© Thierry Cerpolet
Thierry Cerpolet, photographe canadien d'origine française, est basé à Montréal. Au départ attiré par la photo de faune et de nature, il s'initie ensuite aux déambulations photographiques, immortalise au gré de la vie. Dans son dernier ouvrage La vie en bleu publié aux Editions Au Fil du Temps, nul animal ni once de végétation ou de paysages. Ici, le bleu s'étend sur les 104 pages lisses de l'ouvrage.
Les propos lyriques et remarquables de Laurent Roustan, auteur de la préface de La vie en bleu résonnent dès les premières lignes comme un hommage à une couleur qu'aucun ne peut renier, tant sa beauté rayonne partout, tout le temps. « Il est une part de la trinité de ce monde fait de couleurs. Il est au-dessus de nos têtes, il est quelques fois dans nos larmes. Il se nomme le bleu. Le bleu est à la naissance du monde depuis que le monde est sorti des ténèbres. Il est pigment primaire de nos existences, discret, mais indispensable. Sans lui, comment verrions-nous le ciel, l'eau, mais aussi la nature. Sans lui, comment verrions-nous l'avenir, l'horizon, la conscience et le rêve ? »
© Thierry Cerpolet
© Thierry Cerpolet
Thierry Cerpolet s'est risqué à cet exercice difficile, et a cherché à illustrer la beauté du bleu. Son ouvrage est un hommage à cette couleur unique et fascinante, sous toutes ses formes, un plongeon délicat dans la beauté. Au-delà d'un goût prononcé, le bleu est la beauté symbolique même de l'artiste d'après Laurent Roustan : « Le voir nous enchante, et cet enchantement est l'élément clé du travail photographique sur La vie en Bleu de Thierry Cerpolet. Chez lui, le bleu court sûrement dans ses veines. « Je regarde dans le bleu, dit-il. J'ai cette couleur-là en tête, à l'esprit : je suis issu d'un signe d'air et j'adore regarder le ciel... Et la beauté du ciel est que après la grisaille, le bleu revient toujours... » Et la photo est là, justement, pour dissiper cette grisaille. Jusqu'à ce brouillard mental qui parfois nous cache l'essentiel, l'élémentaire, le primaire, les bases mêmes de l'existence et de ce qui nous entoure depuis la nuit des temps. « Le bleu, il est présent dans notre vie, on le regarde bien souvent sans même le voir. »
© Thierry Cerpolet
© Thierry Cerpolet
Ainsi, au fil des pages, le lecteur découvre le regard bleu de Thierry Cerpolet. Le format carré 23x23 de l'ouvrage suffit pour immerger le public dans un monde à la monochromie intéressante. Les photographies sont issues des déambulations du photographe, et n'ont pas réellement de lien, ni ne s'attachent à une progression particulière. La première image immortalise un building, le ciel bleu l'entourant d'un halo prenant une large place dans son cadrage haletant. Montréal est le lieu clé des photographies de l'ouvrage, terrain de chasse éminemment connu du photographe. Le ciel, bleu évidemment, est récurrent dans La Vie en Bleu, tel le fil conducteur de la pensée de l'auteur.
Pourtant, d'autres éléments prennent parfois le pas sur cette facilité esthétique, comme un parasol bleu posé près d'une chaise de plage bleue, ou encore le couloir de Polytechnique Montréal, la façade d'un container ou encore celle d'une maison canadienne.
© Thierry Cerpolet
© Thierry Cerpolet
Esthétiquement corrects, les cadrages sont parfois hésitants, et il est parfois difficile pour l'artiste de passer outre la banalité de ses sujets, au plus grand dam de son lecteur.
« Le seul bleu du ciel qui est en l'homme, il est dans ses yeux, il s'imprime dans sa mémoire, il devient le plus fort souvenir lorsqu'il se trouve trop longtemps plongé dans la nuit. Il est un rêve éveillé, il est souvenir, il est mélancolie. Autant qu'il est liberté, sagesse, imaginaire et voyage. Il évoque, il apaise quand il nous couvre de sa lumière, il trouble, il nous manque quand il nous est masqué. »
Claire Mayer
La vie en Bleu, photographies de Thierry Cerpolet, textes de Laurent Roustan
Editions Au Fil du Temps
Format carré 23x23, 104 pages
24 €