
Inclose © Salah
Inclose est le premier ouvrage de Salah. Photojournaliste indépendant, né en 1966, il s'éloigne en 2001 de sa carrière dans l'industrie informatique et Télécom, pour devenir photographe.
Son livre s'articule en trois chapitres, trois destinations, dans lesquelles il traite de l'enfermement. Un asile psychiatrique de Madagascar, un camp Rom en Bulgarie, et une république fantôme, le Karabakh, enclavée dans l'Azerbaidjan, sont trois angles qu'a choisi le photographe pour expliciter son sujet.
Un thème difficile, tant il est empli de solitude, de nostalgie et d'abandon. C'est ainsi ce qui se dégage de ces images en noir et blanc, dont l'absence de couleurs rappelle l'absence de vie de ces êtres déboussolés.
Shoushi dans le brouillard, Inclose © Salah
Le mur entourant Nadezhda, Inclose © Salah
Trois chapitres durs, mais dont l'intensité frappe dès les premières secondes. Le lecteur est immédiatement plongé dans l'univers oppressant de ces êtres touchants. Le chapitre central du livre, intitulé « Les fous d'Antoby », rassemble des clichés pris à Tulear, Madagascar. Sans doute le passage le plus déroutant de l'ouvrage, le texte introductif de Salah l'est tout autant : « Je suis arrivé vers midi au centre d'éveil Toby Betela. La chaleur était écrasante, le sol blanc réfléchissait la lumière avec violence, la place du village était déserte. Passée la porte du premier bâtiment, je me suis retrouvé au milieu d'une grande pièce. Un immense silence régnait. A même le sol, des patients avec des chaînes aux pieds, le regard parfois vide. Malgré la chaleur, une femme était enroulée dans une couverture. Un patient jouait avec un ballon de foot confectionné avec les lambeaux de son drap.
Certains m'ont regardé interloqués, d'autres m'ont ignoré.
Je m'appliquai à prendre chaque photo en étant proche, le plus possible, en faisant le moins de bruit possible comme si le silence était synonyme de recueillement, comme si tout le monde était encore là.
J'attendais une réaction. Rien ne se passa.»
Fin de la séance d'exorcisme et bénédiction dans le bâtiment des plus atteints, Inclose © Salah
Nouvellement arrivée au centre, cette femme n'avait de cesse d'enlever ses chaînes au point de se blesser les chevilles. Elle réussira à s'enfuir la nuit suivante...Inclose © Salah
Ainsi, ce chapitre n'est pas sans rappeler le travail de Robin Hammond exposé cette année au 24e Visa pour l'image sur le traitement de la santé mentale dans les pays africains en conflit. Pourtant, les deux photographes se différencient l'un de l'autre : Salah traite de l'idée d'enfermement, et élargi son terrain d'investigation au monde entier, tandis que Robin Hammond, quant à lui, décrit avec force la situation de ces pays africains, et du traitement de la santé mentale.
Une chose est sûre, pour un premier ouvrage, Salah frappe fort. Son livre mérite de s'y intéresser de près, et c'est non sans impatience que nous découvrirons son prochain travail.
Une famille du quartier des « Nus ». S'entassant à neuf dans une pièce, les « Nus » survivent par -15 °C avec pour seules fenêtres des bâches en plastique, Inclose © Salah
Sur la ligne de contact entre armées karabatsis et azéris. Chaque année, des accrochages entre les deux armées font des victimes de part et d'autre, Inclose © Salah
Inclose, Salah
132 pages, 22X22 cm
Edition 400ASA
En vente sur www.400asa.net, sur amazon.fr et sur decitre.fr
34,90 euros
Claire Mayer