Café ou Shima Neko, le chat est comme immortel. Qu'il soit accompagné ou seul, aimé ou mal aimé le chat reste un animal sacré au Japon.
La vie de chat est importante : au quotidien, dans la rue, les cafés ou même à travers magazines et objets de tous les jours, impossible d'y échapper. Entre légende et réalité, le chat est roi.
L'omniprésence des chats laisse imaginer au lecteur qu'il pourrait être à l'origine de ce livre en tant que voyageur à Tokyo.
Romain Amy
Nekoland, une vie de chat au Japon d'Alexandre Bonnefoy et Delphine Vaufrey
Editions Issekinicho
Format 24,6 x 20,2 cm
27.80 €