© Yannick Vigouroux - Lisbonne, septembre 1998. série Littoralités (box 6x9cm)
Galerie le Lieu, Maison de la mer Galerie Le Lieu Hôtel Gabriel - Aile Est Enclos du Port 56100 Lorient France
Les Pratiques archaïsantes dans la photographie contemporaine, du sténopé au téléphone mobile.
Les techniques employées relèvent de la Foto Povera :
- Les sténopés, les photomatons
- Les appareils rudimentaires en plastique, jetables...
- Les techniques d’enregistrement du réel ne relevant pas d’un appareil photo (téléphone portable, webcam, photocopie), scanner…
Qu'est-ce qu'une pratique « pauvre en photographie » ? Qu'est-ce que la FOTO POVERA » ?... J'ai écrit en 2005 avec Jean-Marie Baldner un livre intitulé Les pratiques pauvres, du sténopé au téléphone mobile. Simultanément, j'ai créé un collectif d'artistes, FOTO POVERA, dont la sixième exposition eu lieu à la Médiathèque Florian de Rambouillet du 6 novembre au 1er décembre 2010.
© Catherine Merdy
C'est un collectif très informel, dont le blog constitue la plate-forme d'expression, un espace d'échange entre les artistes. Les expositions du collectif ne sont sont pas des expositions « clefs en mains » au contenu figé. Au contraire, les participants, leur nombre, ainsi que les œuvres, changent à chaque étape. (...)
Cette dimension collaborative, et la remise en question de la notion égotiste d'auteur, dans des sociétés contemporaines, occidentales, comme la nôtre, est éminemment politique. L'individu est survalorisé et en même temps dénié pour des raisons cyniquement mercantiles. (...)
© Driss Aroussi
Les photos prises avec des appareils jetables panoramiques par Bernard Plossu dans les années 1980, en plastique, relèvent d'une esthétique proche. A propos de ses images, Serge Tisseron a parlé d'« images sensations », le contraire de l' « image sensationnelle ». Ses photos reflètent en effet de fortes affinités avec un certain cinéma expérimental ou la Nouvelle Vague dans la fluidité de ses cadrages, la façon de déclencher si instinctive, comme certains réalisateurs se sont mis à filmer caméra sur l'épaule en mouvement, et comme Robert Frank a pu le faire dans les rues de New-York.
© Sandrine Derym
Dès le milieu des années 2000, de nouvelles pratiques, hybrides ou non, ont émergé : photos au téléphone mobile et sténopés revendiquant une économie et pauvreté paradoxales, ou dégradation, du signal électronique. En même temps, des pratiques argentiques alternatives interrogeant le médium dans ses marges, malmenant ou transgressant nombre de codes iconiques, ont connus un fort regain d'intérêt, alors qu'elles semblaient il y a peu, ne relever, pour beaucoup, que d'une crispation passéiste, d'un esthétisme néo-pictorialiste...
© Pierryl Peytavi
Employer des appareils amateurs en plastique, les transformer si l'on a envie, fabriquer un sténopé avec une boîte en métal à thé ou café, une canette de bière, c'est élaborer sa propre machine de vision. Casser l'optique d'un compact numérique pour la remplacer par un capuchon en plastique percé d'un trou, comme je l'ai fait en 2007, c'est faire violence, symboliquement et littéralement, à la doxa de la perfection technique.
© Rémy Weité
Ce sont les enjeux majeurs de telle pratiques : montrer que le monde peut être perçu et surtout construit autrement, recréé subjectivement, qu'il est possible sinon urgent et nécessaire d'échapper aux rectangles normatifs des télévisions, des écrans d'ordinateur, et des téléphones mobiles. Que l'on peut échapper au diktat des marques, au « prêt à penser » et « prêt à regarder » de la société de consommation.
Yannick Vigouroux
Vignette : © Yannick Vigouroux - Lisbonne, septembre 1998. série Littoralités (box 6x9cm)