Vignettes et images © Joseph Charroy
Ils sont deux, il photographie et elle écrit, avec comme guide les points cardinaux, dans un voyage Islandais bercé par le souffle du grand nord. Au fil de cet ouvrage, on découvre le chemin parcouru en aout 2011 par Joseph Charroy et Florence Cats, le long de la «terre de glace». Après "Chats lunatiques" en 2010, "Le vent qui a des yeux- autostop en Islande" est le deuxième recueil de textes et photographies de ce duo publié aux éditions Lamaindonne.
La sensibilité commune au couple devant "l'étrange beauté" de l'Islande, n'étouffe nullement la poétique de chacun et de ce double regard nait un ouvrage issu d'une quarantaine de photographies argentiques et d'un carnet de route.
© Joseph Charroy
Plus que le témoignage de la route parcourue en auto-stop, l'intensité des espaces vécus résonne chez ces deux artistes. Les photographies, loin du spectaculaire, réalisées avec un appareil photo très modeste, questionnent la géographie de l'ile, sa lumière, sa diversité et son isolement. A l'image de cette double page, où le bleu perçant de l'eau fait écho au bleu solitaire de ce hangar posté devant les montagnes . On décèle combien, la matière organique de l'île et ses constructions humaines dispersées parmi ses roches, éveillent la curiosité de l'oeil du photographe.
© Joseph Charroy
© Joseph Charroy
En tournant les pages, le froid s'engouffre et les déplacements des artistes contrastent avec l'apparente tranquilité de l' immensité. L'intérieur divague et s'absorbe dans le voyage, comme le révèlent les mots de Florence Cats
"Ma joue collée à la vitre humide, mes yeux s'enfuient
esprit de la perte"
© Joseph Charroy
«Le vent qui a des yeux», est une plongée du regard au coeur du hasard, lorsque surgissent les paysages et les rencontres. Cette posture aux aguets, caractéristique des voyageurs ne tente pas de capturer l'exotisme de ce qui est autre, mais plutôt de retracer une poésie géographique. Des maisons perdues presque paralysées, des paysages qui rappellent la solitude ressentie face à eux. et puis la route sinueuse qui défile.
Que se passe t-il à l'intérieur de ces maisons insulaires? Le point de vue en surplomb qu'a choisi Joseph Charroy, transmet cette confrontation vertigineuse entre ces habitations éparpillées et l'océan atlantique qui l'entoure. Comme un appel à prendre le large.
On tique parfois sur le cadrage et l'on regrette une certaine faiblesse du tirage photographique, mais le photographe le dis lui même
«J'ai pas le même matos que les autres (…)
Ils ont des trucs énormes(…)»
C'est aussi cette figure humble et circonspecte face à ce qui les entourent qui charme dans le travail de ces artistes émergents.
© Joseph Charroy
Dans les photographies de Joseph Charroy, la silhouette de Florence Cats, se dessine déjà dans le large, puis vient son récit. Lire Florence Cats c'est aussi se plonger dans des tableaux intérieurs, des haïkus, ou couleurs, sensations et rencontres Islandaises se mêlent. Avec onirisme, elle retrace "l'esquisse d'un chemin", dans une intimité où son questionnement se mêle aux citations de Virginia Woolf .
Ils sont descendus voir la mer, parcourir les routes le regard suspendu "autres visions, autres perceptions, autres lumières". Comme Bernard Plossu dans sa préface de l'ouvrage, on s'interroge "quand un voyage est si beau comment rentrer ?". La fin du rêve, mène au suivant où la sensibilité des deux artistes prendra de nouveau son souffle.
Le livre (22 euros) (104 pages), n'étant pas partout en librairie, vous pouvez également vous le procurer sur le site de la maison d'édition: http://www.lamaindonne.fr /
© Joseph Charroy
Manon Froquet