Le livre photographique Marseille, paru à la fin de l’année 2012, est la rencontre entre trois univers : celui des éditions Be-Pôles, de la ville de Marseille qui souhaite être au-devant de la scène en cette année 2013 et l’univers photographique du phocéen Olivier Amsellem.
Tout commence en 2007 lorsque le studio de création Be-pôles débute son long périple et décide de proposer des carnets de voyage simples et élégants. En six ans, il a édité une quinzaine d’ouvrages photographiques, chacun reflétant la culture d’une ville. Laissant carte blanche à un photographe choisit pour la richesse et la sensibilité de son vocabulaire visuel, la série des Portraits de Villes a parcouru le monde entier, de Los Angeles à Tokyo, en passant entre autres par Paris ou Dubaï.
© Olivier Amsellem
© Olivier Amsellem
En 2013, Marseille a fait le pari d’être la capitale de la culture. Au-delà du foisonnement créatif que cela permet, c’est l’occasion pour la métropole phocéenne de reforger une identité souvent malmenée : les médias ne parlent de Marseille que pour, dans le meilleur cas, vanter son climat, mais dans le cas le plus courant, fustiger les affaires de délinquance de la ville.
Olivier Amsellem, bien qu’habitant désormais à Paris, est né dans cette ville mal connue et mal-aimée. Depuis qu’il tient son appareil photo dans les mains, la ville de Marseille ne cesse de le hanter. Dans son ouvrage La poétique du bord paru en 2011, il s’intéressait à l’urbanisation et l’industrialisation croissantes du littoral des Bouches-du-Rhône. Gardant en fil rouge ce constat, le photographe offre dans l’ouvrage Marseille aux éditions Be-Pôles son regard sur cette ville : une cité changeante au fil de l’implantation de l’homme, dont la composante fixe est le soleil qui illumine et donne vie à Marseille.
© Olivier Amsellem
© Olivier Amsellem
Le sujet de prédilection de ce livre n’est pas de montrer la ville Marseille dans toute sa splendeur touristique. Le photographe étant phocéen d’origine, il connait parfaitement chaque recoin de la ville : ce qui l’intéresse, c’est de mettre en avant son évolution au fil des constructions et destructions que lui impose l’homme. Échafaudages et barrières font ainsi partie intégrante des clichés, se mêlant au décor du bleu azur de la mer et du ciel.
Face à ce renouveau constant, l’homme peut se perdre, se sentir dépassé sans racine fixe, sans environnement stable. D’ailleurs, l’humain dans l’ouvrage n’est jamais montré, si ce n’est de dos ou de loin, comme pour souligner la tentative de fuite de cette situation angoissante. Il se dirige irrémédiablement vers la mer Méditerranée, attiré par le calme, la sérénité qu’elle dégage.
© Olivier Amsellem
© Olivier Amsellem
Cette approche est originale : si les ouvrages photographiques ne vont cesser de se défiler au cours de l’année 2013 puisque la ville a fait le choix d’être capitale culturelle, beaucoup se concentrent non pas sur son industrialisation croissante mais sur la Canebière et son immigration. Olivier Amsellem et la collection « Portraits de Ville » réussissent donc leur pari de faire (re)découvrir une ville sous une forme non-habituelle.
Pourtant, la collection se caractérisant par son petit format (13 x 21), le photographe est contraint de présenter ses clichés en petites vignettes, ce qui rend souvent difficile toute identification ou voyage possible. Le spectateur est contraint de se rapprocher dangereusement des pages de l’ouvrage, perdant un panorama global sur les photos, sur l’ouvrage ou même sur la ville.
© Olivier Amsellem
© Olivier Amsellem
Etre capitale culturelle pour Marseille en 2013 est un vrai défi économique : Lille, qui avait fait le même choix en 2004, avait vu une augmentation de 23% de sa création d’emploi liée au tourisme. Le projet marseillais a d’ailleurs été piloté par une association présidée par le responsable de la chambre du commerce de de l’industrie locale (Jacques Pfister). Oliver Amsellem a surfé à la perfection sur cet événement, en alliant lui aussi art et industrie dans son ouvrage Marseille. Espérons qu’il évite d’être Fanny dans ses ventes, et bon vent à ce livre photographique, peuchère !
© Olivier Amsellem
© Olivier Amsellem
Marseille par Olivier Amsellem
64 pages
Collection Portraits de Villes – Editions Be-Pôles
18 euros
Claire Barbuti