Orphelinat d’Ungureni, Roumanie, 1999 © Jean-Louis Courtinat
Jean-Louis Courtinat a très vite décidé de ce qu'il ferait de sa carrière de photographe. Non pas uniquement un œil sur le monde ou encore le témoin de son temps, mais un acteur indéniable d'un univers souvent difficile. Il voit en effet la photographie comme un moyen essentiel non seulement de témoigner, mais aussi pour tenter de faire changer les choses. « La photographie est pour moi un outil que je mets à la disposition d'une cause. Parfois il s'agit de dénoncer des réalités intolérables pour tenter de les corriger. » explicite-t-il dans les propos qu'il échange avec Michel Christolhomme en introduction de l'ouvrage.
Couple atteint de la maladie d’Alzheimer. Service de gériatrie, hôpital Paul-Brousse, Villejuif, 1994 © Jean-Louis Courtinat
Imen joue avec son infirmière. Institut Curie, Paris, 1990 © Jean-Louis Courtinat
Né en 1954 à Verdun, il photographie depuis 1987. Assistant de Robert Doisneau pendant 12 ans à l'époque où celui-ci était membre de l'agence Rapho, il aiguise alors son œil de photographe. Le maître de l'humanisme dira ainsi de lui « Jean-Louis Courtinat ce n'est pas un produit d'école professionnelle, ni un rat de bibliothèque de livres techniques, pas d'avantage un lecteur de magazines truffés de recettes. Mais, il possède une qualité qui est un passe-partout capable d'ouvrir toutes les portes. Ce garçon rayonne d'amitié...
Pour lui, le jeu consiste à disposer harmonieusement dans le rectangle du viseur les propositions du hasard. »
L'oeuvre photographique de Jean-Louis Courtinat ne se limite donc pas à déclencher un appareil pour immortaliser un moment. Il est entier dans cette scène, en fait partie, la vit mais surtout la fait vivre à son public. « Je n'ai jamais accepté d'être un spectateur. J'ai toujours été là où je pensais que ma présence pouvait être utile, convaincu que les images que je rapporterais serviraient ceux qui m'avaient permis de les faire. » avant d'ajouter « Pourquoi cet intérêt pour les pauvres, les malades, les exclus de toutes sortes? Quelles sont mes motivations ? Comment fais-je pour vivre aussi longtemps avec les gens ? A ces questions, je réponds sans hésiter que les sujets de mes reportages sont les véritables enjeux de ma vie, que je me sens investi d'une mission et que servir ces causes me rend parfaitement équilibré et heureux. »
Admission d’une personne âgée vivant seule chez elle. Service des urgences de l’Hôtel-Dieu. Paris, 1987 © Jean-Louis Courtinat
Famille tsigane. Tulcea, Roumanie, 1999 © Jean-Louis Courtinat
Nombreux sont les lieux qu'a arpenté Jean-Louis Courtinat pour dénoncer, témoigner : le service de pédiatrie de l'Institut Curie (de 1989 à 1991), l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif (1994-1995), les urgences de l'Hôtel-Dieu (1986 à 2011), le Centre d'hébergement de Nanterre (1995-1996), les ophelinats de Roumanie (1999 à 2003).... Les sujets sont vastes, mais on un dénominateur tristement commun, celui de la misère sociale, de la maladie, des difficultés qu'il faut affronter.
L'ouvrage proposé par Actes Sud dans sa fameuse collection Photo Poche propose un tour d'horizon très complet de l'oeuvre de Jean-Louis Courtinat. Son format idéal (12,5 x 19 cm) et toujours riche en images (72 pour cet ouvrage) ne laisse jamais le lecteur sur sa faim. Il propose un tour d'horizon complet de l'oeuvre d'un photographe humaniste investit pleinement dans son rôle de photographe engageant et engagé.
Arrivée d’un bus de ramassage des sans-abris. Centre d’hébergement de Nanterre, 1995 © Jean-Louis Courtinat
Claire Mayer
Jean-Louis Courtinat
Edition Actes Sud – Collection Photo Poche
Format 12,5 x 19 / 144 pages
13 euros