
© Marion Osmont
Marion Osmont, photographe engagée dans l'humanitaire pointe dans son ouvrage la situation des migrants à Calais. Par ses photos qu'elle associe à des textes, des témoignages de migrants ou de responsable d'association, on note son engagement à exposer la situation de ce problème. « Des hommes vivent ici », est un livre qui parle de ces hommes et femmes qui quittent leur pays en ruine, en guerre. Ils s'éloignent des situations de violences généralisées, de persécutions religieuses ou raciales afin d'essayer de trouver un environnement plus serein et stable ailleurs. Le titre seulement suffit à montrer que ces migrants (sur)vivent dans des lieux absolument indécents, après leur périple pour arriver en France, par le nord, du côté de Calais. Marion Osmont, photographe de faits troublants, souhaite qu'une réflexion soit engagée sur le droit d'asile en Europe.
© Marion Osmont
Après la fermeture du camp de Sangatte à Calais, il y a 10 ans, les ex-résidents de ce camp, hommes et femmes, vivent dorénavant dans des hangars à l'abandon, dans des campements de fortune installés dans des champs, sur des espaces de terre battue et dans des squats. Ces endroits sont dangereux et inappropriés pour y vivre. Marion Osmont dresse le portrait de deux réfugiés, tous deux demandeurs d'asile : Ammanuel, réfugié d'Ethiopie, et Haroon, réfugié du Soudan. Deux portraits sur une multitude de cas similaires.
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Le camp de Sangatte a compté des milliers de personnes qui y ont transité. Femmes, hommes, enfants. Bien que les conditions y aient été difficiles, les migrants étaient en quelques sortes protégés contre les conditions extérieures, notamment la xénophobie grandissante. Globalement, la fermeture de ce camp de Sangatte n'a pas résolu les problèmes de migration. Bien au contraire, elle n'a fait que les accentuer, et a d'autant plus laissé ces migrants dans des situations aussi bien risquées qu'inhumaines. Bénévoles, médecins volontaires, habitants de Calais viennent en aide aux migrants, quittent a risquer - en les hébergeant chez eux - d'être accusés de délit de solidarité..
© Marion Osmont
Haroon, montre à Marion là où il vit. Vagabonder de maisons abandonnées aux hangars, c'est son quotidien pour tenter de se trouver un toit. Il lui explique ses allers-retours : aller chercher de l'eau, la faire chauffer, couper du bois, trouver de quoi se nourrir, puis retourner chez « lui ». Pour rejoindre sa chambre, il faut « traverser un hangar, se glisser dans un trou, longer un tunnel aménagé sous le sol, passer un premier mur, marcher le long d'un corridor à travers ronces, passer un deuxième mur, marcher sur un toit, passer par une fenêtre cassée, monter un escalier défoncé ». Cet enchaînement d'actions fait écho en quelque sorte à l'enchaînement d'aventures qui se sont passées dans sa vie, son périple pour rejoindre la France.
© Marion Osmont
Ammanuel a mis plus de 3 ans dés le moment ou il a quitté son pays jusqu'au moment où il est arrivé à Calais. Cette expédition lui a couté prés de 10 000 euros. Son témoignage raconte les conditions difficiles auxquelles il a du faire face.
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La photographe a pris ses clichés de manière à reporter les conditions de vie des deux émigrés qu'elle a suivi. Ces témoignages expliquent leur périple pour arriver jusqu'en France : long, pénible, cher, et totalement incontrôlé. Tout est corrompu. Les passeurs Libyens, à chaque nouvelle étape du voyage, demandaient aux migrants plus d'argent pour les acheminer à la ville : « les 250$ ça s'arrête là, ceux qui peuvent payer continuent, ceux qui ne peuvent pas restent là » prêt à les abandonner dans le désert. Les forces de l'ordre françaises délogent et chassent les migrants, rien n'est sûr.
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Les tentatives de traversée de la Manche pour rejoindre l'Angleterre sont de plus en plus périlleuses et coûtent la vie à trop de personnes. À la fin du livre, Marion Osmont dresse une liste (non exhaustive) d'émigrés ayant perdus la vie : lors de la traversée de la Manche, ceux qui se sont cachés dans les camions, dans les hangars, sur les autoroutes, et qui ont perdu la vie de façon trop tragique.
© Marion Osmont
Les clichés de Marion Osmont sont sans artifices et dépeignent de manière réelle la vie de ces migrants, leur quotidien. Ils essayent de se battre pour ne plus avoir a subir des trajets périlleux, ou ne pas être renvoyés dans leur pays (en se sachant condamné d'avance à cause de la violence des régimes politiques). Elle demande aux politiques une réflexion sur le droit d'asile en Europe.
© Marion Osmont
144 pages
16,5 x 24 cm
Images Plurielles
Décembre 2012
25€
Eloïse Rey