
L'ouvrage « La Mer à travers la carte postale » expose un large choix de cartes postales anciennes, fruit du travail de plusieurs photographes du début du 20ème siècle. Dans ce livre, c'est Olivier de Kersauson, enfant de la mer, navigateur, chroniqueur et écrivain français qui s'est prêté au jeu du guide, et prend plaisir à commenter et expliquer chacune des cartes postales qu'il a sélectionné avec soin pendant prés d'un an.
Ce marin, passionné des grands espaces, aussi surnommé « l'Amiral », commente avec justesse et réalisme les scènes quotidiennes des marins, navigateurs et pêcheurs de l'époque. Ce travail si harassant, physique et bien des fois périlleux est montré par le biais de photos prises sur le vif, ou par une mise en scène orchestrée par le photographe.
Les techniques photographiques au début des années 1900 étaient bien différentes de celles de notre époque. Généralement, le fait de prendre une photo était un choix de la part de l'artiste de mettre en scène un fait spécifique, de décrire des situations et des scènes de travail du quotidien. C'était un acte moins spontané qu'aujourd'hui. C'est ainsi que ces clichés sont exposés clairement et commentés par un œil expert, passionné par le monde de la mer et de ses traditions alentours.
Différentes situations sont montrées à travers les cartes postales. Que ce soit des clichés pris de manière fortuite ou des mises en scènes, les photographes d'antan ont choisi de se positionner en sociologues et montrer le travail d'hommes, femmes et enfants afin d'immortaliser ces instants de travail qui étaient en fait le quotidien de ces familles, un réel engagement où chacun mettait la main à la patte. Ces scènes de départ de pêche en mer, parfois en pleine tempête, d'arrivée au port chargés de poissons après des jours voire des mois passés au milieu de nulle part, ces portraits de pêcheurs, le travail des femmes à la préparation des poissons sont autant de situations qui reflètent le bon déroulement de toute une activité et une économie.
Parallèlement se développe aussi le désir de connaître ces grands espaces maritimes, avec des balades et promenades en mer, mais aussi se mettent en place des sociétés de sauvetage en mer, car à cette époque tout comme aujourd'hui, les tempêtes et la forte houle faisaient de nombreux dégâts et de nombreuses victimes.
Olivier de Kersauson grâce à ses explications montre aussi des détails que l'oeil du lecteur aurait omis, ou mal compris. Ce livre montre des clichés réalistes qui nous rappellent aussi une époque ou abondait certaines espèces de poissons, où la restriction et les quotas n'existaient pas... On se replonge dans une époque où les méthodes de travail étaient bien différentes, où la bénédiction des bateaux et de la mer était coutumière pour épargner aux pêcheurs et navigateurs les tempêtes et autres intempéries qui leur coutaient parfois la vie. On remarque que dans chaque ville présentée dans les cartes postales, les gestes restent les mêmes à la réparation des filets et à l'organisation de la vie de ces espaces côtiers.
Bien que les méthodes de navigation aient évoluées, ces clichés nous rappellent le dur labeur du métier de marin, qui reste encore aujourd'hui un métier difficile, de part l'imprévisibilité et les caprices de la mer.
« La Mer à travers la carte postale ancienne », commenté par Olivier de Kersauson
2012, Editions Hervé Chopin
92 pages - 25x32,5
28,90 €
Eloïse Rey