City Diary 1 2 3, Anders Petersen, éd. Steidl 35€
De ce photographe suédois, nous connaissions le livre culte Café Lehmitz, paru en 1978, chronique d'un café populaire de Hambourg dans la fin des années 1960, un travail magistral d'empathie avec le genre humain.
City Diary est un livre qui se présente en 3 cahiers de 64 pages un peu à la manière de fanzines et de livres auto-édités avec ce côté « en vrac » et qui retrace les voyages et séjours de Petersen dans différentes villes d'Europe au cours de ces dix dernières années. Les trois fascicules sont présentés dans une enveloppe grise.
Il y a toujours ce même amour des gens et de la vie même si celle-ci n'a pas que des bons côtés. Il y a donc forcément du « trash » mais transcendé par le contraste des noirs et blancs et paradoxalement par une certaine pureté et par le goût des autres. Petersen photographie avec un petit Contax qui lui permet d'être plus facilement accepté par les personnes qu'il portraiture. On sent qu'il communique véritablement avec ces sujets.
Belle qualité d'impression, beau papier, des livres qui sentent l'encre noire et qui sont de véritables objets qu'on peut manipuler dans n'importe quel ordre. Des livres à collectionner en attendant de prochains fascicules et le prochain opus sur le quartier de Soho à Londres (édité par Mack). Excellent rapport qualité-prix.
Lick Creek Line, Ron Jude, éd. Mack 48 €
Voici un livre qui nous parle du rapport de l'homme à la nature. Le photographe suit un trappeur de l'Idaho (à l'Ouest des États-Unis) qui pose et vérifie ses pièges et appâts pour attraper les martres pour leur fourrure. Le livre n'est pas purement documentaire : il se base sur la réalité mais il y a une autre dimension plus poétique. Il est construit à la fois comme un jeu entre prose et poésie et entre fiction et non-fiction, comme Ron Jude aime à le souligner.
C'est un livre qui ne se feuillette pas de manière aléatoire, il y a un sens de lecture sans qu'il y ait de véritable narration. O n se laisse emporter par la beauté des paysages, le côté sauvage de cette nature hivernale, par le rythme donné par la façon dont les images se répondent, images d'extérieurs et d'intérieurs, contraste de la nature et des centres de vacances, distance vis à vis du trappeur qu'on entraperçoit plus qu'on ne voit et pourtant Ron Jude réussit à nous faire entrer dans le quotidien de ce personnage. Comme toujours chez Mack, grand soin apporté à l'impression. Un fascicule « No such place » écrit par Nicolas Muellner (en anglais) vient compléter l'ouvrage.