© André Steiner / Ce qu'on n'a pas fini d'aimer / Le Bec en l'air
Les photographies d'André Steiner sont incontournables, et font partie du patrimoine de la photographie. Photographe hongrois né en 1901 à Mihald, il s'installe à Paris en 1928, désormais époux de Léa Sasson, dite Lily. Cette femme qui partagera sa vie jusqu'en 1938, sera l'amour de sa vie, et le restera dans son cœur, malgré leur séparation. Ainsi, Lily sera sa muse, et l'objet de toutes ses préoccupations photographiques. Le public connaît ce visage, qui revient si souvent dans les images de l'artiste. Des traits presque angéliques, un corps sculpté d'athlète.
Pourtant, nombreuses sont les images que le lecteur découvre au fil des pages de Ce qu'on a pas fini d'aimer. L'ouvrage de 144 pages s'ouvre sur une citation de Vladimir Maiakovski, de 1930 :
« Rattrapons désormais
Ce qu'on a pas fini d'aimer
au firmament des nuits sans nombre. »
© André Steiner / Ce qu'on n'a pas fini d'aimer / Le Bec en l'air
© André Steiner / Ce qu'on n'a pas fini d'aimer / Le Bec en l'air
Le ton est donné, du moins la piste est engagée. Très vite, l'on découvre l'objet du livre, qui s'ouvre comme un journal intime de ce que fut la vie d'André et Lily : leur intimité, puis leur vie de famille, avec la naissance de leur fille Nicole en 1934. L'intimité fait partie intégrante de l'univers photographique de Steiner, pourtant ici, le lecteur s’immisce dans sa vie, son univers d'une façon nouvelle et intrigante, parfois presque dérangeante. Pourtant, très vite, le lecteur est pris par cette démonstration de l'amour, qu'il ressent passionné et véritable. François Cheval, qui signe la préface du livre, l'exprime avec beaucoup de justesse : « Les nus avaient beau être une froide affirmation de ce que le monde devait être, les portraits de Lily et la figure heureuse de Nicole, leur enfant, comme un paquet de vieilles lettres conservées, accompagnent autrement le photographe, ivre d'amour. Ces photographies ramènent infailliblement à l'idée que l'on peut se faire du bonheur réel ».
© André Steiner / Ce qu'on n'a pas fini d'aimer / Le Bec en l'air
© André Steiner / Ce qu'on n'a pas fini d'aimer / Le Bec en l'air
Les pages d'une vie filent sous les doigts du lecteur qui, en plus d'admirer le talent photographique de Steiner et l'intensité esthétique de ses images en noir et blanc, découvrent son univers, ses rêves, ses joies. Finalement, n'est-ce pas important, pour appréhender une œuvre, que d'entrer dans la vie de son créateur, de comprendre son inspiration ?
L'ouvrage se clôt sur un texte signé Arnaud Catherine. Il y raconte son entrevue avec Nicole, l'enfant prodige d'André et Lily. Tel un roman captivant que l'on dévore avec avidité, les quelques propos de Nicole apportent des informations supplémentaires, et permettent surtout de clore de façon idéale un ouvrage qui est somme toute loin des habituels livres photographiques d'André Steiner.
© André Steiner / Ce qu'on n'a pas fini d'aimer / Le Bec en l'air
Ce qu'on a pas fini d'aimer, photographies d'André Steiner
Editions le bec en l'air
20 x 25 cm / 144 pages / couverture cartonnée 150 photos en noir et blanc et en couleurs
32,00 €
Claire Mayer