© Cédric Gerbehaye/VU'
Photoreporter membre de l'agence VU' depuis 2007, Cédric Gerbehaye a fait sa place dans le monde du photojournalisme.
Récompensé par de nombreux prix dont le prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre ou encore le World Press Photo, il a couvert de nombreux terrains de conflit, et s'intéresse au départ au conflit israélo-palestinien.
Dans son dernier ouvrage Land of Cush publié aux éditions le bec en l'air, il traite de la question du Soudan, le plus vaste Etat d'Afrique, et l'un des pays les plus pauvres de la planète. Appuyé par les textes de Jon Lee Anderson, grand reporter au New Yorker et spécialiste de conflits mondiaux (comme l’Irak, l'Ouganda ou l'Afghanistan), Cedric Gerbehaye propose un ouvrage complet qui cherche à montrer le quotidien d'un pays fatigué des conflits qui l'ont rongé.
© Cédric Gerbehaye/VU'
Trente-deux photographies en couleurs ornent cet ouvrage, qui permettent au lecteur d'entrer en profondeur dans l'univers soudanais, et de comprendre son histoire. Les images et les textes se font écho, et se complètent. Placés judicieusement à la fin de l'ouvrage, les textes de Jon Lee Anderson font état de la situation actuelle du Soudan, une situation humanitaire catastrophique : « Partout aussi, des panneaux indicateurs signalent l'emplacement des innombrables organisations spécialisées de l'ONU qui oeuvrent au Soudan du Sud, conjointement au Comité international de la Croix-Rouge (CIRC), au Programme alimentaire mondial et à une foule d'autres ONG internationales et d'associations caritatives religieuses. Tout cela rappelle que le Soudan du Sud est depuis très longtemps un cas désespéré de l'aide internationale : en tant que principal champ de bataille du plus long de tous les conflits africains et que siège récurrent d'une guerre civile tribale endémique corrélée à une famine chronique, ce pays a le triste privilège de cumuler plusieurs des pires indices socio-économiques du monde – non seulement le taux local de mortalité y est effrayant (plus de 10%!), mais le taux local de mortalité maternelle est également la plus haut de tous ceux relevés. C'est l'une des plus pauvres nations de notre planète : le revenu journalier de la majorité des Sud-Soudanais étant inférieur à un dollar, beaucoup seraient totalement incapables de survivre sans assistance humanitaire. En outre, très peu sont assez qualifiés pour avoir la moindre chance de gagner décemment leur vie dans le monde moderne : sept Sud-Soudanais sur dix ne savent ni lire ni écrire, le pourcentage d’illettrisme atteignant 90% chez les femmes. Quand le Soudan du Sud a conquis son indépendance en 2011, une cinquantaine de kilomètres seulement de « chaussées revêtues » y étaient construits. »
© Cédric Gerbehaye/VU'
Pourtant, le propos du grand reporter du New Yorker ne s'arrête pas à l'état actuel du pays, mais revient sur son histoire, afin de permettre au lecteur de mieux comprendre les raisons de tant de difficultés. Avec clarté, il retrace les plus grandes étapes du pays, sa construction, son évolution, son indépendance, son mode de fonctionnement.
© Cédric Gerbehaye/VU'
Des textes en dépendance donc avec les photographies de Cedric Gerbehaye, fortes en sens et par le message qu'elles délivrent. Esthétiquement réussies, elles décrivent un pays en difficulté mais vivant et toujours debout.
Un bel ouvrage qui réussi à montrer la complexité d'un pays, tout en cherchant à mettre en avant une population au tournant de son histoire, et qu'il ne faut pas oublier.
© Cédric Gerbehaye/VU'
Land of Cush, photographies de Cédric Gerbehaye, texte de Jon Lee Anderson
Format 21x28, 104 pages
Couverture souple à rabats
32 photographies en couleurs
Texte bilingue français/anglais
30 euros
Claire Mayer