© Michael Guez
Photographe français né en 1974, Michaël Guez vit un véritable choc en 2004 : il part pour les Etats-Unis photographier les « blocks » new-yorkais, et en tombe instantanément amoureux. A partir de cette expérience et suite à l’exposition couronnée de succès qui en découle, Michaël Guez décide de partir à l’assaut d’autres régions qui l’intéressent. Ce sera tout d’abord Jérusalem, dont le livre 5768, terre d’origines magnifie la ville et non tous les conflits qui s’y trouvent, puis Tokyo en avril 2009.
Alors que 2012 est l’année du Japon en France, Michaël Guez en profite pour sortir un ouvrage consacré exclusivement à la capitale nipponne : Tokyo, paru en octobre aux éditions Omri Ezrati. Son but ? Montrer « (son) regard sur cette ville hors norme, unique au monde, et la force des extrêmes qui cohabitent à merveille ».
© Michaël Guez
© Michaël Guez
Dans l’imaginaire occidental, Tokyo est une ville cosmopolite, où une culture d’entreprise bien rangée est présente en parallèle d’univers plus extravagants comme ceux des mangas. Montrer cette ville, c’était donc assembler des photographies hétéroclites, ce que Michaël Guez n’a pas manqué de faire. Aux couleurs tapantes des enseignes publicitaires se mêlent des architectures originales où les japonais se pressent, qui contrastent quelques pages plus loin avec l’hospitalité et le calme des jardins où les tokyoïtes se reposent à l’ombre des cerisiers en fleurs. Cette diversité des clichés peut parfois dérouter le spectateur, qui a du mal à comprendre la véritable âme de la ville.
Pour Michaël Guez, l’important est de montrer Tokyo tel qu’il est, plein de contradictions, sans mettre l’accent sur une seule de ses composantes. Le spectateur de l’image est alors dans le même état d’esprit de désorientation qu’il pourrait l’être s’il était véritablement en voyage dans la ville.
Selon Michael Guez, on ne peut, et on ne doit, tricher avec la réalité. D’ailleurs, c’est pour cette raison qu’il utilise un Hasselblad : fidèle à l’argentique, il ne veut pas recadrer ses photos. Il laisse également les contours du négatif au moyen format pour accentuer cette idée d’immortalisation d’instantané de vie nipponne.
© Michaël Guez
© Michaël Guez
Pourtant, l’immobilité est bien ce qui caractérise le moins les japonais ! Michaël Guez tente de ce fait de montrer également le dynamisme qui régit cette ville, notamment par quelques floutages qui créent des effets de mouvement.
Pourtant, à l’image d’une photographie d’un travailleur japonais endormi dans le métro, l’ouvrage manque d’un brin de dynamisme et d’audace. Le format carré moyen apparaît presque trop policé pour montrer cette ville qui, comme l’affirme le photographe, est un « microcosme surréaliste fait d’extrêmes ». Certains clichés sont d’ailleurs en noir et blanc, ce qui est étrange au regard de la richesse de couleurs qui caractérise cette ville, son entrain et son extravagance.
© Michaël Guez
Michaël Guez a réalisé un travail remarquablement complet sur la ville, la montrant aussi bien de jour que de nuit, mettant en avant autant son centre que la périphérie, ses travailleurs que sa jeunesse. Si montrer la réalité était son ambition, l’ambivalence qui se dégage de l’ouvrage signe sa réussite, mais le manque de dynamisme prouve ses limites. De plus, ce Tokyo apparaît presque venu d’une autre époque : les clichés ont été immortalisés en 2009, avant le choc de Fukushima qui a changé cette ville et son état d’esprit.
Tokyo de Michael Guez
24 x 24 - 136 pages
Editions Omri Ezrati
35 euros
Claire Barbuti