© Richard Volante
Beirut To Nowhere, est né de la collaboration entre Richard Volante photographe, vidéaste et Jean-Baptiste Gandon journaliste. Richard Volante a réalisé des courts-métrages : « comme une ligne rouge dans la mer ». Il interroge constamment l'image dans sa dimension sociale autant qu'artistique. Il a photographié la Palestine, Budapest. Néanmoins ce chasseur d'images ne fait pas le choix d'arpenter Beyrouth avec un appareil photo imposant, technique. Un simple portable suffit à capter sa perception de la ville.
© Richard Volante
Beirut To Nowhere, invite le lecteur à un voyage onirique. La couverture, sombre, laisse entrevoir le sujet du livre. Un titre gravé en rouge et noir sur une photographie d'avion. La préface de Jean-Baptiste Gandon prépare le lecteur à ce récit imaginaire. Beyrouth fait rêver. Nombreux sont les photographes, comme Raymond Depardon, à avoir posé leur regard sur cette ville. Nombreuses sont les personnes pour qui la capitale du Liban est synonyme de guerre, bombardement, mort. On imagine une cité décharnée, meurtrie. Aujourd’hui, c'est une ville qui compose avec la modernité.
© Richard Volante
Beirut To Nowhere, un titre qui résonne comme une chanson: « C'est jean baptiste Gandon qui la trouvé. C'est un clin d'oeil (léger) au groupe Talking Heads : un de leur titre est « Road to nowhere ». Un regard grave aussi sur une ville qui semble sans avenir, en déroute permanente, quand on la regarde de l'extérieur. Beirut barré, sans issue… »
Un petit format carré de 14 x 13,8, 80 pages : pas besoin de fioritures, de livre colossal pour évoquer Beyrouth. Des photographies discrètes, composées à partir d'un téléphone portable, procurant la sensation d'être prises sous le manteau. Un papier lisse, qui adoucit ces instantanés. Face à elles , les écrits de Jean-Baptiste Gandon. « C'est avant tout un ami, et quelqu'un qui a une écriture qui me parle. Le fait qu'il ne soit jamais allé à Beyrouth collait à merveille à mes images. Il a pu ainsi travailler sur un récit imaginaire nourri de ces photos réelles, mais aussi à partir de sa propre vision de la ville. Comme il le dit souvent à propos de ce livre : je ne suis jamais allé à Beyrouth, mais n’en suis pas revenu. »
© Richard Volante
A chaque photographie, le lecteur ressent la sensation d'ouvrir les yeux, de se réveiller. Un voile fuselé encadre ces instantanés. Dès les premières clichés, des édifices abimés, les marques du passé. L'homme semble avoir disparu. Des silhouettes se révèlent au hasard des pages. Des visages laconiques. A l'image de cet homme assis sur une terrasse, baillant. Les grues, les autoroutes, symboles d' une ville en construction, ornent les photographies de Richard Volante. La vie reprend son cours, une plage, des silhouettes au loin, des touristes viennent à Beyrouth. Le livre se conclut sur un aéroport, un avion. Il est possible de venir et partir de Beyrouth, voyager.
© Richard Volante
La végétation est peu présente, l’urbain domine. Le soleil ne semble plus pouvoir passer dans ce ciel noirci. « C 'est avant tout un travail fictionnel, une approche personnelle. Je ne souhaitais pas montrer la ville telle qu'elle se présentait à moi. J'avais envie de la retrouver comme j'aurais pu la rêver. »
© Richard Volante
Aucun espoir n'est possible. Beyrouth est ténébreuse. Richard Volante révèle sa vision chimérique de Beyrouth. « Beirut renvoie autant d'images qu’il y a de personnes à la regarder, la photographier ou la filmer. En ce qui me concerne, il s’agit d’un regard subjectif, ni positif, ni négatif, à travers un objectif.» Malgré l'opacité des photographies , on découvre l'exorde des édifices, de la modernisation , avec son lot de consumérisme. Comme cette mannequin en vitrine, ou ces portraits d'actrices célèbres dont Jean-Baptiste Gandon commente « Partout, la mode fait de nombreuses victimes. » Dans sa préface déjà, il évoquait « les nouveaux temples de la religion consumériste, où les souks ont rendu leur dernier souffle. Ville aux milles contrastes, où le luxe se vautre parfois dans la luxure, où la plus grande pauvreté trébuche dans les flaques crasseuses de la misère. »
© Richard Volante
Jean-Baptiste Gandon, à travers les photographies de Richard Volante, a réalisé son propre voyage de Beyrouth. Il ne s'est pas rendu sur place en quête d'inspiration. A la simple vision de Beirut to Nowhere il a rédigé ses textes. « Je ne suis jamais allé à Beirut, mais n’en suis pas revenu. »
Cet partenariat singulier va se poursuivre mais les rôles seront inversés. Richard Volante photographiera une ville française à partir du récit fictionnel de Jean-Baptiste Gandon.
Vignettes et photographies © Richard Volante
Beirut To Nowhere par Richard Volante et Jean-Baptiste Gandon
Les Editions de Juillet
14 x 13,8 x 1 cm / 80 pages
9,90 euros
Louise Leclerc