Alors que l'automne a depuis peu pointé le bout de son nez, provoquant râles et morosité, Deauville a, quant à elle, trouvé le moyen de pousser en douceur son public loin de ces sphères maussades.
Le 26 octobre dernier en effet s'ouvrait dans la charmante station balnéaire normande, Planche(s) contact, le festival de photographie organisé par la ville pour la 4e année consécutive. Une occasion de faire vibrer la célèbre commune, qui, pour l'occasion, se débarrasse de ses paillettes, son casino et ses belles voitures. Deauville a une autre corde à son arc que celles éminemment connues : la culture, et plus précisément la photographie, que son maire, Philippe Augier, affectionne particulièrement.
Au programme, comme chaque année, deux volets d'expositions, qui s'entremêlent et se complètent avec brio : celle des étudiants d'écoles européennes de photographie, qui concourraient pour le prix de la fondation Louis Roederer, et les images de grands noms de la photographie, Gunnar Smoliansky, Grégoire Alexandre, Audrey Corregan, Harry Gruyaert, Kishin Shinoyama, Lucie & Simon, Terri Weifenbach, ainsi que Lore Stessel, lauréate du prix Roederer 2012.
Le mot d'ordre de ces photographes, expérimentés ou en devenir, poser leur regard sur la ville de Deauville, un regard nouveau, de ceux si souvent offerts par les artistes.
Harry Gruyaert, une fois de plus, fait étinceler son art de la colorimétrie, et parvient presque à éclipser d'autres artistes comme le japonais Kishin Shinoyama. La ville de Deauville sublimée par la lumière Gruyaert, contre le nu du photographe japonais, le choix sera rapidement fait par le public qui sera conquis devant le travail du photographe de Magnum.
Quant à Gunnar Smoliansky, ses petits formats 20x20 cm réussissent à donner une image certes traditionnelle et déjà vue de Deauville, mais avec l'esthétisme et la poésie qui caractérisent son art photographique.
Ainsi, les jeunes apprentis de la photographie, au-delà d'exposer aux côtés d'importants photographes, ont pu donner du poids à leur travail, et échanger, apprendre, aux côtés de ces figures de la photographie. Un résultat garanti, pour un choix de sujets réussi, et des expositions qui raviront, jusqu'au 1er décembre prochain, curieux et badauds. Un moyen efficace de lier qualités inestimables de l'air marin, au plaisir de contempler la photographie, à une période de l'année qui a du mal à s'imposer comme la plus agréable de toutes.
Claire Mayer
Tour d'horizon des expositions : les photographes en commande pour la ville de Deauville
Kishin Shinoyama : Deauville / Nuville
Depuis la fin des années 60, les images de nus jalonnent la carrière de Kishin Shinoyama. En 1968, il sort son premier livre, 28 Girls, le premier d’une longue série (plus de 350). Ses images de nus sont classiques avec des compositions parfaites, de subtils jeux de couleurs ou dégradés de noirs et blancs. A l’heure du bidouillage incessant, Shinoyama est hors du temps à l’image d’un Japon presque éternel. Pour lui, la photographie est un miroir qui reflète le temps et l'époque. A Deauville, inspiré par le paysage qu’il connaît déjà, il a expérimenté car pour lui l’art du nu n’est pas figé : « L'expression du nu évolue sans cesse selon l'époque, la localité, les croyances du pays, la loi, le sens commun. Et selon ces éléments il y a des libertés ou des interdictions. Pour cette raison, je pense que de nouvelles expressions sont encore tout à fait possibles ».
© Kishin Shinoyama
Si le Festival Planche(s) Contact ne cesse d’inviter des photographes de différents horizons - reportage, mode, portrait... - le nu, n‘avait pas encore été abordé alors que c’est l’un des thèmes les plus récurrents de l’art photographique. Avec Shinoyama, le nu n’est pas simplement un corps féminin : l’environnement dans lequel la femme évolue est déterminant. Le modèle japonais qui l’accompagnera à Deauville évoluera donc dans des lieux emblématiques comme la plage ou des chambres d’hôtels. Car c’est aussi un photographe des lieux, on lui doit plusieurs livres sur les maisons de grands artistes comme Man Ray, le cinéaste italien Luchino Visconti ou l’écrivain Mishima. Inviter Shinoyama, un des plus grands maîtres de la photographe japonaise (certains de ses livres se sont vendus au Japon à plus de 700 000 exemplaires), véritable star au Japon, c’est aussi partager l’imaginaire de Deauville avec le Japon.
Gunnar Smoliansky : Des petits riens
Gunnar Smoliansky travaille en noir et blanc, toujours sur de petits formats – au maximum 20 x 20 cm - qu’il tire lui-même. Photographe humaniste et piéton infatigable, il n’a de cesse d’arpenter les villes comme Stockholm ou les lieux de son enfance. Une photographie épurée, parfois intime, qui nous révèle de petits détails, souvent surréalistes, une oeuvre singulière. A Deauville, il a eu libre cours pour faire jouer son imagination en se promenant dans la ville, jouant avec les détails qui nous échappent le plus souvent, jouant aussi avec les ombres, la lumière et la présence physique de ses habitants ou visiteurs. Un de ses livres les plus significatifs s’appelle « Promenadbilder » (Photos de promenade en français). Une nouvelle fois, un regard complètement différent sur Deauville...comme si elle était photographiée dans les années 50 !
Gunnar Smoliansky est l'un des photographes suédois les plus importants. Il est né en 1933 à Visby, sur l’île de Gotland et pratique la photographie depuis le début des années 1950. Son œuvre est unique en son genre, tout en étant liée par ses références à l'histoire de la photographie.
A ses débuts, Gunnar Smoliansky suit les cours du soir de Christer Strömsholm (l’un des plus grands noms de la photographie suédoise) dont il devient l’assistant. Après des séjours au Brésil, il est employé comme photographe industriel. Créateur d’une agence de photographes (Bildhuset) et d’une maison d’édition (Dog photo publishing), il est devenu une des légendes de la photographie scandinave et le « protecteur » d’une nouvelle génération de photographes. Le Hasselblad Center lui a consacré une importante rétrospective en 2008 avec un livre de plus de 250 pages, One Picture at a Time.
www.gunnarsmoliansky.se
Représenté par la galerie GUN (Stockholm) : www.gungallery.se
Au point de vue – boulevard de la mer
Harry Gruyaert
« La couleur, c’est un moyen de sculpter ce que je vois. La couleur n'illustre pas un sujet ou la scène que je photographie, c’est une valeur en soi. C’est même l'émotion de la photographie ».
Harry Gruyaert a du, au moins, pédaler une bonne centaine de kilomètres à travers Deauville. A chaque éclaircie, il enfourchait son vélo, et se précipitait à la recherche de moments non décisifs, mais surtout de couleurs. Quand le week-end du 14 juillet a battu un record d'ensoleillement, il fut comblé ! Couleurs acidulées, voire psychédéliques, et clinquantes.
Comme un tableau Pop ! Précurseur européen de la photo couleur, longtemps considérée comme vulgaire, Harry Gruyaert photographie depuis des années les cotes européennes et africaines. Ses pas ne l'avaient jamais conduits à Deauville, cet oubli est réparé.
© Harry Gruyaert
Harry Gruyaert est né en 1941 à Anvers, en Belgique. Il débute sa carrière dans les années 60 comme directeur de la photo pour la télévision flamande. C1est en 1965 lors d’un premier voyage au Maroc, que sa vision du monde va changer. En 1972, Harry Gruyaert s'installe à Paris. Il reçoit en 1976 le Premier Prix Kodak de la Critique Photographique puis devient membre de l’agence Magnum en 1981.
www.magnumphotos.com
Au point de vue – boulevard de la mer
Grégoire Alexandre
Habitué des studios de photos, ces espaces fermés blancs et vierges, envahis de projecteurs, où le photographe de mode ou de publicité, crée son univers, Grégoire Alexandre a déménagé pour le plein air de la plage de Deauville. Pendant quelques jours gris de juin, avec son équipe (mannequin, styliste, décorateur, coiffeur et maquilleur), il a imaginé une femme qui viendrait passer quelques jours au bord de la mer. Une femme du siècle dernier, quand Coco Chanel ouvrait sa première boutique en juillet 1913, rue Gontaut Biron, dans l'une des boutiques de l'Hôtel Normandy...Une femme qui malgré les intempéries garderait toute son élégance et son glamour. Comme une exploration du temps avec les techniques digitales d1aujourd’hui, il a aussi revisité le paysage de la plage qui apparait comme un paysage martien (lunaire ?) photographié par un engin spatial en villégiature !
© Grégoire Alexandre
Grégoire Alexandre est né en 1972 à Rouen, il est diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles. Après avoir été exposé au festival d'Hyères, il a remporté en 2009, le prix HSBC pour la photographie. Il travaille pour la presse et la publicité, et il a signé des pochettes de disque pour des artistes comme Etienne Daho, Yelle, Yan Tiersen ou Bertrand Burgalat. Il vit et travaille à Paris.
http://www.gregoirealexandre.com
En extérieur près des planches
Audrey Corregan & Erik Haberfeld
Audrey Corregan a étudié la photographie à l'Ecole des Gobelins, à Paris, avant d'approfondir sa démarche artistique à l'Ecole de Photographie de Vevey, en Suisse, puis à la Gerrit Rietveld Academie d'Amsterdam. Elle remporte ensuite le premier Prix du Festival de photographie de Hyères, et est partie suivre le programme offert à la School of Visual Arts à New York. Elle vit aujourd’hui à Paris où elle alterne projets d'expositions et commandes avec son mari, le directeur artistique Erik Haberfeld.
Son travail est publié dans M, Stiletto, le Monde d'Hermès, ou Obsession magazine. Elle compte parmi ses clients Hermès, Yves Saint Laurent, Corpus Christi, Weston, Van Cleef. Elle a notamment exposé au FOAM à Amsterdam, et à Paris Photo, pour la Photographers Gallery de Londres.
A Deauville, elle a rendu hommage aux spécialités culinaires et à l’art de la table, avec des natures mortes, des constructions ludiques. Sa série a été réalisée avec la participation de commerçants et de restaurateurs Deauvillais.
Gastronomie est une enquête deauvillaise qui mena à des rencontres au cours desquelles nous avons collecté des indices. Ces trouvailles forment des natures mortes ludiques, qui sont le rapport de nos pérégrinations. C’est la recherche en soi qui devient ici résultat.
www.audreycorregan.com www.haberfeld-corregan.com
Au Point de Vue – Boulevard de la mer
Lucie & Simon : les mondes perdus
Lucie de Barbuat est Française et Simon Brodbeck, Allemand. Sous le nom de Lucie & Simon, ils travaillent ensemble depuis 2005 entre Paris et New-York. Ils étudient sous la forme de photographies et vidéos très grand format, la place de « l'Homme au XXIe siècle ». Confrontant continuellement l'Humain à la société dans laquelle il vit, leur œuvre met en avant des thèmes tels que l'environnement, la solitude du quotidien et la mise en suspens de la notion de temps. Ayant le plus souvent recours à des procédés techniques et technologiques modernes : montages photos, créations informatiques 3D, point de vue zénithal ou encore mélange entre photographie et vidéo, leur œuvre commune prend la forme de mises en scènes inspirées par la peinture romantique, le cinéma de science fiction et l'expressionnisme allemand.
© Lucie & Simon
Renfermant de nombreux éléments de conflit entre "réalité et irréel", leur œuvre prend vie grâce à la lumière et ses coloris, ainsi que la mise en scène de « personnages symboles », souvent éléments de confusion et de réflexion. Leur œuvre a été récompensée ces dernières années en France et à l’étranger, notamment par le Prix H.S.B.C pour la Photographie en 2010, le Prix de la Fondation Marcel Bleustein Blanchet, le Prix Nestlé ou encore le Prix de la Bourse du Talent en association avec la Bibliothèque nationale de France en 2009. A Deauville, ils ont utilisé les procédés de leurs séries Living Images et Silent World, deux façons d’appréhender la ville, par l’image fixe et la vidéo, deux univers qui se rejoignent. Après Paris, New York, Tokyo ou Pékin, ils ont photographié la ville de Deauville, vide, silencieuse et de nuit. Une nouvelle perception présentée dans la chapelle de la Congrégation des Sœurs Franciscaines. Là, deux images seront projetées, l’une sera mouvante, mais le spectateur verra-t-il la différence ?
Le genre littéraire des mondes perdus comprend les œuvres fantastiques ou de science- fiction dont l’intrigue porte sur la découverte d’un monde nouveau, hors de l’espace connu, hors du temps. La nuit, l’appareil photographique révèle des paysages inexistants à l’œil nu. La lenteur de l’enregistrement nécessaire à la photographie laisse apparaître les couleurs voilées de la nuit, et découvre ainsi des mondes cachés et imaginaires à la périphérie de nos villes, rappelant le mythe de l’Atlantide.
www.lucieandsimon.com
Aux franciscaines – 145 Avenue de la République
Terri Weifenbach
Née à New York en 1957, élevée dans le Maryland, Terri Weifenbach expose pour la première fois en 1979 dans une exposition collective, et en solo en 1991. Elle est l’auteur de plus de treize livres, souvent en éditions limitées, très recherchées des collectionneurs. Son travail a intégré de nombreuses collections prestigieuses comme les collections Hermès, Sir Elton John Photography Collection , Museum Ludwig, Koln, Germany, Museum of Photographic Arts, San Diego, Ca ou le Center for Creative Photography, Tucson, Az. Une oeuvre est totalement atypique : elle ne photographie que des fragments de nature - arbres, fleurs et parfois les insectes- sublimés par un jeu habile entre le net et le flou.
© Terri Weifenbach
A Deauville, l’artiste a porté son regard sur le fameux parc Calouste Gulbenkian, sur les serres municipales, des jardins privés et les décorations florales qui parsèment la ville. Un nouveau regard sur la ville fleurie ou les détails ont toute leur importance.
Aux franciscaines – 145 Avenue de la République
Lore Stessel : Les frontières de Deauville
Les frontières de Deauville, comme un trait dans le paysage. J’ai suivi cette fine ligne. Un dessin prend forme et guide mes recherches vers une expression abstraite. Dans ma pratique, le corps humain est à la fois sujet et outil de travail. Il est capturé dans un mouvement du quotidien puis manipulé par mes gestes de peintre. La répétition et la superposition des couches entraînent le sujet dans une intime illusion. Lore Stessel
© Lore Stessel
Lore Stessel est diplômée de l’ENSP (Arles). Elle a remporté en 2012, le Prix de la Fondation Louis Roederer. Elle vit et travaille à Bruxelles.
www.lorestessel.com
Aux franciscaines – 145 Avenue de la République
Les étudiants d'écoles européennes de la photographie
Fabiola Cedillo : la journée
J’aime me promener avec mon appareil photo en essayant de trouver dans le quotidien, des images qui me permettent de connaître de nouvelles voies de communication. Ce qui m’intéresse c’est de créer un jeu entre l’individu et son environnement le plus proche, sans marquer les frontières entre la fiction et la réalité.
À Deauville j’ai photographié des travailleurs pendant leur journée de travail, puis ces photos ont été manipulées avec des objets et matières trouvés en ville. Toutes ces images composent et décomposent différents temps, espaces et expériences.
© Fabiola Cedillo
Fabiola Cedillo (Espagne) est étudiante à BlankPaper (Madrid).
Contact : yo_513@hotmail.com
Laetitia Jeurissen : A girl with kaleidoscope eyes
Dans l’obscurité des boîtes de nuit, je me laisse avaler par la foule où les corps se fondent et les visages se dissolvent, se dessinent par les jeux de lumières artificielles, le rouge, le bleu, le vert. Avec ma caméra j’essaie de capturer ce dessin hasardeux, orchestré par un jeu de couleurs et de corps dansants pour après le décomposer à nouveau, seconde par seconde, en cherchant les moments illuminés dans les images arrêtées. Ces captures de vidéo, parfois plus narratives, parfois plus abstraites, forment un nouveau motif, comme à travers des yeux kaléidoscopiques.
© Laetitia Jeurissen
Laetitia Jeurissen (Belgique) est étudiante à La Cambre (Bruxelles).
Contact : jeurissenlaetitia@gmail.com
Marie Leroux : Fantasmagories
Personne ne peut savoir si le monde est fantastique ou réel, et non plus s’il existe une différence entre rêver et vivre.
Jorge Luis Borges
© Marie Leroux
Marie Leroux (France) est étudiante à l’ENSP (Arles).
www.marieleroux.com
Jonathan Llense : le crew normand
Le titre de ce travail a été trouvé aux abords de la gare. Un tag à même la ville que j’ai remarqué, noté, fait mien et usé. Ce travail se veut du même acabit. Entre trouvailles, rencontres, appropriations et interventions.
© Jonathan Llense
Jonathan Llense (France) est étudiant à l’ENSP (Arles)
www.jonathanllense.com
Tono Mejuto : Deauville mitraillée
Lauréat du prix de la fondation Louis Roederer 2013
Avec l’émergence de la mondialisation, Deauville devient un lieu touristique international qui attire les célébrités. Dans ce contexte, le paparazzi se positionne comme le responsable de la transition entre ces vies privées et leur image publique. Mon but est de travailler à partir de leurs « tirs » manqués, ceux où l’objectif est raté, le sujet soustrait, et qui nous permettent d’aller plus loin dans leur esthétique. Comme un paparazzi maladroit qui ajuste son appareil et s’apprête à déclencher sans réaliser que des badauds viennent obstruer son objectif. Une vision accidentelle.
Ainsi, et à partir de ces planches-contacts, nous pouvons repenser Deauville à travers la quête, la densité et la remise en cause de la construction de l’identité dans la sphère publique.
© Tono Mejuto
Tono Mejuto (Espagne) est étudiant à BlankPaper (Madrid).
www.tonomejuto.com
Pauline Miserez : à la recherche du cheval en cristal
Je ne savais pas qu’un cheval pouvait inspirer une telle admiration. En fait, je ne l’avais même jamais imaginé. C’est vrai qu’ils sont tous brillants et merveilleux. Tous ceux qui s’en occupent, et ils sont nombreux, les aiment si étrangement et intensément qu’ils disparaissent derrière l’objet de leur affection. Ces personnes sont elles aussi magnifiques. Elles sont timides et tendres, et elles m’appellent toutes Madame. Je ne comprends pas encore leur dépendance à ces créatures, mais j’essaie d’y parvenir en les observant. Pendant le temps que dure la prise de vue, alors qu’elles essaient d’atteindre l’image idéale que leur idole projette, elles m’oublient et me laissent entrevoir un peu de leur identité.
© Pauline Miserez
Pauline Miserez (Suisse) est étudiante à l’ECAL (Lausanne).
www.paulinemiserez.ch
Hemya Moran : love in Deauville
Si vous « googlelisez » Deauville, comme je l’ai fait, vous obtiendrez des photos de couples romantiques qui sirotent des cocktails au bord d’une piscine, jouent sur la plage et font des câlins dans des chambres d’hôtel. Dans ces images il y a une promesse : une jeune fille simple armée d’un bikini, assez déterminée pour la chasse (ou la pêche) aux hommes, va finir par passer le week-end dans les bras d’un amant.
J’ai rejoué ces scènes avec des hommes – de parfaits inconnus – qui correspondent en quelque sorte à la description ou aux comportements représentés dans Google Images. Dans chacune de ces rencontres capturées par mon objectif, il se trouve une tension entre l’imagerie romantique et la réalité de la reconstitution. Mes photos vont aussi avoir leur vie propre dans le monde de l’image, elles seront elles-mêmes englouties et intégrées dans l’immense banque d’images en ligne, ce qui complique encore plus leur relation avec la réalité première.
© Hemya Moran
Hemya Moran (Israël) est étudiante au Royal College of Art (Londres). www.hemyamoran.com
Camille Picquot : mécanique ondulatoire
Lauréate du prix de la fondation Louis Roederer 2013
Mécanique ondulatoire est le fruit de déambulations urbaines dans le pays d’Auge, d’observations quotidiennes et de rencontres inopinées. Certaines incongruités visuelles fournirent la genèse de ce projet: Deauville permet la cohabitation du réel et de la fiction. Via différents registres d’images, ces photographies entendent proposer une vision inattendue de la ville et saisissent l’imprévisible, donnant corps à la fugacité. Il s’agit d’offrir une esthétique moderne et une brèche d’évasion en s’imprégnant d’un contexte bien réel. Une manière de sonder par la photographie les formes de poésie que recèle notre époque. Ce projet a été élaboré avec les habitants de Deauville. Chaque scène est le produit d’un échange avec le modèle, renforçant la portée narrative des images. L’ensemble a été créé comme une invitation au voyage.
© Camille Picquot
Camille Picquot (France) est étudiante à la Cambre (Bruxelles).
Contact : camille.picquot@hotmail.fr
Peter Watkins : surface tension
La surface est l’apparence extérieure, l’enveloppe, la limite externe d’une chose. C’est ce à quoi est confronté l’appareil photographique, et c’est ce que la photographie tente de dévoiler. Ancrées sur Deauville, ces photos peuvent être considérées comme une étude de la forme, de la texture et des surfaces : une tentative de démanteler la surface extérieure des choses, et de trouver des points communs, des associations. Elles sont entrelacées les unes aux autres, comme dans un roman, et elles oscillent entre profondeur et surface, essence et apparence, document et fiction.
© Peter Watkins
Peter Watkins (Royaume-Uni) est étudiant au RCA (Londres).
peterwatkins.co.uk
Manon Wertenbroek : escapade à Deauville
Pour Deauville, j’ai décidé de créer des objets en rapport avec les principaux thèmes qui font le prestige de la ville – la plage, le casino, les concours équestres et les maisons normandes –, pour ensuite les photographier dans différents lieux à la manière d’un collage. Ces lieux se confrontent ainsi à l’interprétation plastique que j’en ai faite et deviennent, en quelque sorte, le studio de mes natures mortes.
PS : c’est un peu kitsch comme titre mais en même temps je trouve que mes photos sont colorées et vives, pas « prise de tête ». Un peu comme une femme qui s’échapperait le temps d’un week-end à Deauville pour jouer à la roulette dans ses jolis escarpins et se balader avec son sac normand en admirant les fleurs..
© Manon Wertenbroek
Manon Wertenbroek (Pays-Bas) est étudiante à l’ECAL (Lausanne).
Contact : manon.wertenbroek@gmail.com