Liu Bolin, Hiding in the City, Chinese Magazines, 2012 © Liu Bolin / Courtesy Galerie Paris-Beijing
Liu Bolin est un artiste chinois né en 1973 dans la province du Shandong. Le déclencheur de son investissement artistique va être, en 2005, la destruction du village d'artiste dans le Suojia Village International Arts Camp, un quartier de la banlieue de Pékin. Le gouvernement décide en effet de procéder à la destruction de ce village, qui compte une centaine d'artistes, dans le cadre de la restructuration de la capitale chinoise en vue des Jeux Olympiques. Liu Bolin est très marqué par cette destruction sommaire, et réfléchit donc à la manière d'exprimer ce ressentiment. N'ayant pas de moyens financiers, il réalise alors qu'il ne peut qu'utiliser sa propre personne pour réaliser une œuvre artistique. Ainsi débute l'aventure artistique de Bolin, qui commence à se fondre dans le décor.
Liu Bolin, Hide in the City - 02, Suojia Village, 2006 © Liu Bolin / Courtesy Galerie Paris-Beijing
Sa série « Hiding in the city » est donc la première qu'il réalise, et celle qui sera au centre de sa réflexion artistique. Cet ouvrage en est la preuve, et retrace l'aventure artistique de Liu Bolin, qui commencera en Chine, pour se produire partout dans le monde.
Liu Bolin, Hide in the City - 16, Civilian and Policeman No.1, 2006 © Liu Bolin / Courtesy Galerie Paris-Beijing
De prime abord, l'artiste semble se cacher dans le décor, comme pour disparaître dans un environnement qui lui paraît hostile. Le titre même de ce projet, « Hiding in the city » est évocateur. Pourtant, en se fondant dans un décor qui n'est jamais choisi à la légère, Liu Bolin apparaît encore plus. Se camoufler pour mieux survivre, se camoufler pour mieux se faire voir.
Liu Bolin, Hide in the City, Graffiti #3, 2012 © Liu Bolin / Courtesy Galerie Paris-Beijing
Le texte introductif de l'artiste dans cet ouvrage en est ainsi le témoin, dès son titre : « quand le camouflage devient stratégie. » Ainsi, Liu Bolin l'explicite : « le caméléon est doté du pouvoir unique d'adapter sa couleur à celle de son environnement afin de se protéger. Le serpent à sonnette peut lui s'enterrer entièrement sous le sable ; outre une meilleure sécurité, cela lui apporte également accès à la nourriture. Bien d'autres animaux, parmi lesquels le gecko ou le scarabée ont appris, à travers le temps, à s'adapter à leur environnement et à échapper à leurs prédateurs. Le camouflage est dès lors, devenu un facteur essentiel de survie.
L'Homme n'est finalement peut-être pas un animal puisqu'il ne sait pas instinctivement comment se protéger.
Liu Bolin, Hiding in the City, Mobile Phone, 2012 © Liu Bolin / Courtesy Galerie Paris-Beijing
Au cours de ces trois mille dernières années de civilisation, deux points communs apparaissent clairement : pour commencer, l'Homme évolue tout en détruisant son environnement ; pour finir, le développement de l'espèce humaine engendre des effets néfastes pour elle-même. Au prix de sa brillante Civilisation, l'Homme est enclin à oublier qu'il est toujours un animal et annihile son propre instinct. »
Liu Bolin se fond dans un décor pour mieux y apparaître. Ses images sont fascinantes, et même si le jeu réside bien souvent dans le fait de le trouver dans le décor, le soucis du détail et l'univers dans lequel il nous plonge font également partie prenante de l'aventure.
Liu Bolin, Hiding in the City, Family Photo, 2012 © Liu Bolin / Courtesy Galerie Paris-Beijing
Ses performances sont spectaculaires de minutie, d'inventivité et de patience. Actuphoto a eu la chance d’assister à l'une d'entre elle, et est resté bouche-bée devant tant de créativité (à découvrir ici).
Alors cet ouvrage, au format imposant par sa taille et riche de son contenu, permet aux curieux comme aux admirateurs du travail de Liu Bolin, de voir et revoir le travail hardi d'un artiste qui ne cesse de faire parler de lui.
Liu Bolin, Hiding in the City, Three Goddesses, 2012 © Liu Bolin / Courtesy Galerie Paris-Beijing
Liu Bolin, édité par la galerie Paris-Beijing
49 euros
Claire Mayer