© Stéphane Ros
Savoir qui de l'homme ou de la nature prendra le dessus : tel est le message qui est véhiculé dans cet ouvrage de Stéphane Ros. Le photographe présente des clichés en noir et blanc, des paysages, et plus particulièrement des « résidus » de nature, des arbres « nus », sans feuilles, mixés à un fond urbain de béton et de bitume.
Le livre est préfacé par une nouvelle d'Eric Chatillon, où l'on s'attendrait à avoir quelques explications quant aux clichés et mises en scènes du photographe... Cette nouvelle raconte l'histoire d'un homme, Marty, qui se souvient de cette époque où, avec Machenka, ils étaient amoureux et heureux face à ce monde industrialisé et dépourvu de sentiments. Cette préface, d'une certaine manière, contrebalance le manque d'informations de la part du photographe, car elle décrit la vision d'un monde qui pourrait correspondre aux clichés du livre. Mais le lecteur est libre d'apporter sa propre interprétation aux photos de Stéphane Ros.
© Stéphane Ros
Ces photos représentées en noir et blanc ont quelque chose d'angoissant, d’inquiétant. Contours flous, arrondis, ambiance apocalyptique : les clichés ne sont pas francs et laissent présager qu'une catastrophe est arrivée ou se profile à l'horizon. Ces restes de nature se mêlent au béton, à l'urbanité de la ville. Des plantes sauvages se frayent un chemin tant bien que mal dans les failles des pavés pour faire valoir leur position : rappeler que la nature existe, qu'elle est là, malgré toute tentative de l'homme à la détruire.
© Stéphane Ros
Face à une montée en force de la mondialisation et de la modification du paysage urbain, il s'agit de savoir qui du bitume ou de la nature prendra le dessus, qui finira par gagner ce « combat ».
Ces photos au ton menaçant montrent une ville morte, vide, où règne un sentiment d'angoisse. On pourrait presque les comparer à des scènes de films d'épouvante : les statues et le carrousel à moitié visibles, cette croix sur une stèle, cette porte cochère munie d'une grille en fer forgent un environnement lugubre et sinistre. C'est un peu comme si cette ville avait perdu toute sa vie, son âme, et n'avait laissé derrière elle que des ruines et des arbres « fânés ». macabre
© Stéphane Ros
Le titre du livre « chaos silencieux » suggère une opposition entre les mots. Cette oxymore rapproche ces deux termes que leur sens devrait normalement éloigner : le chaos ne peut-être silencieux, sans bruits.
© Stéphane Ros
Le livre se veut être une réflexion écologique, sur la coexistence, le combat de l'homme avec la nature. La nouvelle qui fait office de préface au livre appuie notamment ce caractère de « ville morte » dans la mesure où le personnage inventé, « Marty », est seul dans cette ville, au milieu des briques, du bitume, et des quelques éléments de nature restant. « Le soleil est noir, le temps n'est plus qu'un épais brouillard » : cette phrase montre les conséquences d'un monde mondialisé et donc pollué sur la vie et l'environnement : la vie s'est arrêtée.
Finalement, Stephane Ros semble être nostalgique d'un environnement urbanisé qui ne laisse que peu de place a la nature. Craindrait-il que la main de l'homme n'enlève toute vie à l'état de nature ?
© Stéphane Ros
Chaos Silencieux - Stephane Ros
Editions Au Fil Du Temps
23x23
104 pages dont 38 photos
20€
Eloïse Rey