Démesurée, déshumanisée, insaisissables... Les photographies d'Andréas Gursky interpellent, voire dérangent le spectateur.
Loin du regard humaniste, Andréas Gursky se joue de la mondialisation, de la foule et de la multiplicité des tâches auxquelles les hommes sont condamnés.
Dans ses images, l'Humanité toute entière disparaît et laisse place à de simples silhouettes, devenues « formes » pour la construction de l'image.
Le travail de Gursky quitte les rapports d'échelle habituelle : plans larges et une très grande profondeur de champ, éliminent toute ressemblance avec la vision humaine et la représentation habituelle. De manière graphique, quasi architectural, les corps dressent les lignes de l'image sans aucune considération pour l'individu. Tout comme la taille gigantesque des images et le choix du travail en grand format, qui ne laissent aucune place au détail, à un sujet en particulier, mais vient refléter cette immensité dans lequel l'humain est aujourd'hui, la mondialisation.
© Andreas Gursky, Nha Trang, 2004
Gursky livre à travers ces immenses motifs répétitifs, une vue « en pause » de la vie en générale, où le spectateur se retrouve inclut directement dans ces photographies.
Le goût pour la répétition, la multiplicité des motifs reflète le monde et son infinité, sans cesse insaisissable, et sans cesse en mouvement.
Gursky, lui, l'arrête. Il le vole un instant pour que le spectateur se le représente, sans pouvoir se l'approprier.
© Andreas Gursky, Hamm, Bergwerk Ost, 2008
Andreas Gursky est né à Leipzig en 1955. Il a été l'élève à Düsseldorf du couple Bernd et Hilla Becher, photographes classiques de l'Allemagne postindustrielle.
Il se fait connaître par ses images réalisées à la chambre photographique en très grands formats d'une grande définition. Les images sont ensuite retravaillées en numérique.
Ses photographies sont parmi les plus chères au monde : Rhein II (1999) a atteint 4,3 millions de dollars (3,1 millions d'euros) lors d'une vente aux enchères chez Christie's à New York en novembre 2011.
At Louisiana, Andreas gursky
Préface de Frederik Stjernfelt et Poul Erik Tøjner
Hatje Cantz, parution janvier 2012
49 euros
Vignette et photos : Andreas Gursky